lundi 18 décembre 2006

Métamorphose d'une taupe

L'année arrive à son terme. Les électifs remplacent le paysage des amphis et parsèment de trous béants nos emplois du temps

Le stage se fait sentir, point de départ qui nous mène vers de nouvelles péripéties en Terra Incognita, ou bien des enseignements un brin moins exotiques assaisonnés de pluies régulières.

Mais le charme de la rentrée subsiste dans l'arrivée de la jeune promotion composée de taupines et taupins complètement déboussolés par le paysage riche en végétaux de notre campus de 15 hectares. Et le voyage ne fait que commencer pour elle...

Pour certains rezards, l'attribution de la chambre va se révéler un véritable défi. Nous les verrons se traîner, leur encombrant fardeau à leur côté, du local du BDE à la résidence, au BDE, à la résidence,.. les plus méritants effectueront une excursion à l'administration, toujours accompagnés de leur barda, afin de parfaire leur dossier d'inscription nécessaire à l'entrée dans leur chambre.

Installés, ils marineront un week-end entier devant leur bureau avant de monter une expédition extraordinaire vers le IKEA le plus proche. 45 minutes de tram plus tard, ils se fourniront en ustensiles divers allant de la cuillère au fauteuil de bureau en passant par le rayon éclairage.

Puis, à leur aise, ils viendront découvrir L'Amphi, le premier dans leur vie d'étudiant. Ce mode d'enseignement propre à l'université auquel ils ont pu échapper quelques années. Alors auront lieu, les présentations de l'école, des enseignements, de l'administration.

Imaginez leurs têtes face aux premières heures de prérequis, face à des professeurs qui leur annonceront une pause de vingt minutes entre deux Modules. Devinez leur incompréhension en la voyant s'étirer à la demi-heure. Discernez leur regard à l'évocation d'un DS final dont la note ne comptera pas. Mais bien sûr qu'ils viennent d'un autre monde !! Celui de la rigueur, celui de l'élève qui n'a pas le temps de souligner les titres ! Et ces prémices d'enseignements s'apparenteront à un choc des cultures, où « l'à-peu-près » prendra toute sa consistance !

Vite partis en Week-End d'intégration, vite revenus ! Ils prendront conscience un à un que l'univers qui les entoure sera amené à changer irrémédiablement. Les voici bientôt plongés dans un pays où tout leur sera permis pour se démarquer, se distinguer, assouvir leurs envies. Là où ils ont des surnoms, des comportements pré-établis, des fonctions parmi un groupe, ici ils les balayeront, ils s'en grandiront, ils s'en inventeront

Puis les rumeurs de prépa se révéleront vraies. Ils n'auront plus de DM ni de cours à apprendre; les colles auront disparu. Ils s'inscriront alors à tout va dans les associations afin de profiter du maximum de leur nouveau temps libre, iront en cours le matin, se prélasseront l'après-midi. Ainsi se dérouleront les trois premiers mois. Qui, en octobre, continuera à prendre des notes durant les amphis ? Et pourtant combien en auront pris lors du premier cours de l'année !

Chacun mènera alors une vie nouvelle, désorienté ou épanoui, inquiet ou heureux. Certains seront préoccupés par la qualité des enseignements ou ce qu'ils appelleront « le manque d'enseignements ». Ce vide les rendra mal à l'aise ! D'autres apprendront à profiter des soirées, puis des journées, car finalement, ils auront dors et déjà leur diplôme en mains !

Le cataclysme se produira à la veille du premier DS. Tous devront en un temps record se réadapter pour devenir à nouveau opérationnel en quelques heures. Le temps de la prépa sera loin derrière, mais il en restera des bribes qui se recolleront rapidement. Chacun développera sa méthode de prédilection, mais un bon nombre enfournera plusieurs ramettes dans le ventre de la sainte photocopieuse.

Puis, passé Noël, les matières s'enchaîneront au mois de janvier. Plusieurs se surprendront de ne plus se souvenir de notions fondamentales, mais la majorité crée la norme et la norme sera à l'oubli.

Autre fait remarquable, les soldes d'hivers leur permettront de se dévêtir de leur garde-robe sombre. Sera venu le temps des couleurs, de la diversité et de la séduction.

L'école deviendra le lieu où les élèves se débarrasseront des enseignements les uns après les autres. Car ici plus de concours, inutile de se remémorer tout le savoir jusqu'à la remise du diplôme. Le principe sera d'émarger la fiche de présence lors du contrôle continu.

Les TA et DS s'accumuleront sur quelques jours. Les anciens taupins optimiseront leur rendement et s'organiseront en groupe afin de parer au plus pressé. Ce qui leur prend une semaine à résoudre à l'heure actuelle sera rédigé en moins d'un soir. Quelle performance !

En guise d'interlude, une question : n'est-ce pas triste de pouvoir prédire les comportements des 5 prochaines promotions ? Car il en est ainsi depuis plus de 4 ans sans qu'aucun changement majeur ne bouleverse le cycle.
Cette plage où à lieu le WEI ne vous parle pas ? Ce TP vous paraît absurde ? Vous pensez avoir une idée révolutionnaire ? Parlez-en donc aux promotions diplômées. Elles ont le don de vous déprimer par leur vécu.

Quelques uns trouvent cela tellement agaçant qu'ils se sont mis en tête de mener à terme leurs idées révolutionnaires. Mais au final, ils ne font que marcher sur les pas des années passées, car chaque promotion a son lot d'excentricité, de conformité, de marginalité, de normalité. Ils se heurtent aux obstacles immuables d'année en année auxquels se sont épuisés leurs prédécesseurs.

