mardi 26 janvier 2010

Le taxi gabonais


Prendre un taxi au Gabon n’est pas inné. C’est avant tout une question de sélection naturelle. De bons yeux décèleront de loin le capot bleu sur fond blanc s’approchant à vive allure. De jour, c’est enfantin. Mais je vous mets au défi d’en repérer un de nuit, les pleins phares éblouissant vos yeux alcoolisés sur cent mètres !

Maintenant, l’approche : vous êtes un expatrié, le taxi s’arrête à quelques mètres de vous. Pour un local, l’exercice est plus physique, il ne fera que ralentir à sa hauteur ; le taxi contient déjà deux personnes et n’a pas de temps à perdre avec vous. Le chiffre d’affaires dépend du nombre de clients transportés, et donc de la rapidité à les déplacer pour en récupérer de nouveaux.

Vitre passager baissée, c’est le moment de lui annoncer la destination et le prix. Il est de tradition que les courses d’expatriés en centre ville s’élèvent à un minimum de 500 FCFA (0,90 €). Un local parviendra à bon port pour 200 FCFA.
Nous ne sommes pas en Egypte, il n’y a pas de négociation. Le prix ne lui convient pas, le taxi repart ! La destination n’est pas sur sa route, le taxi repart ! Vous tenterez votre chance avec le suivant.
Pas de fine bouche en montant ! Ne faisons attention ni au pare-brise fendu, ni au derrière embouti !
Pourtant ces détails rappellent une réalité. Conduire derrière un taxi n’est pas de tout repos. L’œil braqué sur son unique phare arrière, il faut s’attendre à piler pour laisser un nouveau client disparaître à l’intérieur. La voie de gauche n’est pas non plus une solution long terme ; lancés à vive allure, les taximan prennent toutes occasions pour vérifier constamment le bon fonctionnement des phares et klaxon ! La conduite au centre ville se résume au slalom qui évite les taxis freinant à droite et ceux doublant à sens inverse sur votre gauche.

L’Union, LE journal du Gabon, a plusieurs fois mentionné des accidents de voitures impliquant des expatriés. Plus rarement des taxis. Pourtant…

lundi 25 janvier 2010

Dimanche plage !

Le paysage n'est pas très glamour ! Pour ne rien vous cacher, il a fait un temps pourri tout le week-end. Et dans ce cas là, deux solutions : on regarde des films au vidéoprojecteur, ou bien on ose le volley-plage malgré la pluie tiède ! J'ai opté pour dégueulasser tout mon appartement de sable blanc et fin.

La plage Sogara vient du nom de l'entreprise implantée quelques centaines de mètres plus loin : j'ai nommé la Société Gabonaise de Raffinage ! Au premier plan, la rampe d'accès des catamarans et des "pirogues". Les pirogues sont des bateaux moteurs double Evinrude qui permettent de rejoindre rapidement différents points de la baie. La tarification est similaire aux taxis. On se met d'accord sur le prix avant le trajet.

Le long de la plage sont installés guinguettes, restaurants. La proportion d'expatriés bat des records !



dimanche 24 janvier 2010

Un peu de recul sur Port Gentil

Et voici quelques éléments cartographiques !

Port Gentil se situe à 200 km au Sud de Libreville, la capitale administrative gabonaise.


Port Gentil est entouré d'eau. Quelques kilomètres au Nord se trouve le Cap Lopez. L'aéroport est le (seul) moyen de rejoindre les vols internationaux depuis Libreville. Le centre ville s'étire le long de la rive. Plus en recul se trouve le quartier gabonais résidentiel.


Total Gabon est au Sud du centre ville. La politique actuelle veut regrouper tous les employés au sein de la Grande Concession, distant des lieux de travail de quelques minutes à pied.


L'avenue du centre ville (en rouge) est bordée de commerce, d'agences téléphoniques, de banques, mais aussi de restaurants. Une nouvelle loi prévoit désormais la fermeture des bars à 22h, tandis que les boites de nuit amassent la clientèle.
La route côtière (en bleue) longe le Palais Présidentiel. Entre les deux avenues, peu de voies transversales sont praticables sans 4x4 !


samedi 23 janvier 2010

Quelques photos du dehors !


