mardi 29 juin 2010

Un rêve ?

De l'herbe. A chaque pas, des fragrances s'en émanent et me rappellent la pelouse fraichement tondue de l'école. Les brins humides se faufilent à travers mes orteils. Tandis que la plaine dévoile son vert charmeur, le soleil du zénith accable la faune de rayons. Ca et là, des arbres majestueux salissent de leurs ombrages mouchetés ce parterre uniforme. Allongé sous l'un deux, les feuilles d'été pourchassent, au gré de la brise, des souvenirs de nuages.
A quelques pas, le reflet bleuté du ciel s'étire inlassablement sur le lit de la rivière. Bientôt, plus une strie ne raye la végétation de la rive opposée. Une fascinante symétrie se crée. Par moitié, la berge se découpe à la lumière du ciel. Par moitié, elle se perd dans le bleu profond des eaux.
Par instant, l'oiseau s'égare dans ce tableau. Il embrasse la surface et trahit le miroir. L'enchantement se rompt le temps de son repas. Mais le voilà déjà loin dans les flots, au dessus des arbres.
Je suis attiré par le bord. Le ciel se dissipe. A sa place, des pierres posées sur la vase. Des myriades de poissons se meuvent et détourent les obstacles. Brusquement, ils obliquent, parfaitement synchrones. Et, aux hasards des tâches de lumière, leurs corps disparaissent.
Je nage. Le froid s'estompe en quelques brassées. Le soleil, pesant, éblouit la surface en dérive. Le paysage se dévoile comme s'approche le coude de la rivière. L'une après l'autre apparaissent patiemment les piles du viaduc. La fraicheur de son ombre accentue sa ligne massive dans le ciel...

lundi 28 juin 2010

Idée noire

Quelle capacité avons-nous à créer notre propre enfer ! Une certitude par-ci, une idée reçue par-là... Et nous voici entrainés dans cet univers dont nous seuls distinguons la logique malade. Bientôt nous percevons notre entourage à travers se filtre déformant. En vain, ce sont chez eux que nous nous efforçons de surprendre les symptômes qui nous distancient.
Cette vue altérée du monde, nous nous y cramponnons de toutes nos forces, de peur de tomber dans des travers aussi horrible qu'absolument imaginaires. Souvent, des âmes justes en mal de bonnes actions nous aident à s'en éreinter les arguments pour soutenir ces fondations fébriles. Mais que feraient-ils d'autres, sinon de détruire plus rapidement encore notre illusion berçante. Comment pourrions-nous, dès lors, nous imposer inconsciemment obligations morales et contraintes sociales ! Ces lois inévitables qui nous semblent aussi fatales que deux et deux font quatre.
Parfois, deux personnes s'observent à travers les mêmes aberrations. Un sentiment de compréhension mutuel les allie avant que n'apparaisse une face cachée, floue, irrationnelle. Et de nouveau ce filtre qui dicte à chacun sa conduite et les éloigne inévitablement...

dimanche 13 juin 2010

2 semaines de plein air

Brièvement quelques photos de mes vacances sur la Côte Ouest ! Non, ce ne sont pas les Etats-Unis, mais ça vaut le détour. Quant à le refaire... nous avons passé beaucoup de temps à être transportés ! La pirogue, le 4x4 et le bateau deviennent intenables après deux heures sagement tassés sur nos sièges.


Tout d'abord un séjour autour d'Omboue et de son embouchure

Puis une sortie 4x4 pour le bord de mer, à Akouri

Enfin un aperçu de la faune d'Afrique de l'Ouest à Nyonie

Et bien sûr, l'album complet sur Picasa

jeudi 10 juin 2010

Idées à partager !