Alors à quoi bon ! Autant suivre le troupeau, qu'il quitte Nantes ou qu'il y reste, qu'est-ce que ça change ? C'est devenu une routine pour tous ! L'administration, les élèves, les enseignants ! Autant suivre la courbe du moindre effort, ne s'investir qu'au minimum dans chaque matière pour éblouir de clarté ce qui reste dans l'ombre des couloirs, à savoir « un ingénieur-généraliste c'est quelqu'un qui n'y connaît rien dans beaucoup de domaines » !

dimanche 17 décembre 2006

Analyse Systémique d'un Tonus

Prenons un Tonus Open Bar, qui se déroulerait poétiquement sur les berges de la Loire, disons, au Calysto. Décomposons la soirée en phases.

1) Il y a tout d'abord l'instant pré-ventes avec les « Tu y vas ? Je sais pas si j'y vais, moi ? Tu crois que j'y vais ? ». Bien sûr tout obstacle a sa parade « Tiens, je t'ai pris une entrée pour ce soir ! ». Mais toute parade a aussi sa contre-attaque « Oh la la, j'ai pris une place, mais je peux vraiment pas venir ! Tu veux pas me l'acheter toi ? On m'a dit que ça allait être super ! ».

2) Vient ensuite l'heure de la préchauffe. Le but, vider en un minimum de temps le carton qui traîne au coin de la table. Ah oui, mais on a dit que c'était un Open Bar... alors pas la peine ! Si... on va quand même prendre ses précautions. On ne s'arrêtera qu'après la deuxième visite des toilettes.

3) Oulala, c'est l'heure. Enfin c'est l'heure officiel du début de soirée, nous avons donc une bonne heure encore pour déambuler dans l'agglomération nantaise !

Le gros problème du Calysto c'est que c'est loin, très loin. Et si on veut faire le malin en débarquant en voiture, il faut venir très tôt pour trouver une place ! Ce qui laisse le temps au final de visiter le quartier chic des quais sordides avant de pouvoir se faire submerger par l'ambiance endiablée de la boîte de nuit. Autant venir à pieds, en plus on pourra raccompagner Sam qui a envie de se lâcher ce soir !
Le temps d'une petite pensée pour là-haut dans l'espoir de ne pas se faire pisser dessus durant le trajet, et nous sommes partis pour un marathon nocturne. S'agirait de ne pas louper le tram. Dès la nuit tombée, ces bêtes-là deviennent aussi rares que l'eau les soirs de fête !

Zut, nous arrivons trop tôt ! Cela ne fait qu'une heure depuis l'ouverture. Le DJ se fait plaisir ! On ne va pas lui en vouloir, il n'a pas grande chance de faire fuir les clients : il n'y a que nous dans la salle ! Nous prenons notre mal en patience accoudés à une table.
Quelques instants plus tard, la salle se remplit de monde, certains occupent le podium. Chacun voit son espace de danse se réduire considérablement à la course de la grande aiguille. C'est sympa, on se sent au chaud. En fait ça rappelle un peu les métros parisiens vers les 18 heures. Espérons que le cheminot ne s'amuse pas à freiner brutalement !

Ah tiens, on respire mieux tout d'un coup ! Nous sentons un flux de personnes se diriger avidement vers le comptoir. Nous essayons de résister au courant, décidant d'aller jeter un coup de langue aux boissons après le passage de la plèbe. Autant profiter de l'espace pour mouvoir un peu nos membres jusqu'ici en position « long-du-corps » !
Attention, retour de marée ! Un nouveau flux en sens inverse nous submerge. La populace a fini de boire. Allons voir le bar. Un verre, deux verres... Bon c'est pas tout ça, mais une petite pause serait la bienvenue !
Les pauses, c'est sympa, ça permet de voir toutes les personnes une à une. Certains se tortillent sur leur siège à l'écoute de la musique ! D'autres sont massés en groupe formant des cercles, gare à celui qui ose y pénétrer ! D'autres encore tentent des chorégraphies incongrues, parfois involontaires ! Heureusement qu'il y a des stroboscopes, parce que quel immobilisme vu de l'extérieur ! Vive les farandoles !!
Allez, on y retourne, en plus le DJ s'est décidé à changer de style ! Difficile de se frayer une place parmi la foule, et puis ça pousse, ça remue ! Je me retourne instinctivement pour confondre le coupable. Horreur ! Le type est blême, les yeux ailleurs, une mine de déterré ! Un cadavre... Son pote pareil d'ailleurs ! Un rapide scan de la foule m'oblige à admettre la vérité ! Nous dansons dans un cimetière.

Déjà le sol devient humide. Pour info, l'épaisseur de la couche liquide est un excellent indicateur pour connaître l'instant opportun de notre départ. Dès que les chaussures subissent un bain nettoyant intensif à chaque pas de danse, quittons la boîte ! Un autre indicateur est le nombre de mecs par nanas sur la piste de danse. Croissant au fil de la soirée, le rapport 6 pour une est le seuil critique ! Dépassé ce point, la soirée n'est plus tellement intéressante, et les bons souvenirs risquent d'en être altérés.
Nous quittons donc ce hammam dont les volutes de fumée remplacent la vapeur d'eau. Le souvenir d'une marche sans fin refait soudain surface... à cette heure, plus de tram, le parcours s'étire inexorablement ! On parle de tout et de rien, de la soirée, des anecdotes, d'un annuaire à pourrir, de la prévision des effectifs en TD qu'il y aura dans quelques heures. Cela fait l'effet d'un bon film dont nous critiquons les acteurs pour leur sans gêne ou leur retenu ! Le long des rails, les plus frais d'entre nous impose le rythme, d'autre plus amochés gardent le silence rattrapant constamment leur retard.

Une bonne soirée qui restera dans nos bouches quelques jours pour écouler des modules interminables.