dimanche 6 septembre 2009

News gabonaises !

Dans l'horizon vague de ma vie adolescente, une chose est certaine: ce n'est pas demain que je verrai le soleil équatorial !

Ce jeudi 3 septembre, les résultats de l'élection présidentielle gabonaise du 30 août viennent d'être approuvés par la Commission Électorale Nationale Autonome et Permanente (la CENAP). A cet instant, les frontières closes pour l'évènement ont pu être réouvertes. Le Gabon refait surface dans l'économie internationale.

Cependant, l'Opposition au Parti Démocrate Gabonais (le PDG) continue de secouer le pays en son centre économique, Port Gentil. Pour assurer leur sécurité, les entreprises françaises ont migré leurs ressources humaines port gentillaises vers Libreville par bateau.
En comparaison, nous sommes aux élections présidentielles de 2002 (vous savez... Le Pen au deuxième tour). On a envie de tout casser, de brailler, de se faire entendre. Et d'autres profitent de notre engouement à la cause pour piller et brûler. Bref, tout cet amalgame c'est la faute de la France, alors "Les Blancs, on va les tuer!", "On en a marre de ces Français, il faut les chasser, les tuer!" (Le Parisien du 3/09). Je vous laisse deviner ce qui incarne le mieux la France après son Consulat incendié de Port Gentil ! C'est ?... c'est ?... c'est TOTAL ! J'ai vraiment pas eu le flair pour mon premier contrat !

Pourtant ces mouvements de foules paraissent faire partie de l'histoire gabonaise. Voici revenu 1990 et la mise en place du multipartisme politique. Clairvoyante, l'ambassade des Etats-Unis a posté une Alerte Voyage sur son site le 28 août. Elle estime le retour à l'ordre à la mi-septembre. D'ici là, Voyageurs, évitez les trajets vers le pays.

Miné par l'actualité, j'ai trouvé la parade pour mon réconfort. Non, ce n'est pas un gilet pare-balles ! Je dévore un par un tous les commentaires en fin d'articles ! Là se retrouvent toutes mes stars ! Le révolutionnaire buté, la jeune adolescente aux causes justes, le politologue démagogue... Le premier poste. Aussitôt soutenu par la deuxième et alpaguer par le troisième. Et ça se répond ! Un vrai bonheur théâtral !

Dans les mêmes tons de l'élection présidentielle démarre la saison footbalistique gabonaise ! Sous la présence du nouveau Président (pour l'anecdote, Ali Ben Bongo Ondimba est né Alain Bernard Bongo avant sa conversion à l'Islam dans un pays à 90% chrétien), le Cameroun s'impose 2-0 contre le Gabon ! Espoir... les éliminatoires de la coupe du monde ne sont pas terminés, dans l'attente du match retour !

mercredi 2 septembre 2009

C'est quoi ton métier ?

Je suis acheteur ! Et ça achète quoi un acheteur dans une entreprise, des crayons ? Pour répondre implacablement à cette question aussi redondante qu'agaçante, j'ai besoin de votre voisin Robert ! Robert est très attaché à ses traditions, et l'une d'elle lui ordonne chaque samedi de se rendre au marché de la bourgade voisine.

Imaginons un marché de fruits et légumes dans lequel Robert arpente les allées colorées de saveurs naturelles. Ce sera notre "marché de fournisseurs". Depuis le temps, Robert ne distingue plus que les emplacements de ses vendeurs préférés auquel il se rend machinalement. Car votre voisin sait où se cachent les meilleurs produits, ou les moins chers, ou les plus gros... selon la version de votre Robert ! Les autres étalages sont inexistants, les appels de leurs vendeurs gesticulants silencieux à ses oreilles.

Maintenant le décor planté, voici le pourquoi de l'avènement des acheteurs. Un beau samedi, Robert, comme à son habitude, sort son sac en osier et prend la direction du marché. Dépassant l'épicier ringard et le charcutier hors de prix sans un regard pour leurs victuailles, il s'apprête à bifurquer vers son marchant de banane. Soudain face à lui, l'emplacement est désert ! Pas un fruit ne réveille ses envies dinatoires ! L'absence de son vendeur lui saute à l'estomac. Levant le nez du stand, il découvre un nouveau monde; partout où se pose son regard, des bananes le narguent. Des grandes, des petites, des jaunes surtout... Toutes plus laides que ses habituels trésors hebdomadaires. Et puis, à quel vendeur se fier ? Le sien lui faisait des rabais au poids de ses caprices. A gauche, le prix est exorbitant, et à droite il est trop ridicule pour être crédible !

Pour éviter une nouvelle déconvenue, car bien sûr il s'est fait refiler des plantains un peu fades, Robert décide de faire appel à un acheteur. Il le charge de lui ramener chaque semaine la Quantité de banane de Qualité certifiée Robert au meilleur Prix ! Bien embêté, parce que d'esprit étroit le voisin est aussi pingre, l'acheteur commence par consulter les vendeurs de bananes les plus célèbres du marché et définit son "panel fournisseurs". Pour limiter le risque de ne pas revenir bananes en main, il décide de s'approvisionner systématiquement chez deux marchants de confiance. De plus, il s'oblige régulièrement à parcourir les stands pour se tenir au courant de la qualité et des prix pratiqués par la concurrence. Il saisit ainsi les opportunités pour rentrer dans son budget !

