lundi 20 septembre 2010

Quartier Louis

Nous arrêtâmes le taxi au croisement de deux ruelles passantes. En lui payant la course, je l'imaginai économiser dans un pot de verre, pièce après pièce, les économies de toute une vie. Peut-être pourrait-il remplacer son pare-brise fissuré de toute part avant de le léguer à son aîné ? L'image était enfantine et totalement décalé du Gabon. Ce qu'il ferait avec ses trois mille ? Payer l'essence, éventuellement mettre un sous de côté pour sa licence annuelle... Puis, il irait à boire les trois quarts le soir même, tout en dégoulinant de moralité envers ces occidentaux qui décidément n'en finissaient pas de se faire arnaquer. "Oh, mais je ne les ai pas forcés ! Je dis le prix, il monte. C'est eux qu'il faut qu'ils connaissent les prix après. C'est le business, oh !"

Nous prîmes à gauche et bientôt le seuil de l'hôtel se dévoila sur le trottoir. Un portail, une petite cour, puis quelques marches pour pénétrer dans le bâtiment et accéder à la réception. Derrière le comptoir, qui servait également de bar, une jeune femme nous accueillit.
"Nous avons réservé une chambre pour ce soir, lui dis-je pour la mettre sur la piste de l'agenda." Je lui proposai mon nom qu'elle se mit à chercher dans le cahier. Les pages défilèrent. Elle n'en finissait pas de les tourner, et mon inquiétude de grandir.
"Il y a un problème, tentai-je tout en posant mon sac à dos ?
- Je ne vous trouve pas. Vous n'êtes pas dans le cahier."
Elle reprit une nouvelle fois l'agenda à son début, et les feuilles bruissèrent en se tournant.
"J'ai appelé il y a une semaine pour réserver la chambre. Ça vous aide ?
- Non, vous n'êtes pas marqué."
Jetant un oeil dehors, la nuit était tombée. L'asphalte s’éclairait aux lampadaires. La situation s'enlisant, je sentis qu'une quête aux hôtels allait s'avérer très prochainement nécessaire. Traînailler avec sacs et sans réels buts dans le quartier animé de Libreville ne m'emplissait pas spécialement de joie.
"Mais je vous l'ai confirmé mercredi ! Vous m'avez annoncé que j'étais marqué, que j'avais une chambre !" Disant cela, je jetai un regard inquiet sur Adrien. Cette foudre ne semblait pas s'abattre sur lui. Il m'avoua plus tard que son but avait été atteint. Atterri sur Libreville, plus rien n'avait vraiment d'importance excepté son vol de retour.
"Ce n'était pas moi, me rétorqua la réceptionniste sans lever les yeux de l'agenda qui en était à sa troisième revue !"
Face au problème persistant, ce qui semblait être la gérante, âgée et blanche, apparut pour contourner le comptoir et prendre le relais de la femme.
"Bonsoir Messieurs, vous désirez ?
- Nous avons réservé une chambre à mon nom la semaine dernière, lançai-je en étouffant le sentiment de redite."
Ce fut son tour d'attraper l'agenda et d'en parcourir chaque page. Mais bientôt :
"Ah, ca y est, je vous ai !
- Ah bon ! c'est réglé alors ? On a une chambre, demandai-je soulagé par cette preuve irréfutable de ma réservation ?
- Non, vous êtes sur le Post-It, mais pas sur le planning, dit-elle en comparant les deux documents.
- C'est grave ? Vous avez peut-être une autre chambre à nous louer ?
- Non, l'hôtel est complet ce soir !"
Là-dessus, Adrien intervint :
"Mais on a réservé ! Vous devez bien avoir une chambre, une salle...
- ...ou juste un canapé, renchéris-je en désignant le fauteuil qui languissait dans l'entrée !"
La gérante soupira, fit mine de passer en revue toutes les solutions. Elle lâcha cette dernière. "J'ai une chambre qui se libère à vingt heures."

L'horloge du bar nous laissait une bonne demi-heure. Nous confiâmes les sacs à la réception pour retrouver une posture humaine le long du chemin vers le restaurant. En fin de repas, les rues s'égayèrent. D'un côté montèrent les mélopées des jeunes filles à notre égard. Une s'invita carrément à notre marche. Seule à nos côtés, elle s'empressa de prévenir une connaissance qui stationnait plus loin sur la même rue. Deux garçons, deux filles, ça semblait la règle : nous n'attirâmes plus de nouvelle conquête ! Comme nous marchions, du trottoir d'en face nous parvinrent quelques voix masculines. "Sales colonialistes ! Vous venez nous prendre nos femmes !" Elles n'y prêtèrent absolument aucune oreille.
La conversation qu'elles engagèrent sonna faux. Comment ça va ? Vous faites quoi ? Vous allez où ? Vous aimez Libreville ? Vous nous offrez un verre ? Allez, pourquoi pas ! Ça pouvait me permettre de faire découvrir la bière locale à mon ami.
Vous avez des copines ? Vous aimez les filles... ?
Un verre plus tard, assis dans le canapé du bar-boite alors que nos deux convives se divertissaient sur la piste de danse, j'allai me souvenir de cette phrase qu'Adrien m'a confié.
"C'est le rêve : je suis pas arrivé depuis six heures que deux filles nous tombent dans les bras ! Mais, dis Vincent, on est devenu beaux, ou alors c'est des prosti-putes ? Faut qu'on paie ?
- Juste les consommations, le rassurai-je. Et effectivement, ici, tu es blanc !"
Alors que je le mettais en garde sur la capacité pot-de-colle de ces filles, nos deux joyeuses revinrent nous tenir compagnie pour un deuxième verre.
Vous voulez vous marriez plus tard ? Vous aimez les bébés ?
Les filles sur nos pas, nous décollâmes pour l'hôtel vers onze heures. Il s'agissait de ne pas louper le train du lendemain. Comme pour vérifier le principe énoncé, nous eûmes un mal fou à nous séparer d'elles. Il fallut céder un numéro de portable et beaucoup de promesses avant de les voir s'éloigner.

vendredi 17 septembre 2010

Le grand

L'avion atterrit. Déjà les premiers passagers descendaient l'escalier qui menait au tarmac. La file contourna l'appareil dont les hélices vrombissaient encore. Une centaine de mètres éclairée par les halogènes de l'aéroport Léon Mba nous séparait de la douane, deux policiers devant une porte vitrée du bâtiment à deux étages. Arrivés devant les uniformes, les uns présentèrent leur passeport, les autres leur carte de séjour. La porte ouvrait sur la salle aux bagages. Vingt mètres de tapis dans une salle d'attente de médecin. Pas de grand !
Alors que je scrutais les visages, ceux qui attendaient en avant de la salle retrouvèrent leur ami ou bien leur client pour les mener sereinement à l'hôtel. Bientôt ne restèrent que quelques passagers observant impatients le défilé des valises. Pas de grand !

Je franchis une seconde porte et me retrouva dans le hall. Mon air perdu attira immédiatement les vautours.
"Tu vas sur Paris ? C'est là-bas Paris ! Donne ton sac, Monsieur !" M'éloignant prestement d'eux, je décidai de récupérer Adrien. Les billets viendraient plus tard. Ce fut rapide. Levant la tête vers le Calao, je l’aperçus m'observant depuis la terrasse couverte. J'arrivai à sa hauteur par l'escalier. Il s'était tranquillement installé à une table depuis deux bonnes heures.
Sans qu'il eu tout à fait saisi les méandres de la situation, je l'invitai rapidement à chercher un grand noir parmi la foule amassée devant la porte d'arrivée des vols régionaux.
"Tu as un nom ?
- Nop !
- Il est habillé comment ?
- J'en sais rien ! Avec un tutu ptête, lançai-je à la fois amusé par ces questions du "Qui Est-ce ?" et désespéré de manquer notre homme !"
Après une nouvelle inspection minutieuse de la populace environnante, le constat était cinglant : pas de grand ! Je me blottis dans un coin du hall, à proximité des Arrivées, pour saisir ce que pouvait me raconter mon téléphone. Jean-Luc décrocha. Sa voix calme discordait avec les piaillements ambiants de l'aéroport.
"Vous m'entendez, articulai-je pour me faire comprendre ? Bon, on n'a pas trouvé de grand ! Je répète... on n'a pas trouvé de grand ! Allô ?
- C'est normal ! Il n'a pas pu venir.
- Pardon ?
- C'est une femme qui vous remet les billets. Elle est petite et blanche, me dit-il sur un ton le plus détaché du monde.
- Une femme petite et blanche... répétai-je autant pour confirmer ses paroles que pour annoncer la nouvelle donne à Adrien !"
Déjà je le vis partir parmi les familles pour tenter de repérer sa cible. Pour ma part, j'avais interrompu un instant la conversation, parcourant des yeux les visages les plus proches sans pouvoir me fixer sur une proie.
"Et comment je la reconnais, lançai-je agacé par ce jeu de cache-cache obligatoire ? Elle est habillée comment ? Vous avez son nom ?
- Elle s'appelle Aurélie Mayard.
- Allô... vous avez dit Aurélie ? C'est ça ? Aurélie Mayard ?"
A ce nom, un mètre devant moi, une jeune femme se retourna de surprise. Elle était... petite et blanche.
"Allô ! Je crois qu'on s'est trouvé ! Merci beaucoup M. Jean-Luc !"
Elle tenait à la façon des écriteaux nominatifs une petite enveloppe. En s'approchant, on distinguait le logo de la compagnie ferroviaire au format timbre poste. Elle l'agita en souriant : "Je pensais que ça se verrait !" Moi, trop content de récupérer mes précieux billets, je me contentai de fixer la ridicule enveloppe. Adrien émergea de la foule et s'inséra dans la conversation :
"Je ne l'ai pas trouvée !
- C'est normal, je te présente Aurélie !"
La jeune femme me confia son présent, et s'éclipsa aussitôt vers le parking qui jouxtait de plein pied l'aéroport.

Les sacs à dos ajustés, nous longeâmes le bâtiment de l'aéroport pour nous accaparer le premier taxi disponible sur la voie Dépose Minute. Direction la Montée de Louis. Le chauffeur rejoignit la voie rapide rongée par la nuit. Puis bifurqua à gauche arpenter le quartier de l'hôtel.

mardi 14 septembre 2010

Avant le grand saut

Mercredi approcha sans l'ombre d'un Christian. Quel bleu ! Je m'étais bien fait rouler ! Je n'obtins de son portable qu'une ligne indisponible. Et vraisemblablement, il n'avait pas glissé les pieds sous son bureau de toute la matinée. Allons bon, il serait au moins passer dans son service. Il n'était donc pas rentré de Libreville !