Le boulevard Hourcq, sur la gauche le mur de la Grande Concession récemment surélevé


Toujours le boulevard Hourcq, sur la droite le parking de Total Gabon
Remarquez la réalisation des caniveaux jouxtant le "trottoir" à sa gauche


Une femme qui possède une grosse voiture se traduit par "Laissez-moi, je suis indépendante !"




A votre gauche le centre ville, à votre droite les entrepôts Total Gabon
En face, la route du bord de rive

vendredi 22 janvier 2010

Fin de jeu pour le Gabon

Le Calao était bondé. Cette terrasse couverte qui accueille habituellement une population rare avide de sandwichs du midi regroupait ce soir-là un essaim de supporters, aussi enflammés que fugitifs, du football gabonais. La soixantaine de chaises s'étaient rapprochées des tables carrées d'extérieur en bois pour mieux savourer les innombrables bouteilles en verre de 33 export.
Les représentants de la marque ont marqué le premier but. D'ordinaire la 33 se paie 350 FCFA (~0.5€). En comparaison, une bouteille de 50cl d'eau du pays coûte 500 FCFA (0.90€). Pour l'occasion, les commerciaux, T-shirts assortis aux couleurs rouges de la marque, ont joué la formule gagnante "Une 33 achetée, une 33 offerte" !
Le vidéoprojecteur réglé quelques minutes auparavent diffusait sur écran géant la chaine sport de CanalSat. Les ventilateurs brassaient péniblement l'air lourd d'une fin de journée pluvieuse.
Mais bientôt la déception s'est emparée de la foule. Après le Cameroun, après la Tunisie, l'équipe n'était plus au rendez-vous. Malgré de nombreuses tentatives et une présence marquée face au but adverse, le football gabonais a capitulé 1-2 face à la Zambie.
Finie la CAN. Annulée la soirée empreinte de joie et de bière, rattrapée par la réalité de la défaite. Rendez-vous en 2012 !

Nourriture très locale

"Bonjour Madame, je voudrais deux sandwichs. Un à la viande haché, l'autre au poulet.
- avec un peu de piment ?
- oui, oui, un peu. Il faut que je m'habitue"

Très sympa les sandwichs, beaucoup de saveurs... surtout à 5h du mat' dans les toilettes !
L'avantage c'est qu'on les déguste à l'entrée... et à la sortie ! Rhaa le piment plus jamais ! Ca brûle de partout, plus possible de se lever de la cuvette pendant 1h !

Et puis maintenant j'ai une faim de loup. J'irais bien me faire un sandwich avocat...

mardi 19 janvier 2010

Le vecteur du plasmodium

Au moment du départ, j'ai reçu toutes les recommandations possibles et imaginables. Souvent en double ! "Fais attention quand tu sors !", "Prends soin de toi !" J'ai aussi eu le droit à "Couvre-toi bien ! Prends quand même un pull." ...dans un pays ou le soleil chauffe la chaussée à plus de 30°C.

Celles que j'ai conservé après tri concernent l'hygiène, la nourriture, les filles... et bien sûr les moustiques. A peine posée ma valise en plein milieu de mon salon, j'ai effectué les gestes de survie ! Les couverts sont passés à l'eau bouillante, l'espace vitale à l'eau de javel et ma peau à l'anti-moustique. J'ai enfoncé la prise anti-moustique dans le mur. Mais une demi-heure plus tard, plusieurs continuaient paisiblement de virevolter à droite, puis à gauche ! Je les entendais presque rire entre leurs battements d'ailes.
En réalité, les moustiques ne sont "actifs" qu'à la tombée de la nuit, aux alentours de 18h30. Un badigeonnage rapide de crème supprime le risque de piqûre. Dès 21h, ils se remettent à la sieste. A l'heure du dîner, je finis fréquemment l'assiette avec un camarade moustique posé à 30 centimètres de mon couteau. Sans réaction, il entame posément sa nuit.

