lundi 22 décembre 2008

RU comme Diététique !

Je poursuis mon attente pas à pas en observant l’agitation des molécules devant moi. Certaines, face aux assiettes, décident de remonter le flux « Finalement, je vais me contenter d’une entrée ! » D’autres ont développé un truc : elles se frayent un chemin jusqu’aux viandes « Pardon, je ne prends pas d’entrée… Pardon, je ne prends pas de dessert… » Puis, une fois servies, elles font marche arrière « Pardon, je prends juste une entrée… Pardon, je prends juste un dessert… »
Deux choix à la carte : brochette de poisson aux épinards ou pizza patates ! La pomme de terre est la signature de l’établissement. Chaque jour, on est sûr d’en manger à la vapeur, sautées ou en purée ! Les épinards à l’eau me font l’effet d’algues qui marinent dans leur plat inoxydable. Je prends les patates et choisis la caisse la moins encombrée où je me jette sur un pain. La croute craque sans s’effriter entre mes doigts... ce sera un bon repas ! Devant moi, un abruti sort sa carte et un billet. Maudis sois-tu !

Le plateau dans les mains, je cherche une bonne place chaude et salée !
Les fenêtres de la salle sont malheureusement toutes bloquées dans leur position désenfumage. Malgré la présence de radiateurs près des murs, les tablées centrales sont prises d’assaut.
Autant que la chaleur, le sel se fait rare. Utilisé pour rendre comestible les repas étudiants, il traine habituellement en tube sur les tables avec son cousin le poivre. Mais depuis peu, la population blanche diminue ! C’est vrai que les plats ne sont pas succulents, mais de là à vider toutes les salières, c’est inquiétant !

dimanche 21 décembre 2008

Mmh, c'est BON pour le moral !

Que la fête commence ! Les portes de l’entrée passées, je me heurte à une file indienne. La salle propose les ustensiles nécessaires au cérémonial. A droite, trois navarros attendent impatiemment les instructions de la borne automatique pour provisionner leur carte. En sortant des rangs ils font une erreur stratégique : la caisse accepte tous les moyens de paiement. Autant recharger son compte et régler son plateau en une opération sans risquer de perdre sa place ! Ca prend du temps ? Ca embête les suivants ? Et alors ! Ca animera les conversations mornes !
Je participe à la mascarade pour récupérer un plateau… puis une fourchette… hop, un couteau… POUAH c’est dégueulasse, c’est poisseux ! « Mais non, c’est propre. Midi c’est le rush et ils n’ont pas le temps de les essuyer ! »… hop, une cuillère… ah ben elles sont où les cuillères ? « Midi c’est le rush et… » C’est bon, j’ai compris ! J’espère que ce n’est pas de la crème anglaise au dessert !

« Mais tu fais quoi ? » Je détors mon épouvantail… voilà, encore un peu le manche… ahh, regarde un peu l’angle d’attaque, la courbure des dents… Maintenant que j’ai une fourchette, qu’est-ce qu’on mange ?

Le RU réveille les stratèges en chaque étudiant. Certains font des calculs. A la façon d’un restaurant d’entreprise, chaque aliment a son prix. Mais ils existent des formules Midi pour un cout moindre. « Regarde, j’ai une entrée, un plat, un fromage et un dessert pour 3€ ! » Oui, mais carottes et compote tous les jours, je sature ! Moi je préfère un dessert digne de ce nom ! Avec ça et un pain, advienne que pourra du plat principal !

Peu à peu, les étudiants débarquent dans la « salle aux saveurs ». C’est un rond point qui propose entrées, soupes et fruits. Il débouche sur un long couloir où se côtoient desserts, fromages et entrées consistantes. Les plats chauds et quelques friandises en distributeurs se trouvent à l’extrémité, en regard des caisses. Et partout des gens !
Dans cette masse, le chemin le plus court n’est pas forcement le plus rapide. Tel l’air qui accélère sur le plus long profil d’une aile d’avion, je parcoure la totalité du rond-point et arrive devant le sucré en un rien de temps ! Les desserts, c’est le summum du repas. Je les regarde tous, un par un, monopolisant le stand. Je les compare à la vue. Je guette un nouvel arrivage en temporisant la foule qui me presse. Aujourd’hui ce sera la tarte tatin… oh non, elle est maigrichonne, je vais plutôt prendre celle au citron à côté de la mousse au chocolat. Je la pose au centre du plateau délicatement, et, après un dernier coup d’œil fier, je suis prêt à passer au plat !

samedi 20 décembre 2008

On se les gèle !

Il est midi. Je suis en retard, il va y avoir du monde ! Je n’ai pas le choix. Je me suis préparé : manteau boutonné, écharpe nouée, mains empochées. Pourtant la porte s’ouvre et le vent froid du plateau boisé s’engouffre et me glace le corps entier ! Allez, 500 mètres dans cette atmosphère humide et gelée ce n’est pas la mort ! Je le fais tous les jours !
Comme je commence à esquiver les premières marres boueuses, ma tête s’enfonce dans mon col, mes yeux se plissent, mes jouent me brûlent. Devant moi, tels des pingouins qui cherchent la chaleur, les gens se groupent en masse sombre des habits à la mode. Je les vois, de dos, se recroqueviller à mesure qu’ils s’avancent dans les herbes détrempées. Les immenses arbres n’entonnent plus de mélodie printanière. La faune a disparu.
La troupe qui me devance rejoint déjà le sentier bitumineux. Bientôt je dois choisir. La K’fet ponctue la mi-parcours. Les images de sandwichs, de paninis et de pizzas arrosées de Coca et d’Ice-Tea émergent… je m’arrête ? Ma moitié mouton ne m’en laisse pas le temps, l’intersection sort de mon champ de vision.
Contourner le bâtiment aux façades vitrées. A l’intérieur, des tablées d’étudiants qui mangent. Le panneau d’affichage. Bientôt l’entrée, et de nouveau la chaleur.

Rhaaa, c’est pas vrai ! Mais tu vas le raccrocher ton téléphone ! Tu vois pas que tu emmerdes le monde à rester dans l’entrée. On n’est pas venu en procession jusque là pour voir ton dernier ensemble jupe-jean-chaperon ! Allez avance, on a froid ! Tu rentres ? tu sors ?! Bon, moi je passe… « PAR----don ! » Ah zut j’y vois plus rien, saloperie de buée ! Et l’autre qui me disait que ca faisait classe de porter des lunettes !

vendredi 19 décembre 2008

Intermède

« Ce qui est essentiel, c’est qu’un enfant dans une classe, n’importe lequel, se sente aimé et considéré, qu’il sente que le maître ou la maîtresse ne le prend ni pour un numéro ni pour un polichinelle, et que tout ce qu’on lui demande, c’est pour son bien. A partir de là bien des choses peuvent se passer, mais il faut de l’amour pour y parvenir. Sans amour il vaut mieux ne pas enseigner, il vaut mieux faire un autre métier. »

Emilie Carles in Une soupe aux herbes sauvages


A quoi sert de travailler si ce n'est que pour soi-même ?