Par le secrétariat, j'appris qu'il y avait été accompagné d'un collègue dont je composai aussitôt le numéro. Il me relata les récents évènements : Christian contemplait actuellement le paysage du haut des dix kilomètres qui séparait l'avion de la terre ferme. Il serait le lendemain au siège français où il avait été appelé urgemment. J'orientai l'interlocuteur vers mon angoisse. Avait-il eu vent de billets de train ? Non. Avait-il connaissance d'un proche qui aurait pu garder ces billets ? Oui, son frère. Avait-il le numéro de son frère ? Non, pas maintenant. Il était au volant, et diriger le véhicule en passant les vitesses d'une seule main était déjà difficile sans avoir à chercher un numéro dans son téléphone. Il m'enverrait un texto dès sa voiture garée.

Je profitai de l'attente pour rappeler l'hôtel de Libreville.
"Bonjour, je vous appelle pour confirmer ma réservation de vendredi soir."
A la demande de la réceptionniste je déclinai mon nom. Puis j'attendis qu'elle me trouva sur l'agenda :
"Mais, Monsieur, vous êtes déjà marqué !
- Oui, j'appelle pour vous le confirmer, pour qu'il n'y ait pas de malentendu quand je me présenterai à mon arrivée, insistai-je.
- Il n'y a pas de problème. Vous êtes marqué."

Comme je raccrochai, déçu par la facilité de la conversation, je transcrivis les coordonnées de l'hôtel dans un mail que j'adressai à Adrien. Je lui racontais à peu près ceci : "Si jamais, ô grand désespoir, je n'arrive pas à temps à Libreville, voici les coordonnées de l'hôtel. J'y ai réservé la chambre à mon nom." Que l'on pouvait traduire par "Te fais pas de bile, mon gars. Je gère ! Ce soir on dort au chaud !"

N'en pouvant plus d'attendre que le collègue se manifeste, je fis un tour au secrétariat pour y demander à tout hasard le numéro du frangin. Chance ! Frère de Christian, c'était également un de nos fournisseurs dont les contacts avaient été scrupuleusement renseignés dans la machine. En quelques clics, l'assistante fit apparaître le portable du gérant. Je composai deux fois son numéro avant que la voix masculine au timbre professionnel ne me répondit. Je lui détaillai mon problème :
"Bonjour Monsieur, je suis une connaissance de votre frère. Vous aurait-il parlé de billets de train ?"
Sa réponse me soulagea. Oui, Christian l'avait contacté ! Sachant qu'il s'envolerait sans pouvoir me remettre les billets en main propre, il avait décidé de les confier à son frère installé dans la capitale.
"Rappelez-moi dès que vous décollerez vendredi, me proposa-t'il. Je vous les apporterai à la douane à votre sortie de l'avion."

Ce vendredi-là, après un déménagement en catastrophe, je téléphonai depuis l'aéroport de Port-Gentil. Il devait être 18h30 lorsque Jean-Luc décrocha à mon appel. Il me transmit les instructions pour récupérer mon butin :
"Je ne pourrais pas être là personnellement. C'est un collègue qui vous remettra les billets de train. Dès que vous passerez la douane, vous apercevrez un grand noir. Vous ne pouvez pas le confondre, il est très grand !"
Soit, me voilà envolé dans un bimoteur à hélices. Un saut de puce d'une demi-heure dans le ciel déclinant. De l'autre côté, Adrien devait m'attendre depuis déjà deux heures au café du Calao. J'engloutis mon Coca offert par la compagnie en songeant aux retrouvailles.

dimanche 12 septembre 2010

Les réservations

Carrefour du pays, Libreville n'était qu'un point de passage obligé pour nous aventurer dans les parcs nationaux plus à l'Est. Arrivés en soirée, nous n'y passerions qu'une nuit avant d'approcher la Nature le lendemain, par le train de 9h45.

Je louai une chambre dans un hôtel sans prétention mais que j'avais déjà fréquenté. La prudence m'a appris à apprécier les lieux connus et sans surprise. La voix nonchalante au combiné me jeta que l'hôtel n'acceptait plus les réservations ; le client se désistait et l'hôtel retrouvait sa chambre inoccupée. "Mais si vous payez là, je peux vous inscrire". Le téléphone dans la main, je songeai à régler par Internet. Aussitôt une nouvelle pensée émergea : les services de paiement en ligne sont inconnus du Gabon. D'une part Internet n'a pas atteint sa phase de démocratisation, d'autre part l'écrasante majorité des échanges commerciaux s'effectue en espèces. En fait, la seule utilisation possible d'une carte bleue est le retrait de liquide aux coins des banques.
Je pensai bien à un envoi postal, mais la prestation n'était pas sûre et j'aurais risqué soit de perdre mon argent, soit d'arriver avant lui.
Amusé par l'absurdité de la situation, je plaidai mon cas auprès de mon interlocutrice :
"Si je vous dis que je vous appelle de Port-Gentil, que je réserve une chambre sur Libreville, et donc que je ne peux pas vous régler d'avance. Comment qu'on fait ?"
Sa réponse me sonna un instant ! En lieu et place d'une excuse qui aurait pu souligner toute l'attention de l'hôtel vis-a-vis de sa clientèle chérie, le couperet tomba.
"Vous pouvez pas !
- Mais si je ne peux pas vous payer à distance, c'est bien parce que je ne suis pas de Libreville. Sinon je n'aurais pas besoin d'un hôtel, lançai-je sans être certain que l'argument fasse mouche. Tous vos clients doivent avoir le même problème ! Comment ils se débrouillent ?
- On les connait. Ce sont des habitués."
Je m'appliquai alors à faire valoir ma fidélité. Après tout, j'étais déjà venu. La fille fit semblant de se souvenir de mon nom, et moi de la croire. Et la conversation se termina sur une nouvelle étrangeté :
"Je vous ai mis. Mais là, c'est trop tôt. Il faut que vous rappeliez deux jours avant. Comme ça on saura le planning.
- Vous êtes certaine que j'ai une chambre ? Je n'aimerais pas que vous m'annonciez, à mon arrivée, que l'hôtel est complet !
- Oui ! Vous êtes marqué."
A la bonne heure ! Sous la condition d'un ultime coup de fil, la première nuitée était acquise. Le lendemain nous serions déjà loin...

Je réservai également un hébergement pour les trois jours suivant. Les hôtels contactés me réclamaient tous une confirmation dans les quarante-huit heures précédant notre arrivée. Avec cette marge, je pris alors le pari de nous débrouiller au gré de notre voyage pour dénicher nos futurs logements. Et par la même, je fis fis des appels sans réponse et des gérants hors de leur lieu de travail. "Pouvez-vous me rappeler, disons, vers 17h30 ? Parce que je ne suis pas sur place !"

Vint alors une angoisse. Si le train s'avérait complet, nous ne pourrions pas quitter la capitale avant deux jours. Et ce serait autant de temps perdu sans découvrir la faune équatoriale ! L'achat semblait compliqué. Il fallait non seulement régler les billets à l'avance, comme la chambre de Libreville, mais également être sur place pour leur retrait. Je ne souhaitais pas prendre un risque en repoussant le problème à quelques heures du départ ferroviaire. L'imprévu pouvait s'inviter et nous voler le temps nécessaire au guichet.
Je partis à la recherche d'un collègue en itinérance prochaine sur Libreville. Christian accepta volontiers. Il s'envolait sur la capitale pour son travail. Je lui confiai l'argent et attendis son retour prévu au mercredi, deux jours avant mon départ. D'ici là, je prévis une autre grande préoccupation.

Mon déménagement prit moins de temps que je ne l'avais anticipé. La chose fastidieuse résida dans les formalités administratives. Aller chercher un papier au loin, pour revenir. Et puis non, ce n'est pas le bon. Ou bien il en manque un. Ou encore, celui-là est inutile !

vendredi 10 septembre 2010

La décision

Cela a commencé quelques mois auparavant, par une banale discussion. Un ami d'école catapulté à une frontière du Gabon rêvait de sortir de ses routes et tunnels pour changer d'air, et moi je souffrais d'un trop plein de vacances à ne savoir qu'en faire. Le mot était donné. Un rendez-vous... ou plutôt un défi. Nous explorerions l'intérieur des terres gabonaises en Août.
Dans l'ordre des choses, c'est à moi que revenait l'organisation du périple. Mon pied dans le pays et mon oeil sur le guide touristique m'offrait une bonne avance sur Adrien. Mais la naissance du projet s'annonçait compliquée ! Dix jours encore avant la date convenue, il restait sans nouvelle de son visa.
Et c'est au moment de poser le pied sur Libreville que tout a fichu le camp !

vendredi 23 juillet 2010

Trois jours !

Vingt-quatre heures de travail me séparent encore du terme de ma mission au Gabon. Le moment est aux préparatifs de départ, le nez entre les cartons et la tête au vide-grenier. Et après ? Le professionnel est au flou habituel. Pour le reste, rendez-vous à la mi-Août !
Quelques souvenirs. Des masques à touristes, un peu de batiks, et un paquet d'images en mémoire de la faune et flore de l'équateur.

Après six mois dans l'entreprise, j'ai enfin compris ce qu'on y fabrique. Alors, je vous explique en trois images.


D'abord on extrait du pétrole. C'est pas facile, alors on a tout un tas de Départements pour s'en occuper.

Ensuite on le met dans des bateaux pour le vendre à l'étranger.

Et avec l'argent qu'on récupère, on s'amuse !

mardi 29 juin 2010

Un rêve ?