Port Gentil héberge la forme mortelle de paludisme. Rapidement détectée, elle se soigne très bien à la quinine sans crise postérieure. Les symptômes sont ceux d'une bonne grosse grippe : courbatures, fièvres... Remettons les pendules à l'heure : il n'y a eu que 2 cas de paludisme en 10 ans parmi les expatriés français.

Pour mon compte, j'en suis à 1 piqûre ! Le salaud m'a eu à travers la chaussette !

lundi 18 janvier 2010

La Grande Concession

Quelques photos de l'environnement immédiat


La Grande Concession de Total Gabon. Sur la gauche, une "villa" composée d'un appartement et d'un studio. Au loin un immeuble d'appartements familiaux. La parabole c'est pour Internet.


Vue de la baie vitrée. Un palmier avec un fond d'immeuble résidentiel.

Un des nombreux lézards qui hantent Port Gentil. On trouve aussi des oiseaux, des chauves-souris, des moustiques...

dimanche 17 janvier 2010

La queue !

Les agences de services gabonaises (téléphonie mobile, banque) sont très similaires à leurs soeurs françaises. On y retrouve un espace d'attente, un espace information, un bureau de "contractualisation"... A première vue, rien ne change. Ca me conforte de retrouver du connu, je m'y sens à l'aise.
Une différence toutefois: la tendance française qui veut séparer les bureaux dans une pièce close pour favoriser l'intimité entre client et commercial n'est pas reproduite ici. Client et commercial sont dans le même "hall" que la salle d'attente. Ca n'est pas choquant, les agences de notre bonne vieille Poste sont similaires. Mais le point souligne la culture sociale et ouverte des gabonais.

Passant les portes d'entrée, je me dirige en direction du bureau devant lequel deux chaises à disposition du client sont libres. M'asseyant sur celle de gauche, je me lance dans l'interrogatoire qui permet à ma commerciale d'ouvrir ma ligne téléphonique. Tandis que les questions s'enchainent, quelqu'un s'installe tranquillement à ma droite à la place de mon éventuelle future femme. Peut-être est-ce un employé distrait ? Le geste ne perturbe pas la jolie employée dont les doigts ne cessent de parcourir le clavier. Puis, en aparté, elle se tourne vers mon voisin pour lui demander la raison de sa venue. "Je veux changer mon numéro de portable."
C'est donc un client ! Après un moment, il participe lui aussi à l'ouverture de mon compte au travers d'anecdotes, de blagues. Bref il joue le bout-en-train de notre trio !

La situation se reproduit également dans les bureaux des assistantes de mon entreprise. Alors qu'elle est en pleine conversation avec un employé, elle m'invite chaleureusement à occuper le second siège, me demandant ce qui m'amène... La règle: il faut occuper toutes les chaises !

Alors le lendemain, en rendant visite à mon agence téléphonique préférée, j'ai volontairement oublié de passer par la case "salle d'attente". Je me suis installé confortablement face à l'employée avec un grand "Bonjour", coupant presque la parole au client qui me précédait. Fallait la jouer fine, c'était un militaire !
Il me prend à parti :
"Non mais tu te rends compte que je ne peux plus téléphoner ? Ils n'ont même plus de carte à donner aux clients ! C'est quoi ce service.
- Ah oui, mais ils sont un peu bras cassés ici, en regardant la commerciale en coin. Mais allez en face, ils ne sont pas en rupture de stock.
- Je sais bien, mais je veux le même numéro ! J'ai perdu ma carte, et là ça fait 10 minutes qu'on me dit que je n'ai plus de téléphone. Comment je fais moi pour samedi ?
Je me tourne vers la femme.
- Vous n'avez pas de solution temporaire ? Des portables disponibles ?
Je savais d'avance qu'il n'y avait pas de solution ! Mais il faut jouer son rôle jusqu'au bout !
- Non, je suis désolé Monsieur, il faut revenir plus tard."