Aujourd'hui, nous allons apprendre à imposer des idées nouvelles aux collaborateurs !
Prenons une idée. Agitons-là un moment dans le bureau pour deviner son potentiel. Ah, c'est une Bonne idée... Parce qu'il y en a des mauvaises, parfois déguisées en pensées envahissantes ou bien en intuition féminine. Ce sont les pires ! Nous devons maintenant en soutirer la substance, presser à en extraire l'huile essentiel, garder la crème de ce brouillard cognitif... et l'étaler sur papier. Ou sur Excel pour faire moderne !
A cette étape, le génial inventeur ne peut s'empêcher de répandre des échantillons, des mises en bouche de sa révolution. Sans effet d'ailleurs ! Miné par l'indifférence générale, il prend l'incroyable risque d'en toucher un murmure au Chef. Lequel se fiche royalement de rejouer 1789 dans ces bureaux, tandis que son chef à lui attend à en user son fauteuil le planning à jour. Géo Trouvetou rentre tout bonnement penaud dans son bout de bureau. La nuit est dure. L'incompris se morfond entre déception et fatalité. Quelle bande d'ignorants ! Ils ne savent vraiment pas à côté de quelle redoutable avancée ils passent. Au matin, il empoigne son idée, la choie une dernière fois à hauteur de la poubelle, avant de s'assoir dessus à deux pieds !
Une seule erreur... son envie de libre expression. Au lieu de courir les couloirs à dénicher un soutien, mieux vaut laisser faire le naturel. C'est beaucoup moins fatiguant ! Voyons, qui fait bouger les choses dans une grande entreprise ? C'est l'Urgence. Face aux risques ou au Directeur Général, c'est la femme la plus efficace. Et bien, cédons-lui le terrain ! Regardons-la débouler sur les écrans, remplir les messageries, passer des coups de téléphone, pendant que nous vérifions l'inventaire de nos idées poubellisées. Et bientôt, apprêtons-nous à accueillir à bras ouverts, démineur fermé, et café serré un chef aux traits crispés par son dernier tête-à-tête avec Mademoiselle U.
Instantanément, nous voici transposés au marché au puces. Selon la technique millénaire, Chef va nous faire part de ses états d'âmes, pour nous attendrir et nous ramener à sa noble cause. Il le faut absolument pour ce soir ! C'est vital pour l'entreprise ! Ne nous trompons pas, son seul objectif est de repartir les mains vides, son fardeau sur votre table. Et le notre, c'est de lui refiler une idée plutôt que notre précieux temps nocturne. Jouons sur la corde familiale. Chef, je crois que je vais nous faire rentrer plus tôt chez nous ! Pour l'heure, dessinons brumeusement le contour de l'idée. Une explication détaillée des tenants et aboutissants est évidemment hors propos. Chef se fiche pas mal des points sombres. Il a déjà son stock de problèmes pour la soirée.
Si vous n'êtes pas convaincu, titillez-le avec des "Je crois que c'est une bonne idée, mais tout de même, les problématiques de responsabilités peuvent soulever de nombreuses contestations !" A coup sûr qu'il vous sort "C'est un premier jet ! On fera une révision la semaine prochaine." ...qui n'arrive jamais.
Et voilà, sans trop d'effort nous avons réussi à vendre notre idée au Chef, et donc au service entier, sans réunionite ni concession !

mardi 1 juin 2010

La devise

A l'instant où m'est apparu le slogan du Gabon, "Union, Travail, Justice", j'ai cru en une ambition certes lointaine mais atteignable. Aujourd'hui, j'ai revu les objectifs à la baisse. A entendre les rumeurs des uns et partager les expériences des autres, c'est à peine si ces valeurs pourraient avoir cours le 1er avril !

L'union, mon gardien gabonais m'en sert une tirade tous les deux soirs. Soulignant, à chaque morceau choisi, l'esprit du chacun pour soi qui semble vouloir régner ad vitam eternam parmi la population. En témoigne la très répandue expression "Le Noir n'aime pas voir son frère évoluer !" servie à toutes les sauces dès qu'une entreprise gabonaise coule. La réalité en devient déprimante ; autant en France on espère la croissance d'une start-up, autant au Gabon on est sûr de sa faillite. Il faut donner aux frères ! Tout ce que j'aperçois de mon niveau, c'est que nous ne sommes pas invités à la danse ! Expatriés, nous restons étrangers et indésirés. Nos porte-monnaie ont toutefois leurs entrées dans les cercles très populaires du "Mon Ami, donne l'Argent" !

Le travail... Je veux me persuader qu'il s'agit d'un problème de définition. En France, l'expression "être au travail" se rapproche grandement de "faire un travail". Autrement dit, produire quelque chose dans un temps imparti. Au Gabon, "travailler" c'est passer huit heures quotidiennes dans une entreprise pour toucher un salaire. Plus déroutant : il n'y a pas de notion de "client", que ce soit le particulier ou bien l'employé d'un autre service de l'entreprise. Au final, les tâches sont données pour combler le temps passé sur le lieu de travail. Alors bon, si aucune commande ne peut être rattachée à la facture, et bah tant pis, on enterre la facture dans le premier trou et on passe à une autre occupation ! Et après "M. Le Fournisseur il est méchant. Il ne nous livre plus de stylos !" P'tete juste qu'il en a marre d'attendre le paiement du millénaire précédent !

Quand à la justice, je peux uniquement baver les rumeurs dont les rues de Port-Gentil se sont imprégnées depuis depuis. Succinctement, elles rendent ceci : 1-Le Blanc a tort. 2-Quand le Blanc a raison, se référer à la règle n°1. Certains collègues sont d'ailleurs spécialistes de la chose pour limoger le plaideur lors de sa présentation sur vidéoprojecteur. Bien heureusement, dans l'enceinte de l'entreprise la couleur de peau n'a pas cours, et les nuisibles s'en prennent finalement aux expatriés comme aux locaux...