De l'herbe. A chaque pas, des fragrances s'en émanent et me rappellent la pelouse fraichement tondue de l'école. Les brins humides se faufilent à travers mes orteils. Tandis que la plaine dévoile son vert charmeur, le soleil du zénith accable la faune de rayons. Ca et là, des arbres majestueux salissent de leurs ombrages mouchetés ce parterre uniforme. Allongé sous l'un deux, les feuilles d'été pourchassent, au gré de la brise, des souvenirs de nuages.
A quelques pas, le reflet bleuté du ciel s'étire inlassablement sur le lit de la rivière. Bientôt, plus une strie ne raye la végétation de la rive opposée. Une fascinante symétrie se crée. Par moitié, la berge se découpe à la lumière du ciel. Par moitié, elle se perd dans le bleu profond des eaux.
Par instant, l'oiseau s'égare dans ce tableau. Il embrasse la surface et trahit le miroir. L'enchantement se rompt le temps de son repas. Mais le voilà déjà loin dans les flots, au dessus des arbres.
Je suis attiré par le bord. Le ciel se dissipe. A sa place, des pierres posées sur la vase. Des myriades de poissons se meuvent et détourent les obstacles. Brusquement, ils obliquent, parfaitement synchrones. Et, aux hasards des tâches de lumière, leurs corps disparaissent.
Je nage. Le froid s'estompe en quelques brassées. Le soleil, pesant, éblouit la surface en dérive. Le paysage se dévoile comme s'approche le coude de la rivière. L'une après l'autre apparaissent patiemment les piles du viaduc. La fraicheur de son ombre accentue sa ligne massive dans le ciel...

lundi 28 juin 2010

Idée noire

Quelle capacité avons-nous à créer notre propre enfer ! Une certitude par-ci, une idée reçue par-là... Et nous voici entrainés dans cet univers dont nous seuls distinguons la logique malade. Bientôt nous percevons notre entourage à travers se filtre déformant. En vain, ce sont chez eux que nous nous efforçons de surprendre les symptômes qui nous distancient.
Cette vue altérée du monde, nous nous y cramponnons de toutes nos forces, de peur de tomber dans des travers aussi horrible qu'absolument imaginaires. Souvent, des âmes justes en mal de bonnes actions nous aident à s'en éreinter les arguments pour soutenir ces fondations fébriles. Mais que feraient-ils d'autres, sinon de détruire plus rapidement encore notre illusion berçante. Comment pourrions-nous, dès lors, nous imposer inconsciemment obligations morales et contraintes sociales ! Ces lois inévitables qui nous semblent aussi fatales que deux et deux font quatre.
Parfois, deux personnes s'observent à travers les mêmes aberrations. Un sentiment de compréhension mutuel les allie avant que n'apparaisse une face cachée, floue, irrationnelle. Et de nouveau ce filtre qui dicte à chacun sa conduite et les éloigne inévitablement...

dimanche 13 juin 2010

2 semaines de plein air

Brièvement quelques photos de mes vacances sur la Côte Ouest ! Non, ce ne sont pas les Etats-Unis, mais ça vaut le détour. Quant à le refaire... nous avons passé beaucoup de temps à être transportés ! La pirogue, le 4x4 et le bateau deviennent intenables après deux heures sagement tassés sur nos sièges.


Tout d'abord un séjour autour d'Omboue et de son embouchure

Puis une sortie 4x4 pour le bord de mer, à Akouri

Enfin un aperçu de la faune d'Afrique de l'Ouest à Nyonie

Et bien sûr, l'album complet sur Picasa

jeudi 10 juin 2010

Idées à partager !

Aujourd'hui, nous allons apprendre à imposer des idées nouvelles aux collaborateurs !
Prenons une idée. Agitons-là un moment dans le bureau pour deviner son potentiel. Ah, c'est une Bonne idée... Parce qu'il y en a des mauvaises, parfois déguisées en pensées envahissantes ou bien en intuition féminine. Ce sont les pires ! Nous devons maintenant en soutirer la substance, presser à en extraire l'huile essentiel, garder la crème de ce brouillard cognitif... et l'étaler sur papier. Ou sur Excel pour faire moderne !
A cette étape, le génial inventeur ne peut s'empêcher de répandre des échantillons, des mises en bouche de sa révolution. Sans effet d'ailleurs ! Miné par l'indifférence générale, il prend l'incroyable risque d'en toucher un murmure au Chef. Lequel se fiche royalement de rejouer 1789 dans ces bureaux, tandis que son chef à lui attend à en user son fauteuil le planning à jour. Géo Trouvetou rentre tout bonnement penaud dans son bout de bureau. La nuit est dure. L'incompris se morfond entre déception et fatalité. Quelle bande d'ignorants ! Ils ne savent vraiment pas à côté de quelle redoutable avancée ils passent. Au matin, il empoigne son idée, la choie une dernière fois à hauteur de la poubelle, avant de s'assoir dessus à deux pieds !
Une seule erreur... son envie de libre expression. Au lieu de courir les couloirs à dénicher un soutien, mieux vaut laisser faire le naturel. C'est beaucoup moins fatiguant ! Voyons, qui fait bouger les choses dans une grande entreprise ? C'est l'Urgence. Face aux risques ou au Directeur Général, c'est la femme la plus efficace. Et bien, cédons-lui le terrain ! Regardons-la débouler sur les écrans, remplir les messageries, passer des coups de téléphone, pendant que nous vérifions l'inventaire de nos idées poubellisées. Et bientôt, apprêtons-nous à accueillir à bras ouverts, démineur fermé, et café serré un chef aux traits crispés par son dernier tête-à-tête avec Mademoiselle U.
Instantanément, nous voici transposés au marché au puces. Selon la technique millénaire, Chef va nous faire part de ses états d'âmes, pour nous attendrir et nous ramener à sa noble cause. Il le faut absolument pour ce soir ! C'est vital pour l'entreprise ! Ne nous trompons pas, son seul objectif est de repartir les mains vides, son fardeau sur votre table. Et le notre, c'est de lui refiler une idée plutôt que notre précieux temps nocturne. Jouons sur la corde familiale. Chef, je crois que je vais nous faire rentrer plus tôt chez nous ! Pour l'heure, dessinons brumeusement le contour de l'idée. Une explication détaillée des tenants et aboutissants est évidemment hors propos. Chef se fiche pas mal des points sombres. Il a déjà son stock de problèmes pour la soirée.
Si vous n'êtes pas convaincu, titillez-le avec des "Je crois que c'est une bonne idée, mais tout de même, les problématiques de responsabilités peuvent soulever de nombreuses contestations !" A coup sûr qu'il vous sort "C'est un premier jet ! On fera une révision la semaine prochaine." ...qui n'arrive jamais.
Et voilà, sans trop d'effort nous avons réussi à vendre notre idée au Chef, et donc au service entier, sans réunionite ni concession !

mardi 1 juin 2010

La devise

A l'instant où m'est apparu le slogan du Gabon, "Union, Travail, Justice", j'ai cru en une ambition certes lointaine mais atteignable. Aujourd'hui, j'ai revu les objectifs à la baisse. A entendre les rumeurs des uns et partager les expériences des autres, c'est à peine si ces valeurs pourraient avoir cours le 1er avril !

L'union, mon gardien gabonais m'en sert une tirade tous les deux soirs. Soulignant, à chaque morceau choisi, l'esprit du chacun pour soi qui semble vouloir régner ad vitam eternam parmi la population. En témoigne la très répandue expression "Le Noir n'aime pas voir son frère évoluer !" servie à toutes les sauces dès qu'une entreprise gabonaise coule. La réalité en devient déprimante ; autant en France on espère la croissance d'une start-up, autant au Gabon on est sûr de sa faillite. Il faut donner aux frères ! Tout ce que j'aperçois de mon niveau, c'est que nous ne sommes pas invités à la danse ! Expatriés, nous restons étrangers et indésirés. Nos porte-monnaie ont toutefois leurs entrées dans les cercles très populaires du "Mon Ami, donne l'Argent" !

Le travail... Je veux me persuader qu'il s'agit d'un problème de définition. En France, l'expression "être au travail" se rapproche grandement de "faire un travail". Autrement dit, produire quelque chose dans un temps imparti. Au Gabon, "travailler" c'est passer huit heures quotidiennes dans une entreprise pour toucher un salaire. Plus déroutant : il n'y a pas de notion de "client", que ce soit le particulier ou bien l'employé d'un autre service de l'entreprise. Au final, les tâches sont données pour combler le temps passé sur le lieu de travail. Alors bon, si aucune commande ne peut être rattachée à la facture, et bah tant pis, on enterre la facture dans le premier trou et on passe à une autre occupation ! Et après "M. Le Fournisseur il est méchant. Il ne nous livre plus de stylos !" P'tete juste qu'il en a marre d'attendre le paiement du millénaire précédent !

Quand à la justice, je peux uniquement baver les rumeurs dont les rues de Port-Gentil se sont imprégnées depuis depuis. Succinctement, elles rendent ceci : 1-Le Blanc a tort. 2-Quand le Blanc a raison, se référer à la règle n°1. Certains collègues sont d'ailleurs spécialistes de la chose pour limoger le plaideur lors de sa présentation sur vidéoprojecteur. Bien heureusement, dans l'enceinte de l'entreprise la couleur de peau n'a pas cours, et les nuisibles s'en prennent finalement aux expatriés comme aux locaux...

samedi 29 mai 2010

Support Informatique

- Allô ?
- Oui bonjour. C'est M. Amazong de l'entreprise Air Volatil. J'ai reçu un mail. Je n'ai pas compris ce que vous me demandez.
- Air Volatil... Attendez, je reprends le dossier. Oui, voilà ! Notre entreprise souhaite obtenir des informations d'ordre général sur votre activité. Nous vous proposons de répondre à un questionnaire axé sur des données financières et organisationnelles.
- Oui, votre mail dit "Monsieur, afin de développer notre relation avec nos fournisseurs, nous vous proposons de répondre à une demande d'informations composée de quatre parties : 1) une partie d'ordre général, 2) une section financière, 3) un détail de votre organisation, 4) une partie sur votre assurance qualité."
- ... c'est ça !
- "La participation à ce questionnaire se fera en ligne via notre plateforme d'e-sourcing (cf lien)."
- ...c'est toujours ça !
- "Afin de lui donner accès à ce site, pouvez-vous compléter les coordonnées de la personne en charge de répondre ?"
- Oui ! En fait, nous vous demandons de compléter les coordonnées de la personne en charge de répondre. Nous lui créerons ensuite un compte sur notre plateforme. Cependant vous m'avez déjà renvoyé les coordonnées.
- Mais quand je clique sur le lien, je n'ai pas le mot de passe.
- Vous avez dû le recevoir à l'adresse que vous m'avez confirmé par retour de mail.
- Ah... mais en fait, c'est l'adresse d'un collègue !
- Oui, j'ai lui ai créé le compte suite à votre demande.
- Ah... mais en fait, il a beaucoup de travail. Et... c'est moi qui prends le dossier !
- C'est fâcheux ! Vous ne pouvez pas vous connecter avec son compte ; sinon le système continuera de lui envoyer à son adresse tous les mails relatifs à ce dossier. Bon, voilà ce qu'on va faire. J'ouvre un compte à votre nom. Vous allez recevoir vos identifiant et mot de passe d'ici peu.
- Oui... oui, merci !