Mais où est passé le social du marché de campagne ? Attendez, ce n'est pas fini ! Content de ce fruit exquis, Robert suggère à sa lourde épouse de ne plus manger que des bananes. Espérant que ce régime amincisse enfin sa silhouette, il confie l'idée à son acheteur qui s'empresse d'enquêter sur le marché des fournisseurs. Malheureusement, les vendeurs ne se montrent pas intéressés par le volume d'une telle demande. Leurs camionnettes sont bien trop étroites pour contenir la marchandise du marché en plus de la gourmandise de M. Robert. Désappointé par le prix qu'ils annoncent alors, l'acheteur se tourne penaud vers ses deux marchands de toujours. Lesquels lui font une proposition. S'il les aide à développer leurs commerces en fournissant des transports plus conséquents, ils s'engagent en contrepartie à lui pratiquer des tarifs préférentiels. Une poignée de main au domicile de Robert conclut l'affaire !

Sympa les achats, non ?

lundi 31 août 2009

Qui a dit "République bananière" ?

En raison des élections présidentielles, l'édition de mon autorisation d'entrée sur le territoire gabonais prend un certain temps. Inquiet de mon proche avenir, je parcours quelques pages web pour me faire une idée de l'état politique du pays.

Commençons par le commencement. Le Gabon devient indépendant de la France en 1960. Dès lors, une République acclame son premier Président, Léon Mba. Malgré quelques éclats et un coup d'Etat stoppé par l'armée française, notre homme est réélu et perdure jusqu'à... son décès en 1967.
Seul candidat aux élections, Omar Bongo Ondimba lui succède. Jusqu'en 1990, il siège sur le trône à raison de 99,90% des voix. Le "Baobab gabonais", son surnom tient de sa longévité au pouvoir, accepte alors la restauration du multipartisme. Ce qui ne l'empêche pas d'être réélu jusqu'à ce que mort s'en suive en juin 2009.
Après 41 ans de règne, 23 candidats se présentent pour atteindre le pouvoir. Le favori est le fils Ali Bongo Ondimba, actuel Ministre de la Défense. Mais nous avons également le choix parmi le Premier Ministre, Casimir Oyé Mba, le Ministre des Transports, Paul Mba Abessole. Ou encore le Ministre d'Etat en charge de la refondation, Pierre Claver Maga Nga Moussavou. A la veille de l'élection de ce dimanche 30 août, 11 candidats se retirent pour renforcer les chances de l'opposition face au PDG (le Parti Démocratique Gabonais).
Aux dires des médias, l'élection à un tour a connu quelques désarrois. Plusieurs bureaux de votes ont pris du retard dans l'ouverture. L'opposition critique des mesures peu efficaces contre la fraude (cf Casimir Oyé Mba).

Même si chacun connait le vainqueur, le pays attend la fin du dépouillement ce lundi 31/8 pour annoncer le nouveau Président gabonais qui sera...

dimanche 30 août 2009

Je vous présente Gabon, un petit africain !

Chers lecteurs, je vous dois une brève présentation de mon pays d'accueil. Tout d'abord, le Gabon n'est pas situé au Maghreb. Il n'est pas limitrophe de la Syrie, et se trouve assez éloigné de l'Afrique du Sud !


Je vous livre un scoop: le Gabon est situé dans le Golfe de Guinée, pris entre le Cameroun et le Congo. Traversé par l'équateur, il y fait chaud et humide toute l'année. Le pied me direz-vous... mais c'est sans compter nos amis les moustiques et autres rampants, vecteurs d'infections plus ou moins dérangeantes !


Comparons cette terre africaine à notre mère patrie. Le Gabon est 3 fois plus petit que la France, mais sa population concentrée sur le littoral n'atteint qu'un million et demi d'individu. D'où le proverbe "dans la jungle, on est seul avec sa bite et son couteau !" Beaucoup de gabonais se nourrissent de manganèse, de fer, de bois et de pétrole.

Libreville, la Capitale, se situe dans l'Estuaire à l'embouchure du fleuve M'bé.
Port-Gentil, première ville économique, n'est accessible que par avion ou bateau sur le bord de mer de l'Ogooué-Maritime.

lundi 20 juillet 2009

Pourquoi pas le Gabon

Ça devait arriver ! Je suis en partance pour le Gabon.

Ça c'est passé tout bêtement, à la suite d'une multitude d'entretiens. Je miroitais un emploi bien français, rêvassant d'images paisibles et campagnardes. Ma langue a du fourcher sur une question clé. Peut-être celle qui me demande "envisagez-vous une carrière internationale ?" ou bien encore "un poste à La Défense vous conviendrait-il ?" J'ai alors eu plaisir à déblatérer toute mon envie d'échapper à la constante parisienne. Et, malgré le regard impassible de mes interrogateurs, mon instinct m'a poussé à étayer ma thèse.