C'est quand même beaucoup plus facile qu'en France de discuter avec les gens ! En pleine queue, les conversations se lancent sur des broutilles et nous entrainent pour dériver au gré de l'actualité et de l'efficacité de la caissière !

samedi 16 janvier 2010

On prend son temps

Le centre ville de Port Gentil est une véritable épreuve psychologique ! Il faut y venir zen, reposé et de bonne humeur.

Lundi matin - Première étape du combattant. L'agence de téléphonie mobile Moov se positionne au carrefour qui annonce le début du centre ville. Les noms de rue sont rares à Port Gentil. Petite maisonnette de couleur vert clair, elle fait face à l'opérateur concurrent, Zain, dans les tons violet fushia. L'intérieur s'apparente à un hall ou se trouve quelques sièges d'attente autour d'une table basse, un bureau informatisé et des affiches vantant les mérites de la communication.
Pourquoi Moov plutôt que Zain ? Parce que mon entreprise a signé un partenariat qui propose à ses employés des tarifs préférentiels. Notamment la gratuité des appels entre employés ! Les opérateurs de téléphonie ne propose pas de forfait. Les recharges achetés au bord de la rue permettent d'obtenir des unités. On compte environ 10 000 FCFA (15 €) pour tenir le mois.
Mais ce qui est magique à l'étranger, c'est la nature complétement différente des contraintes ! "Bonjour, nous n'avons plus de carte SIM à disposition pour ouvrir votre ligne. Repassez en fin de semaine !" Bien sûr, on ne peut pas réserver sa carte pour être sûr de téléphoner dès vendredi.

Vendredi matin - Deuxième étape de l'homme moderne. "Bonjour, nous n'avons plus de carte SIM. Repasser la semaine prochaine !" Comprenant la logique, le client traverse rapidement la place vers la concurrence. Quinze minute plus tard, j'envoie mon premier SMS depuis ma carte Zain.

Beaucoup de services fonctionnent ainsi. Ou plutôt ne fonctionnent pas !
Le distributeur de la BICIG (Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Gabon) est très souvent dépouillé de billets. Dans la ville, tout se paie en liquide. En fin de mois, les gens ont pris l'habitude de retirer leur salaire au distributeur. Et la BICIG se retrouve à composer 200 000 FCFA par coupures de 5 000 ! Pourtant, le distributeur de l'UGB (Union Gabonaise de Banque) ne connait pas ce problème...

La paperasse administrative m'a avalé toutes mes photos d'identité ! Ce vendredi matin, je parcours le centre ville pour me faire tirer le portrait. Face au Consulat, l'opticien-photographe propose un tirage numérique instantanné. Mais, arrivé devant le comptoir : "Nous sommes en rupture de stock de film. On peut vous prendre en photo, mais vous devez revenir vers 11h !"
Cette malchance qui me poursuit... ou le cours normal de la vie quotidienne gabonaise !

vendredi 15 janvier 2010

Levée définitive du couvre-feu

Information toute fraiche !
Port Gentil, GABON. Le couvre-feu décidé suite aux débordements post-électoraux de septembre 2009 vient d'être levé. Initialement actif de 22h à 6h, il avait été repoussé jusqu'à minuit en octobre dernier.

"Le Conseil des ministres toujours déterminé à affermir le bien commun et sacré qu'est la paix, note avec satisfaction le comportement exemplaire dont les compatriotes résidant dans la ville de Port-Gentil ont fait montre lors des deux périodes d'allègement du couvre-feu à l'occasion des fêtes de la nativité et du nouvel an.
Aussi, le Conseil des ministres a-t-il décidé de la levée de ce couvre-feu dans toute la ville de Port-Gentil. Toutefois les ministres concernés par les questions sécuritaires ont été invités à une plus grande vigilance proactive dorénavant sur toute l'étendue du territoire national au bénéfice du peuple gabonais et de l'ensemble de nos partenaires."