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- Allô ?
- Oui bonjour, c'est M. Amazong.
- Oui, M. Amazong, que puis-je faire pour vous ?
- Je... j'ai reçu deux mails. Mais je n'ai pas le mot de passe quand je vais sur le lien.
- Le mot de passe se trouve sur le premier e-mail envoyé automatiquement par le système à l'ouverture de votre compte.
- Mais je ne sais pas ce que c'est !
- Vous avez bien votre identifiant ? C'est bien "famazong" ?
- Oui, c'est ça ! Mais il faut que vous me donniez le mot de passe ?
- Je ne le connais pas, je n'y ai pas accès. Sinon, je pourrais utiliser votre compte et ce ne serait pas très éthique ! Vous êtes bien sûr de ne pas le voir dans les e-mails qui vous ont été adressés ?
- Non, vous avez écrit "Madame, Monsieur, bienvenue sur notre plateforme e-sourcing. Cet outil sera notre interface privilégiée lors du déroulement de nos appels d'offres."
- Bon, on va faire plus simple. Pouvez-vous m'envoyer les e-mails que vous venez de recevoir ? Il y a peut-être eu une erreur dans l'émission des identifiants !
- Oui, oui... alors je vous l'envoie, et je vous rappelle.
- Voilà, c'est ça.

--------------------------
- Bonjour M. Amazong !
- Oui bonjour. Je viens de vous envoyer les mails.
- Votre appel tombe bien, après leur lecture, j'ai trouvé vos identifiants de connexion. Sur le premier e-mail, prenez la ligne "Afin de vous connectez..."
- Oui, "Afin de vous connectez, veuillez utilisez l'identifiant "famazong" et le mot de passe "5fg"89j" sur notre plateforme à l'adresse suivante..."
- Voilà, c'est pas merveilleux ?
- Mon mot de passe c'est cinq-f-g-virgule-virgule...
- "guillemets"-huit-neuf-j, c'est bien ça M. Amazong.
- Je vais me connecter sur le lien.
- Très bien, je reste en ligne.
- Alors "IDENTIFIANT", là je mets "famazong" ?
- C'est bien ça.
- "MOT DE PASSE", là je tape... cinq... f... g... heu
- Oui c'est ça, guillemets !
- Oui oui, guillemets. Où ça se trouve ça ?
- C'est la touche "3", M. Amazong !
- Trois... Voilà. Là il me dit "Votre identifiant ou votre mot de passe n'est pas valide"
- Vous devriez essayer de retaper votre mot de passe.
- Oui d'accord. Cinq-f-g-... Je vais essayer, et je vous rappelle si j'ai un problème.
- Entendu M. Amazong.

--------------------------
- Bonjour M. Amazong ! Comment allez-vous ?
- Oui bonjour. Vous m'avez envoyé un autre mail. Ca dit "Aide de connexion pour les fournisseurs".
- Voilà, le PowerPoint vous explique que vous devez reproduire vos identifiants reçus par mail dans les deux champs de connexion de la plateforme.
- Mais je n'ai pas le mot de passe !
- Il s'agit des identifiants que vous avez reçu la semaine dernière, M. Amazong.
- Mais ils ne marchent pas !
- Ah ? Donnez-moi une minute, je vais faire un essai depuis mon poste. Alors, voici la page de connexion... Je rentre l'identifiant "famazong", puis le mot de passe "5fg"89j"... M. Amazong, je n'ai pas de problème. J'arrive parfaitement à accéder à votre profil. Si vous voulez, nous allons le faire ensemble ?
- Oui d'accord.
- Très bien. Nous sommes d'accord sur l'identifiant ? Il s'agit bien de "famazong", f-a-m-a-z-o-n-g ?
- Oui, "famazong".
- Maintenant, nous allons copier le mot de passe. Attention, ne copiez que ce qu'il se trouve entre les guillemets ! Vous commencez par 5...
- Oui !
- Et on le colle dans le champ "mot de passe" de l'application.
- Oui... Ca marche !
- J'en suis ravi !
- "Ici, vous pouvez modifier les paramètres de votre profil. Nom... Prenom... "
- Voilà, sur la seconde page, vous pouvez compléter vos coordonnées. Ensuite vous cliquez sur "ok" pour accéder au questionnaire.
- "Téléphone" c'est déjà rempli. "Fax", alors je mets mon fax.
- Oui c'est ça.
- "Coordonnées bancaires", il faut que je trouve mon numéro de compte.
- Non, vous n'avez pas besoin de tout remplir. Le questionnaire ne vous demande pas de payer. Juste de donner quelques informations de base. Vous pouvez tout de suite cliquer sur "ok".
- Oui d'accord. Je vous rappelle si j'ai un problème.
- A bientôt M. Amazong !

--------------------------
- M. Amazong ! Vous avez réussi à vous connecter ?
- Je ne comprends pas. Je ne trouve pas le questionnaire ?
- Il est composé des sections que vous voyez sur la page internet. Chacune comporte une question. Vous avez la possibilité de laisser une réponse et sur certaine page de télécharger une pièce jointe.
- Ah, mais quand je télécharge, ça m'affiche "bilan_financier_exemple".
- Oui, c'est un exemple de pièces jointes que nous attendons de votre entreprise. Vous pouvez télécharger la votre sur la plateforme.
- Mais quand je clique, ça m'affiche celle-ci. Comment je fais pour vous envoyer des fichiers.
- Dans la section, vous avez une option qui vous permet de poster votre propre pièce jointe. Elle remplacera alors la pièce jointe en exemple.
- Ah oui ! Mais là, sur le lien, ce n'est pas ma pièce jointe !
- ...oui, vous avez raison, c'est assez compliqué ! Voilà ce qu'on va faire : vous pouvez m'envoyer vos documents par e-mails, ou bien par courriers. Et moi je reconstituerai votre dossier. Est-ce que ça vous convient, M. Amazong ?
- Alors, je vous envoie mes pièces jointes par mails ?
- C'est bien ça.
- Oui d'accord. Je vous envoie un mail.
- Au plaisir M. Amazong !

vendredi 28 mai 2010

Death Service

Aujourd'hui, je me laisse encore surprendre par la capacité du Gabon à complexifier le quotidien. Prenons, par exemple, l'achat d'un billet d'avion national. En France, je me jetais sur les comparateurs de prix en ligne. En moins d'une demi-heure, je savais quand et d'où je partais avec le prestataire le moins disant.
Au Gabon, on inverse la logique. L'important n'est pas le prix du vol mais le temps passé à l'attendre. Puis, le billet trouvé, inutile de sortir la carte bleue ! Vous ne pensez tout de même pas payer en ligne ! Et par carte par dessus tout ! Oh, mon ami...

En fin d'après-midi, me voilà parti pour l'agence d'Air Service en centre ville. Passant la porte protégée de barreaux aux couleurs de l'entreprise (orange et bleu), je fais face à une vaste pièce immaculée conception. Au fond, deux personnes sont dédiées aux réservations des vols. A leur gauche, la femme s'affaire à la Caisse. Celle-là reconstitue impeccablement la gardienne dans sa prison. Je prends un siège et, accoudé à la longue table blanche transversale, passe commande d'un vol Libreville Port-Gentil. Entre deux interpellations de ma voisine en passe de négocier les tarifs, mon interlocuteur trouve finalement le temps d'imprimer ma réservation. Reste le maton dans sa cage.
Une pancarte bouche l'orifice découpé dans la vitre pour le passage de l'argent : "Caisse fermée". Derrière, impassible, la femme compte et recompte des tas de billets. Un oeil à ma montre et c'est la fin de journée. Ah non, elle ne va pas me faire ce coup-là. Je suis le dernier client. Eh bien désolé, mais ça arrive ! Promesse de Vincent, je ne sors pas d'ici sans mon billet !
Et je poireaute devant la vitre... ah non, là tu as fait une erreur, recompte. Et voilà, je te l'avais pensé ! Bon, combien ils sont, les tas ? Tiens, je vais faire le mien bien en évidence devant toi ! Deux vols à 150 000 FCFA par coupures de 10 000. C'est vraiment une monnaie à la con !
Après cinq minutes, elle me prend mon tas qu'elle recompte également pour le ranger à côté de ses congénères. J'obtiens finalement le tampon libérateur qui m'offre aussitôt le Graal de ma quête : ma convocation pour l'aéroport.

Deux semaines plus tard, j'ai de nouveau un besoin pressant de kérosène. Rebelotte, me revoilà chez Air Service. Comme à l'accoutumée, tout se déroule à la perfection gabonaise jusqu'à la Caisse.
Je m'assoie impatient dans l'attente de la préposée qui cache sa boucle d'oreille téléphonique derrière la porte de service. Quelques sauts d'aiguilles plus tard, elle se traine jusque dans son enclos. Je m'approche pour payer mes 163 600 FCFA. L'enveloppe qu'elle recompte, lasse, pèse 165 000 FCFA. Après un moment, elle lève le regard, et complètement désinvolte :
"J'ai pas la monnaie.
- Ah, et il vous faut combien ?
- 600.
- Bah non, après une brève fouille de mon porte-monnaie."
Son regard vide fixé sur moi, je tente une échappatoire :
"Vous avez une solution ?
- Je ne sais pas.
- Faites un geste commercial : une réduction de 600 !
- Je ne peux pas.
- Et vos collègues, ils ont de la monnaie !
- C'est pas la Caisse."
Non Vincent, tu ne cèderas pas ! Je reste face, droit comme un I à la dévisager. Elle, sans expression, ne bouge pas.
Finalement, c'est un collègue qui craque. Voyant la situation sans issue, il se lève de son poste, prends le billet et quitte l'agence. Deux minutes plus tard, la porte s'ouvre sur une liasse de petites coupures !

lundi 24 mai 2010

Changement d'ambiance

La gérance des appartements m'a mis la main dessus en pleines vacances alors que je glanais entre plage et marché de Port Gentil. Mes pensées tourbillonnaient quant au jour de départ de la prochaine navette fluviale pour la capitale. Mais la femme m'a recentré vers un sujet plus immédiat.
"Vous déménagez, on refait votre studio. En attendant vous habitez un appartement.
- Très bien, lundi prochain alors !
- Non, nous sommes déjà en retard. Je vous cours après depuis trois jours. Vous ne répondiez pas au bureau.
- Ah, comment vous dire... je suis en vacances. On remet ça à la semaine prochaine !
- Il faut que vous bougiez maintenant !"
Bref... bon gré mal gré, me voici dans un palace de 180 m². La cuisine seule fait la taille de mon studio jovacien ! L'habitat est tellement vaste que chaque soir est l'expérience d'une nouvelle chambre annexée de sa salle de bain bleu, rose ou jaune. A y penser, la tente doit s'insérer sans difficulté dans la largeur du couloir. Allez, quelques mots pour la description : immense bien sûr, immoral et opulent quant aux conditions de vie du pays. Inutile aussi ?
Face aux maisonnettes aux quatre murs de contreplaqués, l'appartement marque davantage la séparation entre expatriés et locaux. On en vient à oublier volontairement le pays d'accueil. Finalement, un appartement, un Casino et une plage; de quoi en contenter beaucoup ! Malheureusement je suis curieux...

dimanche 23 mai 2010

Vendredi c'est permis

Et voici une mise en bouche avant le récit croustillant de mes deux semaines de vacances africaines !