J'ai l'instinct facile en ce moment ! C'est marrant tout ce qu'on peut lui faire faire ! Je prends deux pommes que je pose côte-à-côte. Si je descends du singe, je suis capable de choisir la meilleure nourriture sans compas ni calculette. Simplement par mes sens. Alors voyons... J'ai deux golden, toutes les deux bien mûres bien rondes. Identiques... Elles ne sentent pas grand chose ! Pourtant je dois bien pouvoir les distinguer ! Laquelle me fait le plus envie ? Ah ben celle de gauche ! Pourquoi ? Je ne sais pas, mais sûr que j'ai envie de la croquer et d'écraser sa pulpe entre mes dents pour sentir son arôme juteux et sucré ! Un autre exemple, je prends deux filles que je pose côte-à-côte...

Deux jours plus tard, je rappelais l'entreprise pour apprendre leur décision. Envisageant les réponses possibles, je m'attendais au booléen "Vous avez été retenu" ou "Vous avez retenu toute notre attention..." Mais j'ai toujours été très mauvais aux devinettes : le téléphone m'a répondu "Bravo, on vous propose un VIE !"

"Le poste débute en septembre. Il nous faut un mois et demi pour monter le dossier. On attend votre accord sous deux jours !" Soudain, je me surprends à jouer le rôle de Bruce Willis dans Une journée en Enfer ! Pff tu parles d'un choix "Monsieur, vous avez le droit à l'Afrique ou bien... rien !" Et que penser du statut VIE... un stage amélioré ? La rémunération est plus élevée, mais je ne fais toujours pas parti de l'entreprise. Bon, passons aux avantages... Ah bah indéniables, le Gabon !! C'est pas la cambrousse provençale, ça Monsieur ! Enfin, c'est peut-être pire ! Et qu'est-ce qu'il me dit mon instinct ? Je ne vais quand même pas renifler l'atlas pour me décider !

Après le Kazakhstan, l'aventurier débarque dans la fo'êt t'opical ! Ça sonne bien ! Et puis j'au'ais la me' à Port Gentil !

Adieu Vie étudiante !

CA Y EST ! Terminés les cours magistraux, finies les conférences. Au revoir les intervenants extérieurs. Mais surtout, adieu campus. Boueux l'hiver, "Attention Travaux" l'été, je n'aurais pas tellement profité des luxures de ta végétation jovasienne !

Qu'importe ! Vient maintenant le temps de la vie active. Celui autonome où l'on choisit une nouvelle Grande Ecole que les professionnels cravatés appellent l'entreprise et que la majorité ne quitte que pour la retraite. Mais que raconté-je ! Il y a bien davantage de choix. Passé l'entrée très scolaire, notre menu nous offre de nombreux plats. Comment vous voyez-vous dans 10 ans ? Avec un gros bout de consulting dans la bouche et une reconversion difficile à portée de fourchette !

Et si je prenais subtilement un échantillon de tous ces tapas, les goutais, les recrachais ou bien terminais l'assiette ! Puis-je vous servir une PME, Monsieur ? Ah non, je n'ai pas encore terminé d'astiquer mon CV. Et puis je suis jeune. A ce titre j'ai le droit absolu de revendiquer mon désir de parcourir le monde ! Très bien Monsieur, nous vous proposons alors les multinationales. Certaines sont assaisonnées à la fonction publique, mais toutes font preuve d'une grande mobilité géographique. Seulement... pour les déguster convenablement, ils vous faut des prérequis. Pourquoi ne pas commencer par un stage ?

Très simple... les stages j'ai donné. Leurs statuts je les connais par coeur. Payé un smic, le stagiaire est docile, intimidable et serviable à merci... sauf quand il comprend enfin qu'il n'est responsable de rien ! Alors il renait dans les activités nocturnes qu'il pratique en pleine semaine, se surprend à régler son réveil pour le quart d'heure suivant, et étonne les gentils collègues avec des "Ce matin, mon boss s'est pointé derrière moi. Mais je ne m'en suis rendu compte qu'à la fin de mon démineur !" Alors me proposerait-on un nouveau stage que je le jetterais dans le pot de fleur factice !

Serveur, apportez-moi un job s'il vous plait ! Désolé Monsieur, nous n'en n'avons plus cette année. Mon stagiaire n'a pas pu s'en procurer au marché de l'emploi.

Et bien, je vais le trouver tout seul ! Chéri, apporte-moi le modem. Sors les diplômes et les logos. Les poissons sont toujours impressionnés par ces sottises. Ah, et n'oublie pas l'annuaire de l'école, il est temps de changer de forfait SFR. Mais souris voyons, tu crois que les papillons s'attrapent en tirant la tronche d'un constipé. Oh, que je suis content de visiter votre entreprise ! Quelles beaux bureaux ! Très bon café merci ! Chttt, ne dites plus rien... je jurerais qu'un emploi nous espionne, là derrière cette photocopieuse. Attention, c'est vicieux ces bêtes là. On pense que c'est là, on regarde et pfuit disparu la bestiole. Fusion, réorganisation, faible productivité et c'est comme s'il n'y en avait jamais eu !