Depuis une semaine, la population se doutait de la fin proche du couvre-feu. La présence militaire a reculé. Le matériel lourd a été rappatrié vers Libreville par bateaux, tandis que les hommes ont été progressivement démobilisés par avions. Des soldats de l'armée française confirmaient que, du couvre-feu, il n'en restait ces derniers jours que le nom.

Place aux soirées arrosées !

mercredi 13 janvier 2010

Aménagement

Je n’ai actuellement pas de coin PC dans mon salon. Je n’aime pas le voir traîner sur la table basse à se servir des cacahuettes et une goutte d’alcool. A y réfléchir, je le placerai volontiers au calme d’une bibliothèque à condition d’accepter de l’utiliser debout !
Toutefois, les étagères sont des simili IKEA. Je dois pouvoir en disposer de manière à convertir une planche en bureau entre deux montants. En fait il suffit d’abaisser l’une des étagères. Je pourrais alors y placer une chaise, et la hauteur y serait suffisante pour pianoter tranquillement des mélodies de prose ! Evidemment, sans tournevis, c’est beaucoup plus drôle. Choix des armes : une clé de verrou Vachette et mon fidèle couteau IKEA.
C’est quand même pas solide la Vachette. Maintenant, je n’ai plus que deux doubles pour ouvrir mon appartement !

L'installation

Avant d’entamer le Grand Ménage, je suis passé aux courses (au SCORE maintenant intitulé Casino), accompagné d’un collègue. En pénétrant dans les rayons, mon pouvoir d’achat français a brutalement chuté. 13 Frs les 4 yaourts… Faut pas déconner ! Nous disions donc 2 balais, 1 seau et quelques conserves pour survivre à la semaine. Ca vous fera 400 Frs.
De retour à la Grande Concession, avec l’impatience d’un gamin face à un nouveau Lego, je m’apprête à enfiler les manches à balais dans les brosses respectives. Attention, on ne rigole pas avec le Grand Ménage. Tous les outils sont importants. Il y a une brosse douce à longs poils qui repousse la poussière et les insectes au devant, puis une seconde aux poils courts et drus pour promener au bout du bâton la serpillière.

Malheureusement, manche et brosse ne correspondent par toujours ! Pas de panique ! Sortez les outils. Votre boîte Lego doit contenir deux couteaux inoxydables IKEA, l’un à viande, l’autre à bout rond. Avec le premier, réduisez le diamètre de l’arbre. Quand l’envie de tailler le bout de bois des westerns vous a passé, emmancher l’arbre dans l’alésage et démarrer la cuisson du second couteau. Attention, le plastique peut prendre feu. Assurer vos arrières avec un évier d’eau froide. Une fois saignant, plantez délicatement le couteau fumant dans le plastique pour solidariser les deux parties. Recommencez plusieurs fois l’opération. N’oubliez pas de graver vos initiales.

mardi 12 janvier 2010

Le studio

Mon « studio C7 » est en fait un grand 2 pièces. Le salon s’encombre de canapés, tables hautes et basses, chaises et étagères. A l’inverse, la chambre ne contient qu’un unique lit deux places. C’est pour moi l’occasion de m’adonner à ma grande passion : réaménager ces espaces ! D’ailleurs un ménage décapant est un très bon prétexte pour déplacer les meubles sur toute la longueur de la pièce.
Quoique, ce matin j’ai déjeuné avec M. le Cafard. Sorti de sous le canapé après une douce nuit à la fraîcheur climatisée, je l’ai senti avide de chaleur tropicale. Ma tongue l’a intercepté à l’aplomb de la porte de la cuisine étouffante. Songeant un instant à le garder en trophée au regard des entreprises de désinsectisation, j’ai préféré le transporter à bout d’antenne jusque dans l’antre de la poubelle. Saviez-vous que tout comme les lézards perdent leur queue, les cafards perdent leurs antennes ?

lundi 11 janvier 2010

L'envol !