Un 4x4 Suzuki à vendre. L'annonce dit :
VOITURE A VENDREDI
Tél : 07-29-96-94
05-08-54-26
06-63-27-10

samedi 1 mai 2010

Fête du travail

Recherche emploi Baby-Cyter

mercredi 28 avril 2010

Mandji de long en large

Réveil très matinal en cette fin de semaine. Après une cérémonie de nettoyage abrégée, je passai la porte à 5h00. Les allées s'éclairaient aux lueurs de sodium. Après s'être brossé les dents au dessus de la verdure, le gardien de la Concession actionna la barrière coulissante, m'ouvrant la vue au 4x4 apprêté par Christelle. A la place du mort, Luc, un fang "du Nord" (Oyem, Woleu-Ntem) nous accompagna dans notre coup-de-tête. Notre esprit gonflé d'espoir d'entrevoir la faune locale à la fraîcheur du levé de soleil.
5h15, nous réquisitionnâmes notre voisin pour approcher les plaines végétales en terrain connu. Pelle et glacière chargées, nous voici de nouveau sur l'incontournable route de N'Tchengué.

A hauteur du village M'Béga, notre guide eu quelques incertitudes sur la piste à suivre. En deux ans, le paysage change par endroit du tout au tout. Premier arrêt, la plaine d'Animba. Petit déjeuner aux saveurs de rillettes et de cidre. Nous observâmes consciencieusement les horizons pour surprendre un quadrupède quelconque. Sans succès !
Notre route se poursuivit sur Nyolokoué, traversant les vastes espaces d'Ambouroué puis Mandorové sur une piste en territe aménagée par les pétroliers de la région. Nouveau casse-croute, nouveau gobelet.

La presqu'île Mandji, Ogooué-Maritime, Gabon

Sur le retour, l'équipe me confia le volant. En pleine brousse, je fis rattraper la piste au véhicule en attaquant le fossé de côté. Penché, le 4x4 bascula davantage en traçant des ornières sur un sol de plus en plus boueux. Stop, tout le monde descend. On fait le point ! C'est plus fort que moi, il faut absolument que je retourne toutes les voitures qui me passent entre les mains !
Finalement nous revînmes sains et saufs au bercail sans croiser la moindre bestiole.

Notre voisin remercié, nous commandâmes un repas de rouge, capitaine et sanglier, assaisonnés de bananes et manioc.
L'après-midi, en quête d'un tailleur pour quelques travaux couturiers, nous fûmes conseillés par Jean-Louis, gardien de la Concession. Suite à cette course au Quartier Salsa, il nous invita à découvrir d'un même temps sa famille et son habitation louée à une centaine de mètres. Père de quatre filles, il loge à six personnes au sein d'un contreplaqué sous un toit de tôle. Après vingt ans de travail dans la même entreprise, il nous apprit son salaire de 250 000 FCFA (375 € /mois).

A la lumière déclinante, il ne nous resta qu'à décrotter le 4x4 de ses herbes et de sa sueur du jour.

lundi 26 avril 2010

Comme un lundi

Week-end nature. Puis brusque retour à la réalité d'une semaine de travail, de joies et de tracas. Ce matin, par exemple, mon téléphone s'est mis à singer mon état de demi-conscience récurrent aux aurores matinales. Pas de tonalité, pas d'affichage LCD, rien ! Hé, mais secoue-toi !
Culpabilisant à l'idée d'un réveil brutal par la fenêtre, je lui ai accordé une émergence toute en longueur jusqu'au deuxième café. Entre temps, j'ai bien sûr pris le soin de saluer ce lundi matin par un mail incendiaire adressé au service informatique. Mais sans téléphone, la verve n'est pas aussi délicate.
Un peu plus tard, un coup de fil depuis le bureau de l'assistante m'a appris que "Mais Monsieur, vous n'êtes pas le seul dans cette situation !". J'ai remercié l'interlocuteur d'un chaleureux "Ah oui, et on fait comment là ? On prend des vacances ?!" Suite à quoi, un technicien m'a rendu visite en fin de matinée "Ah, vous avez un problème de téléphone ? Mais il fallait le signaler Monsieur !"

Pas très ragoutant, n'est-ce pas ? J'ai un poil plus rigolo.
Jeudi dernier j'ai pris le temps de contacter quelques uns de nos plus gros fournisseurs pour obtenir leur dossier d'agrément à jour. (A mes heures perdues, j'aime bien piquer le boulot du service juridique). La plupart m'ont évidemment rétorqué "Mais nous l'avons déjà envoyé sur Libreville le mois passé !". Oui, oui, mais renvoyez-le moi. Vous verrez... ce sera mieux. "Bon d'accord, mais on ne comprend plus rien à vos procédures !"
Et puis ce matin, je reçois un mail de détresse d'un de mes fournisseurs "On vient d'apprendre le refus de notre agrément par Libreville ! Qu'est-ce qu'il se passe ! On a tout bien renvoyé en début d'année..." Ah, vous avez vu, c'est un peu le bazar là-bas. On ne sait pas bien où part le papier. C'est pour ça que Bibi il reprend le flambeau ! Maintenant, vous pouvez me renvoyer votre bouzin... Cordialement

dimanche 25 avril 2010

Mois d'avril... tranquille

Fin de semaine très calme. Les congés des collègues sur sol tricolore m'ont forcé à réviser mon planning de travail. +2 semaines à chaque tâche !

J'ai tout de même résolu certains mystères informatiques avec l'aide distante d'une assistante dévouée :
Tut Tut tuut
"Allo ?
- Bonjour, ici le Gabon. Est-ce que je peux parler à Monsieur X ?
- Bonjour ! Non, il est en congés jusqu'au 12.
- Ah, et vous pouvez me passer un de ces collègues ?
- Attendez, je regarde... Non, lui rentre la semaine prochaine.
- Mais il n'y a pas de remplaçant ?
- Si, Monsieur Y, mais je ne l'ai pas vu ce matin. Pourtant il n'a pas posé de vacances aujourd'hui !
- Heu... vous pouvez me réorienter vers quelqu'un qui s'y connaisse en Ariba ?!
- Je vais voir avec Madame Z.
- Tiens, je ne l'ai pas sur l'organigramme !
- C'est normal, c'est une contractée... Ne quittez pas !"

Tut Tut tuut
"Allo ?
- Bonjour, je cherche une solution au message d'erreur d'Ariba. Un problème de version...
- Ah bon ?
- La version française ne reconnait pas les mots clés anglais. Est-ce que vous avez une table de conversion ?
- Vous parlez anglais ?
- Oui, mais ce n'est pas le problème...
- Bien, parce que la seule personne disponible n'est pas à l'aise en français. Ca vous dérange ?
- Oh bah non, on va tenter !
- Ne quittez pas !"

Tut Tut tuut
"Allôo ?
- Hello, I have a problem with the French version of Ariba. I use an English script your department has circulated but it can't recognize the key words...
- Is this script so important ? So you can rewrite it with French markups..."

A la suite de quoi j'ai composé le numéro de l'hotel Olako pour le très prochain séjour de mes parents en milieu gabonais !

mercredi 21 avril 2010

La Terre et l'Eau d'Ozouri

Et voici quelques grains de sable de notre aventure mécanisée poussiéreuse ! Malgré une soirée en face d'un Louis déprimé (déprimant ?), la ballade m'a arraché à la trop restreinte ville. Une bouffée d'air frais et une embouchure de fleuve lisse à me rappeler les plans d'eau nichés parmi les dénivelés alpins. Il n'a manqué qu'un aviron de quelques rameurs... un peu nostalgique !

J'attends impatiemment de surprendre les animaux de la presqu'île. Hippopotames, éléphants, gazelles. Des noms de zoo désormais à quelques coups de volant des aurores de Port-Gentil.

A quand la prochaine, Madame ?

Plus de grains de sable !

samedi 17 avril 2010

Escapade à Ozouri

Ce week-end, brève découverte d'Ozouri. Connu pour être le premier champ pétrolifère onshore exploité au Gabon, la zone est située en bordure Sud de l'île Mandji. Mais notre but est bien loin des combinaisons oranges qui s'agitent autour des oléoducs.
Une escapade rapidement improvisée autour d'un Pajero, d'une grève et d'un campement. Le 4x4 est une faveur envers les VIE du numéro un de la Finance en partance vers l'extrême Sud du continent pour deux semaines de congés. "Trop d'expatriés" dénonce le mouvement social mené par l'ONEP (l'Organisation Nationale des Employés du Pétrole). Pour prévenir tout risque de dérapage ce vendredi, la Direction a prié les français de quitter prématurément les locaux. Enfin, quelques chambres en dur érigées sur la lagune qui sépare l'embouchure de l'Ogooué et l'Atlantique permettent aux touristes d'un soir d'admirer les puissantes vagues océaniques.
Nous partons à deux. Comme à l'accoutumée, vérification du véhicule. C'est sûr, on se sent beaucoup plus rassuré à voyager à bord d'un tank tout confort en comparaison à feue ma citadine noire. Les pneus sont contrôlés à 2 bars, on peut passer au kit de survie : bouteilles et P'tit Lu.
Le patron du campement nous attends pour ouvrir la route à travers les innombrables pistes de sables. Jusqu'à N'tchengué, je connais. Route défoncée, bas côtés de terre rouge aménagés par le passage des roulants. Puis, à l'approche des cuves désaffectées de Total, le sable vainc les derniers vestiges de goudron.
Suit une bonne trentaine de kilomètres entre sable, trous d'eaux et passages en végétation dense... Ca glisse, ça dérape, ça cale, ça éclabousse ! A sentir le comportement des quatre roues motrices, je comprends l'entrain des expatriés pour les rallyes à tout va. C'est sûr ça change du centre-ville !
Plusieurs intersections à suivre le 4x4 de tête, et toujours le billet première classe entre climatisation, radio, siège enrobant et amortisseurs tout terrain. C'est dingue, ça passe vraiment partout ces machins ! La pilote du Pajero, VIE d'une semaine, guette les moindres signes de main de notre guide à travers sa fenêtre. Deux doigts, seconde. Trois doigts, troisième. Molo-molo, on s'arrête !
Garés sur la rive, pieds à terre, nous traversons l'embouchure sur une pirogue pour découvrir le camp aménagé sur une lagune large de 500 mètres. Trois petits pas sur le sable de la façade atlantique, couché de soleil, et puis s'en vont. La pénombre tombante, les plateformes flamboient à l'horizon pour nous rappeler l'importance du secteur pétrolier au Gabon. Au-dessus, un ciel étoilé dans la nuit naturelle que le groupe électrogène peine à percer.
Après un sommeil à la chaleur étouffante rythmé par le fracas des vagues sur la plage, l'heure du départ sonne à la matinale sous une couche nuageuse. Nous reprenons la pirogue, puis le Pajero sous la conduite de Louis, le propriétaire du camp. Bientôt, la piste se range à proximité d'une lignée de piquets. Sur l'un deux, une pancarte signale la présence d'un pipeline. Le volant en main, les roues dans la semoule au détour d'un virage sablonneux, un voyant orange me conseille un arrêt à la prochaine station service...

Très bientôt les photos de l'épopée !

mardi 13 avril 2010

L'heure gabonaise

Au Gabon, l'heure n'existe pas ! C'est bien simple, elle est restée la notion abstraite importée par les européens et cultivée à grand soin par les administrations qui ne se privent pas de vous rappelez que 15h15, on ferme Monsieur Vincent. Mais prenons la vie quotidienne. Quand on lui demande une description brève de ses quelques mois passé en France, immanquablement le gabonais répond "les gens sont toujours en retard, ils ont toujours à faire" ! Ce n'est pas une moquerie. Pour le local, il est impensable de dépendre d'une montre, de prendre plusieurs rendez-vous dans la journée, de tenir un agenda au clair.
Un évènement est programmé. Très bien, quoiqu'en dise l'affiche ce sera pour la journée entière. Et moi de passer pour un zombie à juger qu'il se finira à 10h pile, pour ensuite enchainer sur un petit déjeuner au Diodon's, et finalement être à l'heure lavé et changé pour le déjeuner grillé sur le sable fin.
Partant de cet axiome, tous les horaires indiqués sur les prospectus sont faux ! Sauf... la fin de la journée de travail. Mais sans activité port-gentillaise, que voulez-vous faire ensuite ? Restez assis sur le parpaing au bord de la route à congosser jusqu'à la nuit tombée sans vous préoccuper de l'heure ? Ou bien, pour les expatriés, serrer les rangs devant le zinc, le regard tourné vers le dernier match Paris-Marseille ?
De là les incompréhensions au travail. Dans un pays où l'unité de temps est la journée, où l'on arrive par "le train de mardi", comment comprendre qu'un dossier urgent doit partir "dans la minute" ! Aujourd'hui, demain, au final c'est pareil !
Qui s'étonne encore des retardataires de la demi-heure aux rendez-vous ?

dimanche 11 avril 2010

En bref

Evènement communal, une nouvelle VIE a atterri sur l'humide presqu'île Mandji. Après un accueil nocturne cafouilleux sans boire ni manger, elle passe l'épreuve du feu : obtenir un matricule dans l'entreprise, ouvrir un compte informatique et demander les droits d'appel vers la France via les téléphones numériques pour prévenir papa-maman. Dans l'éventualité d'un surf à proximité de ce blog : "Papa-Maman, tout va bien ! Je suis vivante !"

Va-t-on de nouveau avoir une brouette pour circuler entre le supermarché et l'appartement ? Nous sommes en pleine Guerre des Chefs ! Nos chefs de Divisions respectives viennent d'adresser un mémo à la Direction, soutenu par le Conseiller à la Sureté du Personnel. La réponse au prochain épisode... J'adore les grandes entreprises !

Compétition de Karaté, tous les participants ont obtenu leur médaille de participation. Les spectateurs également ! Je suis rentré avec la coupe de "la meilleure progression en un mois".


Port Gentil. A droite, le port et son marché aux poissons. A gauche les Rigs en attente de forages.

mercredi 7 avril 2010

Tour Operator

Nagy Tour Operator vous propose deux semaines de rêve au Gabon !
pour 652,50 €

Semaine 1 : Visite de Lambaréné et sa région
Semaine 2 : Plage et soleil


Mardi, Libreville (1) - Arrivée par avion à 17h
Diner au Mississipi, restaurant aux spécialités locales marines (poisson braisé, crevette...)
Hébergement : Hôtel Tropicana (73 15 31) avec vue sur la mer
Coût de la journée : 33 €

Mercredi, Libreville (1) - Pointe Denis et Train pour Ndjolé (2)
Visite de la Pointe Denis, en face de l'Estuaire. Le trajet de 15 minutes s'effectue en pirogue depuis Libreville
Repas sur place, entouré de plage et de mer.
Retour à Libreville et diner dans un maquis (grillades de poisson, brochettes)
Départ à 20h35 de la gare Owendo de Libreville. Le premier arrêt est Ndjolé
Hébergement : Hôtel Papaye (59 33 15)
Coût de la journée : 102,75 €

Jeudi, Ndjolé (2) - Visite des alentours
Activité : L'île Samory Touré, La Montagne Léon Mba, La Mission Saint Michel de Njdolé, Mise à l'eau des billes de bois (prévoir un pique-nique)
Hébergement : Hôtel Papaye (59 33 15)
Coût de la journée : 47,25 €

Vendredi, Lambaréné (3) - Visite de l'Hôpital du Dr. Schweitzer
Départ matinal en pirogue pour Lambaréné. Le trajet dure 150 km
Visite de l'Hôpital du docteur Schweitzer, Mission Saint-François-Xavier, Le marché, le Quartier Isaac
Hébergement : La maison d'Hôte Isaac (07 46 88 48)
Coût de la journée : 72 €

Samedi, Lambaréné (3) - Excursion sur le lac Evaro
Départ en pirogue pour le lac Evaro, la faune et la flore (prévoir un pique-nique)
Hébergement : La maison d'Hôte Isaac (07 46 88 48)
Coût de la journée : 75 €

Dimanche, Port Gentil (4) - Journée Plage
Départ matinal en pirogue Sonaga pour Port Gentil. Le trajet dure 4h
Hébergement : Concession Cité Akosso
Coût de la journée : 45 €

Lundi, Port Gentil (4) - Détente au Relais Bleu
Départ en fin de matinée au Relais Bleu. Traversée en pirogue de 5 minutes
Repas sur place au milieu de la plage, vue sur la baie de Port Gentil
Hébergement : Concession Cité Akosso
Coût de la journée : 34,50 €

Mardi - Jeudi, Port Gentil (4) - Marché, plage, détente
Hébergement : Concession Cité Akosso
Coût de la journée : 27 €

Vendredi, Libreville (5) - Visite des grand marché et marché artisanal
Départ avec la marée vers Libreville en bateau Sonaga. Le trajet dure 4h
Immersion dans le marché de Libreville et course aux souvenirs dans le marché artisanal
Hébergement : Hôtel Tropicana (73 15 31)
Coût de la journée : 70,50 €

Samedi, Libreville (5) - Visite du domaine de Mme. Fernande
Excursion au abord de la ville, dans le domaine de Mme. Fernande
Visite du parc ornithorynque d'Akanga
Hébergement : Hôtel Tropicana (73 15 31)
Coût de la journée : 46,50 €

Dimanche, Libreville (5) - Visite du Quartier Louis, Retour à l'aéroport
Visite des différents quartier de Libreville. Le Quartier Louis (ou quartier riche), le quartier populaire Lalala
Rassemblement des paquets pour un trajet sur l'aéroport à 20h40
Coût de la journée : 45 €

lundi 5 avril 2010

Vivre avec la SEEG

Période de crise. Le Gabon est branché sur courant intermittent depuis deux semaines. L'Union, le journal officiel, vient d'annoncer la venue d'équipes américaines pour fiabiliser la turbine à gaz de Port Gentil. En conséquence, le journaliste prévoit des interruptions de services pour tout le WE de Pâques. (Pour l'ensemble du tissus économique gabonais, la notion de "service" au sens européen n'a pas encore réellement percée).
D'après les taxis, la SEEG, Société d'Energie et d'Eau du Gabon, semble procéder par secteur pour rétablir le courant. Pour vous mettre dans l'ambiance, une coupure de courant, c'est 4 heures en plein après-midi, sans frigo et sans clim'. Imaginez les conséquences sur les supermarchés, les restaurants et tout le secteur industriel !
Tractafric, revendeur de groupes électrogènes Caterpilar, est très content !

En partenariat avec Veolia Eau, la SEEG est également chargée de l'approvisionnement de la ville... Je fais parti des rares personnes qui ont pu voir ce matin le miracle de l'eau au bout de ma pomme de douche.

Dans le même temps, le coût de l'énergie ne cesse d'augmenter. Une facture mensuelle, qui l'année dernière s'estimait à 20 000 (30 €) pour les plus modestes du Quartier, côtoie aujourd'hui les 30 000 (45 €). Le SMIC, lui, n'a pas bougé des 80 000 (120 €) malgré l'annonce fin janvier de son doublement. Pour info, les gabonais paie l'électricité comme le téléphone mobile : une carte pleine d'unités est insérée dans le compteur. D'où les queues hebdomadaires nocturnes au point de vente de ces cartes.

A la question "Quand est-ce que vous faites la révolution ?", mon gardien répond "Mais c'est comme ça ! C'est la vie-oh !"

Je vous laisse, je pars faire mon footing jusqu'au Score. Mon stock d'eau potable diminue !

samedi 3 avril 2010

En vrac

Je sors d'une petite grippe. Dans un pays équatorial, qui l'eut cru ! Certainement la conséquence d'un collègue avide de climatisation, ou bien la Grippe A a-t'elle finalement décidé de faire l'expérience de l'Afrique.
Je n'ai pas énormément posté cette semaine. Mon esprit vagabondait sur les grandes questions de l'humanité telle que "comment utiliser mon temps libre à bon escient ?", celle-ci fleurtant avec la question de mon avenir professionnel. Et puis l'évènement est venu bousculer tout ça. Je me retrouve actuellement le seul VIE à travailler dans l'entreprise. Les autres contrats viennent à l'instant de se terminer. Là dessus, la Direction Générale a pris la décision de me sucrer la 206 pour réduire drastiquement les coûts.