Au travers du hublot sillonnent les cours d’eau parsemés de hameaux. Le paysage vert bleuit un instant au dessus de la Méditerranée. Puis comme change le continent, le sable s’étend. D’abord en petites touches entre lesquelles des rivières asséchées se devinent. Puis une mer de dunes remplace finalement les précédentes images. Du sable à perte de vue. L’écran plat qui orne le dos du siège de mon voisin de devant m’annonce le survol du Sahara. Le reste du voyage s’effectue au-dessus de nuages cotonneux. Micmacs A Tire L’arigot est le bienvenue.

dimanche 10 janvier 2010

Décollage - Destination Afrique !

5 janvier. Je patiente à la chaleur d’un café sous l’immense voûte d’un terminal de l’aéroport de Roissy-CDG. 9h affiche 3°C. Les contrôles sont de plus en plus contraignants. Il ne suffit plus de passer le portique chaussures et ceintures à la main. Aujourd’hui, ordinateurs portables doivent être sortis de leur sacoche, anti-moustiques et crèmes solaires sont confinés dans des sacs de congélation, vestes, montres, téléphones, et monnaies sont épiés aux rayons X.

Quelques minutes auparavant, je me trouvais dans la queue tortueuse. Sentant son heure approcher, mon prédécesseur se débarrassa de sa veste et la jeta sur son avant-bras. Il remplit plusieurs bacs laiteux qu’il disposa l’un après l’autre sur le tapis roulant. Ordinateur et sac de cabine furent amenés sous les rayons. Bientôt ce fut mes affaires, mon ordinateur sorti de ma sacoche, sortie de mon sac à dos. Allégé de mes richesses, je m’arrêtai un instant pour observer à travers le portique les gestes de l’agent qui m’autoriseraient le passage. Je le franchis sans biper, déçu ! Tant d’attente pour rien ! Je m’attendais à un débarquement du SWOT ou bien simplement à un « Monsieur, s’il vous plait… ». Mais, l’employé ne m’accorda pas même le privilège de la fouille au corps. A peine un mouvement de la main qui me pria de passer. Pressé de retrouver le confort de mes chaussures, je marchai jusqu’à l’extrémité du tapis. Vide escompté l’anti-moustique qui venait d’être placé à l’écart dans un sac transparent. Dans l’attente des prochains bacs, je jetai un œil vers l’homme à la veste qui finit de reboucler sa ceinture, puis observai distraitement l’écran de contrôle. L’image fixe proposa une représentation disséquée de mon ordinateur portable. Joli fond d’écran en vérité ! Les courbes oranges et vertes rappelèrent imperceptiblement le célèbre cliché d’une collision de particules au sortir de leur accélérateur !
Le tapis était à l’arrêt. Aucun agent ne se trouvait derrière l’écran. Derrière moi, au-delà du tapis roulant, une femme en uniforme se plaignit, la voix portante, à ses collègues. « Cinq minutes ! J’attends cinq minutes ! Et je compte… Pas une de plus ! » L’heure de la relève est sacrée. Assurer le quart d’un retardataire devient insultant. Qui ose la prendre pour un pigeon ? Après une ultime mise en garde, elle s’avança jusqu’à l’écran, s’assit et actionna le tapis.

L’écran affiche de jolies couleurs. Quelle technologie ! Pourquoi n’a-t-on pas les mêmes harmonies sur les radiographies médicales ? Pourquoi n’attirent-elles pas plus l’attention de l’agent tandis que défilent intimement les affaires du touriste et de l’homme d’affaire ? L’attente préalable accroît l’efficacité aux yeux du passager. Comme un film dramatique sait amener le spectateur au dénouement brutal, l’attente préalable du passager accroît l’intensité du contrôle. Puis, libéré, le voilà qu’il attend de nouveau, assis au sein d’une foule, un mot sur un écran.

Tout ça pour s’entendre annoncer un retard au départ. Le vol se décale de demi-heure en demi-heure. Le mouvement de grève se poursuit jusqu’à midi. Dernier clin d’œil français avant l’envol.