Acheteur de formation, je vais faire semblant de ne pas connaitre le montant de location d'une citadine à l'année en comparaison de la somme des amendes douanière pour falsifications (involontaires) de la valeur des matériels pétroliers à l'import.
Bref je n'ai absolument rien contre les balades en taxi, c'est toujours plus sympa de discuter en voiture. Mais j'ai encore du mal à imaginer le trajet de retour des courses. Inquiet, j'ai appelé le décideur. Voici ses quelques arguments très convainquant :
"Les VIE ne s'entendaient pas sur le partage de la voiture." Ah mince, j'ai loupé l'épisode !
"Demandez à vos gentils collègues de faire vos courses." La semaine prochaine, je me promets de lui demander son 4x4 pour mes achats. Après tout, on fait parti de la même grande entreprise !
"J'ai envie de dire Débrouillez-vous, Achetez une voiture." Dans mon budget, je recherche un vieux tacot. J'accepte la rouille et les pare-brises fissurés !
"Et puis, il y a plein de gabonais qui font leurs courses en taxi." Oui, après tout ce n'est pas moi qu'on cherche à recruter... ça doit être un gabonais !
Et puis il est chef, il a raison ! Non ?

Le paramètre "voiture" a eu un impact direct sur ma motivation au travail. Ce que les minutes s'égrènent vite ! C'est toujours surprenant, en regardant l'horloge Windows, de comptabiliser le temps écouler depuis le début d'un surf paisible à travers les sites d'emplois, les forums d'Achats, les PME émergentes. A propos, il y a une centrale d'achats orientée éthique et développement durable qui m'a l'air sympathique. Achats Concept Eco, installée dans l'Isère. Je vais enquêter pour déterminer si c'est du flan.

Mon projet d'entreprise de la semaine : Livraison à domicile des produits Casino !
Il serait facile de se baser sur le dense tissus des taxis de Port Gentil. Je peux estimer le coût d'une course à 1 000 (1,5 €). A vue de nez, pour un panier standard de 50 000 (75 €) rapidement atteint dans le supermarché, le service pourrait revenir au client à 5 000 (7,5€). Investissement nécessaire : Rien !
Organisation de l'entreprise : Réception par l'entreprise d'une commande via internet. Après consolidation par heure des paniers, un employé passe régulièrement acheter les produits au Casino et contact par téléphone les taxis. Le taxi prend en charge une commande jusqu'à la livraison chez le client. La facture est réglée en nature au taxi, conformément au montant indiqué sur le reçu internet. Le taxi est payé dès qu'il a remis le règlement à l'entreprise. Sur place, il peut alors prendre une nouvelle commande.
Durant les heures creuses, les taxis ne sont plus sollicités et transportent des passagers comme à l'habitude.

Objectif de la prochaine semaine : je vais reposter régulièrement sur le blog, et tâcher de ne plus m'attarder au bureau.

mercredi 24 mars 2010

Semaine de dingue !

Et voilà, c'était prévu !

Elle a commencé très fort. Deux jours à cuire à petit feu dans un bâtiment privé de climatisation. Je maudis la compagnie nationale d'électricité et ses coupures à répétition. Evidemment, mon entreprise a pensé à tout, même au groupe électrogène. Seulement on n'est pas sûr que Caterpilar (son petit nom) supporte toute la charge. Alors on isole les circuits secondaires en ne gardant que le strict nécessaire à la production d'intelligence : les écrans, les téléphones, les imprimantes, et les cafetières. Et voilà, obligé de travailler au souffle chaud d'une fenêtre entre-ouverte avec une réserve de 3 heures d'eau sous le coude...

Et elle continue : j'ai enfin obtenu mon permis de conduire, tamponné depuis un mois déjà. Reste l'étape ultime, la francisation du document. Et on repart pour un tour administratif de paperasse et obligation consulaire... authentification du permis, photos d'identité, copie de tout document d'identité, certificat de santé, et des sous (encore des sous !). Ah, j'oubliais l'enveloppe timbrée à la silhouette de Marianne. Où est-ce que je le trouve, moi, le timbre ici ?

Et toujours... Faut savoir qu'à Port Gentil, la notion d'horaire n'existe pas. Le site, la brochure, et même le préposé au téléphone à beau vous indiquer les heures d'ouverture... de toute façon elles ne sont pas respectées. Pire, vous vous retrouvez avec trois horaires différents ! Et là, vous choisissez lequel ?

Pour m'achever, le fournisseur n'a toujours pas renvoyé ma carte d'accès à l'association sportive après deux mois d'attente ! Dans une semaine je ne franchirai plus le seuil du dojo !

Finalement j'ai craqué... j'ai acheté un Rustique bien puant à 8 €, et j'ai descendu mon Miel Attiki !

vendredi 19 mars 2010

Rien !

Cette semaine... rien ! Les climatiseurs ronronnent glacialement. Les routeurs et points wifis poursuivent leurs discutions scintillantes. Réseau téléphonique et ADSL vacillent au pas de Gabon Telecom : un coup ça marche, un coup ça marche pas !
"Oui, mais faut faire quelque chose ! On est client, on paie !!
- Eh ! Oui, faudrait relier Port-Gentil par fibre optique !"
Bref, grand projet d'entreprise pour un horizon tout aussi immense. La route Libreville - Port-Gentil se cache toujours dans un tiroir ministériel, comme il est toujours nécessaire de composer trois numéros consécutifs pour réussir à sonner un GSM depuis un poste fixe.
Cette semaine... rien ! Pas de problème domestique. Pas de venue d'entreprises de nettoyage, ramonage, réparation, connexion, peinture, serrurerie... A cette quiétude désirée, je pressens l'aube du prochain orage tonnant l'apogée de la saison des pluies. Celui qui d'une bourrasque va dévaster sans distinction végétations et toits de tôles, déchainer les champs électriques à longueur de nuits et pulvériser mes disjoncteurs. Déjà l'état des lampadaires renseignent sur l'avancée de la saison. Soir après soir, les géants sombrent dans l'obscurité, entrainant dans le noir quelques mètres de route, de terre et d'herbes. Apparemment, ça n'inquiète personne ! Mais que fait la DDE ?
Ah oui, c'est vrai ! Elle est occupée à la réfection de la chaussée du centre ville. Celle à l'état de surface impeccable qui longe le Palais Présidentiel...

lundi 15 mars 2010

La main dans le sac

Révolution écologique dans la capitale économique gabonaise. Port Gentil s'apprête d'ici un mois à importer d'une entreprise française des sacs biodégradables appelés à remplacer les actuels poches plastiques roses et noirs actuellement en circulation dans les marchés et supermarchés. L'objectif est une première mondiale. La ville s'apprête sous un semestre à interdire l'utilisation des habituels sacs et poubelles en plastique qui terminent invariablement leur vie au bord des routes, dans une décharge sauvage ou bien à la surface des eaux proches. Les nouveaux sacs à base de fécule de pommes de terre seront désormais les seuls à être utilisés par la population. Alors... à quand Libreville ?

samedi 13 mars 2010

La vie économique

Port Gentil présente deux économies. Celle du centre ville, la riche, appartient au gabonais aisé et à l'expatrié européen. Avec l'importation des normes et des matériaux, tout y est similaire à la France. Les voitures viennent de l'autre continent. Les lampadaires, les panneaux de circulation, les boites de conserves, les climatiseurs, les cuisinières, le lait sont estampillés aux couleurs des célèbres marques françaises. Tout comme dans la capitale romantique, des supermarchés ont fleuri pour répondre à la demande de cette catégorie de clients habitués à la consommation de masse. Ici avec l'ensemble des ingrédients à l'import, je suis à même de réaliser la spécialité Da Rocha : à savoir les pâtes estudiantines Barilla aux lardons Herta, aux oignons frais et à la noix de beurre Elle&Vire (cassez un oeuf sur le mont pasta avant de servir dans des ustensiles IKEA). Je peux me laisser tenter par du thon Saupiquet, de la farine Francine, des pâtes Barilla, de la moutarde Maille, du camembert Président, du riz Uncle Ben's, de l'huile d'olives Ducros, du vieux rhum Dillon... Tout cela bien entreposé dans les allées renouvelées et continuellement nettoyées par une armée d'employés pour contrecarrer la montée du chômage.
L'autre mode de vie est incarné par le Grand Village où se tiennent d'immenses marchés. On trouve de tout. Un ennui de plomberie, une vieille installation électrique à réparer ? Les articles qui ne sont pas en rayons se dénichent forcément au Marché de la Balise. Les commerçants y ont des planches qui font offices de stands, certains possèdent un local aux allures de studio pour l'entreposage et la présentation de leurs produits. C'est un peu le bordel, mais ça respire la vie grouillante aux sons chaleureux des échanges amicaux. L'achat n'est parfois qu'un prétexte pour passer le bonjour à l'ébéniste.
Cette confrontation des cultures est partout remarquable. Pour diner, j'ai le choix entre un menu français entouré d'une décoration soignée qui se veut cassure avec l'atmosphère empoussiérée extérieure, et un poisson braisé dans un coin de jardin ensablé où se dévisage quatre tables face à la petite habitation des cuisiniers improvisés. Les bars du centre ville sont climatisés et proposent la diffusion du rugby français par chaîne câblée. Les terrasses du quartier sont écrasantes de chaleur malgré le réconfort d'une bière à la fraicheur incertaine du frigo débranché. Les 4x4 appartiennent aux personnels des entreprises pétrolières, tandis que le gros de la population, dénué de permis de conduire, ne se déplace qu'en taxis. Impossible pour la majorité de découvrir les abords de la ville. Et quand bien même... pour quoi y faire ?
La situation est similaire à regarder le niveau d'études. Pour former aux postes de gestion d'entreprises, Port Gentil ne dispose que d'une Ecole Nationale de Commerce délivrant le BTS. La ville prévoit de terminer la construction du campus d'une prochaine université dans quelques années. D'ici là, les seules possibilités d'études supérieures offertes aux port gentillais sont la formation française à distance ou bien le suivi d'études dans un pays étranger.
Et tout ce petit monde essaie de cohabiter tant bien que mal. L'État mandate des entreprises pétrolières pour l'exploitation des licences onshore et offshore. Celles-ci sous-traitent des services de maintenance, de gardiennage, d'outils informatiques à des filiales locales d'importants groupes internationaux. La majorité des entreprises de la place tire son revenu indirectement des activités de l'huile. Les employés rapportent l'argent à la famille. Et tout le monde est content... sauf à parler récemment de réduction des coûts !

mercredi 10 mars 2010

Anecdote de la vie quotidienne

Durant mon bref séjour sur Libreville pour obtenir ma carte de séjour, j’en avais profité pour acheter du tissu aux couleurs locales dans le marché artisanal. En fait de tissu gabonais qui n’existe pas, j’avais pris un imprimé sénégalais dans les tons jaune ocre de fabrication industrielle, comme l’avait attesté l’étiquette bleue collante de la marque ajustée à l’un bord.

C’est en revenant dans mon appartement que j’ai véritablement trouvé quoi en faire : un rideau ! Le ton vif allait rendre quelque peu chaleureux mes murs alors uniformément blancs sanitaire.
J’ai présenté mon projet à un tailleur du marché de Port Gentil qui m’avait été recommandé pour des travaux simples (évitons les chemises cintrées !) Lui confiant le tissu, il s’est débrouillé pour dénicher un système d’accrochage peu onéreux et adapté à ma tringle nue.
Revenu une semaine plus tard, il m’a présenté son travail : exactement ce que je lui avais baragouiné entre deux mots et trois dessins. Le bonhomme est parfaitement recommandable !

Après quelques retouches de longueurs pour finalement obtenir les dimensions pointilleusement exactes de ma baie vitrée, j’installe ce cadeau que je me suis offert ! Tout colle, les crochets accouplés à mon rail de guidage remplissent leur rôle à merveille !
L’émotion soudaine qui découle de cette entreprise de bidouille il y a peu incertaine, et désormais achevée, me fait asseoir l’instant de la contemplation d’un rideau animé par des ombres végétales qui jouent sur les motifs exotiques. Il y a là du jaune, du marron, des touches de rouges, le vert extérieur, une note de bleu… Ah bah oui ! Il est tellement doué qu’il m’a cousu l’étiquette adhésive !


lundi 8 mars 2010

Changement de bureau

Ya de l'évolution !
Je passe du carrelage à la moquette. Bon, elle ne monte pas jusqu'aux genoux, mais je ne rechigne pas sur les pas feutrés des fournisseurs, mesurant leurs gestes dans cet environnement étouffé, pour prendre place en face de moi. Il me reste à penser à une petite plaque nominative pour orner mon bureau...

samedi 6 mars 2010

Ca secoue dans les chaumières

Cette nuit, Orage ! Le genre à se croire en pleine guerre, la tête dans le fût, les oreilles collés aux parois à chaque flash qui illumine violemment les murs à travers l’interstice des volets clos ! Par moment, quelques effets stroboscopiques rappelle une cheminée tout feu tout flamme dont mon palier s’égayait à jouer l’antre. Les murs tremblants, je finis par fermer l’œil.

Brusquement l’obus éclate sous ma fenêtre dans un étincelant fracas ! Réveil en sursaut. Pas longtemps, l’armée bat en retraite, et bientôt de la météo contrariée il ne reste que les spasmes incandescents qui faiblissent.

Réveillé au petit matin par les premiers rayons de soleil, je tends un œil mou vers mon réveil à piles. 04 :32. Non, attendez, c’est bien trop tôt pour faire jour ! C’est quoi se binz ? Je glisse sur le carrelage et rampe vers la douche, passant au nez de climatiseur muet. L’interrupteur singe ma fulgurance matinale : pas de lumière ! Ya vraiment des trucs pas clairs ce matin ! Je fais un crochet par la cuisine et tâtonne sur les touches musicales du tableau électrique. Je relève le directeur et deux adjoints. Bien sûr, ils n’ont pas de nom pour distinguer leur fonction ! Poser négligemment sur la table du salon, l’heure de mon mobile me donne 7h34. Mon fauteuil d’entreprise attend mon popotin depuis déjà quatre minutes.

Le soir venu, home sweet home ! Je passe une jambe dans la chambre et, Quelle horreur, elle est aussi chaude que les allées biscuits du Casino ! Déjà qu’elle n’était pas isolée, si en plus mon climatiseur se contente de brasser l’air, je vais passer une nuit torride ! Pour équilibrer la perte, je pousse celui du salon au maximum. Un pull apprêté pour mon confort, je prévois un dîner à la fraîcheur nocturne. Mais non ! Tout comme le dragon épuise son feu et meurt, mon climatiseur offre actuellement ses derniers soupirs glacés
Je fais le tour des installations pour relever d’autres éventuelles dommages : je passe à la cuisine vérifier la salle des serveurs !


Sur la plaquette de bois, à la verticale de la gazinière, repose le nœud informatique des huit logements de plein pied de la Concession. Deux modems ADSL, un routeur, un point Wifi et une alimentation de secours en cas de coupure de courant baignent dans l’atmosphère surchauffée de ma cuisine à température extérieure. Le pratique de la chose, c’est que ça m’amuse de voir clignoter les loupiotes alors que mon steak porté au feu suinte l’huile dans la poêle fumante ! Dans cette ville de tous les kongossas (= rumeurs), je pourrais même dénoncer mon voisin numéro 8 qui suce la bande passante comme un bébé goulûment son sein maternel !
Pourtant ce soir le sapin ne brille pas des masses. Yen a un là-haut qui a dû se prendre une châtaigne de la Grosse Bertha la veille. Mais je préfère ne pas toucher. Je leur en fais déjà assez voir avec mes grillades de poissons !

jeudi 4 mars 2010

ULM sur l'Ile Mandji

Fin d’après midi, balade en ULM au bord d’un soleil déclinant. En binôme, nous avons parcouru l’Ile Mandji, région de Port Gentil qui s’étend d’Ozouri (au Sud) au Cap Lopez (au Nord). En fin de vol, mon T-shirt me collait à la peau d’humidité et de sel océanique !


Humez l’odeur de poussière et ressentez la moiteur de la verdure à travers ces quelques clichés de la brousse banlieusarde de la capitale économique ! Je vous laisse apprécier les prises de vue.

Lien Picasa

mercredi 3 mars 2010

Riding to Ntchengué

J’essuie la tige métallique d’un chiffon blanc et la replonge dans le carter. Je la déloge à nouveau pour lire le niveau d’huile. Ok ! Le liquide de frein oscille lui aussi dans la bonne fourchette. J’ai fait ajuster la pression des pneus à la station service. Alors que l’employé courrait d’une roue à l’autre pour me donner les mesures d’un air interrogatif, je cherchais désespérément les références sur la trappe d’essence, puis dans le manuel :
« Là j’ai 3 bars, Monsieur ! C’est ça qu’il faut ?
- Attendez, faut que je trouve les pressions…
- Et celle-ci j’ai presque 3 bars, Monsieur ! C’est bon ?
- Mais j’en sais rien, laissez-moi deux secondes ! »
Je les ai finalement trouvé dans l’entrebâillement de la porte conducteur. Quant à savoir si les 3 bars de l’appareil valent réellement 3 bars… De plus, l’allure écrasée de l’avant droit continue de m’inquiéter. Je crois bien qu’il fuit !

Bien, tous les contrôles sont au vert ! Je suis paré pour parcourir les onze kilomètres qui me séparent de Ntchengué (prononcer ['Tchéngué]) ! Les dires témoignent d’une route en dur, mais peu praticable en voiture de tourisme. Mais moi pas peur ! Je m’apprête à chevaucher ma 206 galopante noire !
Je m’installe à bord. Dernière check-list avant le départ. Appareil photo, Ok. Pack anti-soleil (casquette, crème, lunettes), Ok. Bouteille d’eau (des fois que la nuit m’attrape sur les longues routes texanes), Ok.


J’ai quand même une bonne excuse pour tant de précautions. La seule indication qui m’a été donnée est : « Avant Ntchengué, tourne à gauche au panneau » ! La veille, j’ai bien pris la peine d’imprimer un plan. Mais que voulez-vous voir sur une parcelle d’herbe traversée par une nationale ? Réponse : une droite jaune de biais sur fond vert ! La version satellite n’a pas donnée de meilleur résultat. Le bougre a oublié de zoomer avant de déclencher le flash !

Contact ! Clim’ ! Radio ! J’aurais au moins le privilège d’avoir les infos au frais pour passer le temps si je me « tank » ! Le GPS de mon mobile pointe le parking de la Concession. En avant !
Sorti de la ville, je passe devant l’hôpital Ntchengué. Il me reste 8 kilomètres et 15 minutes pour être au rendez-vous. A l’aise… Ben v’là que mon GPS fait des siennes ! Evidemment, ce qui n’est pas pratique avec GoogleMaps, c’est qu’à défaut de recevoir les données en temps réel par liaison radiophonique il ne faut surtout pas oublier de télécharger la carte avant le trajet… Bon ben, j’ai plus qu’à sortir mon papier Kandinsky du vide poche !

La route rougit de terre et se ride. Les nids de poule grossissent. Impossible de les éviter à vive allure, je rétrograde et sourit au cliché du vacancier : « ça va me faire baisser ma moyenne » ! A contourner en première les dépressions de gauche à droite de la route, je suis sûr de mon heure de retard. La roue gauche dans un trou remonte, tandis que l’arrière passe l’obstacle à son tour. Oh et puis tiens, on va valider la théorie du TGV !

La théorie du TGV dit qu’un train peut passer à pleine vitesse sur un tronçon auquel il manque deux mètres de rails sans rien ressentir. Seulement pour atteindre 300 km/h avec Titine, va falloir se lever tôt, et dans l’avion !
Résultat de l’expérience : la vitesse limite inférieure est 50 km/h. En classe confort, on monte à 70 km/h. Bon, c’est sûr qu’une grosse crevasse qui se pointe inopinément sous le châssis se ressent violemment. Du genre d’un réveil nocturne brutal : « Oulà qu’est-ce qui m’arrive ? » Le regard béat devant le contenu du vide poche passé entre les pieds, le balayage rapide de l’essuie-glace, sa manette remontée d’un cran sous le choc. Débrayage, frein à main. La radio diffuse le fond sonore d’une nouvelle station. Ouverture de la portière. Je mets la main sur les yeux pour ignorer le vide d’un pare-choc arraché. J’écarte craintivement l’index et le majeur. Ouf, ça va ! Le moteur est toujours sous le capot ! Un petit coup de pied dans le pneu pour m’assurer qu’il est toujours solidaire de l’aventure, et on repart.

Bientôt je remarque qu’à chaque tronçon infranchissable, une voie de sable en bordure de la route a été aménagée par le passage successif des véhicules. Avec ses petites dunes, elle fait penser à Mickey et ses montagnes russes. C’est fou tout ce qu’on peut faire faire à une Peugeot !

Peu après, me voici nez à nez avec la fin du bitume. Devant moi les prémices d’une piste sinueuse ensablée. J’ai dû dépassé mon très désiré carrefour… ou bien ! Sans grande envie d’envoyer Titine s’enliser les quatre fers, je fais demi-tour. Quelques indications de passants et je retrouve finalement mon chemin. J’arrive pile à l’heure pour ma séance d’ULM !

Photos très prochainement !