De l'herbe. A chaque pas, des fragrances s'en émanent et me rappellent la pelouse fraichement tondue de l'école. Les brins humides se faufilent à travers mes orteils. Tandis que la plaine dévoile son vert charmeur, le soleil du zénith accable la faune de rayons. Ca et là, des arbres majestueux salissent de leurs ombrages mouchetés ce parterre uniforme. Allongé sous l'un deux, les feuilles d'été pourchassent, au gré de la brise, des souvenirs de nuages.
A quelques pas, le reflet bleuté du ciel s'étire inlassablement sur le lit de la rivière. Bientôt, plus une strie ne raye la végétation de la rive opposée. Une fascinante symétrie se crée. Par moitié, la berge se découpe à la lumière du ciel. Par moitié, elle se perd dans le bleu profond des eaux.
Par instant, l'oiseau s'égare dans ce tableau. Il embrasse la surface et trahit le miroir. L'enchantement se rompt le temps de son repas. Mais le voilà déjà loin dans les flots, au dessus des arbres.
Je suis attiré par le bord. Le ciel se dissipe. A sa place, des pierres posées sur la vase. Des myriades de poissons se meuvent et détourent les obstacles. Brusquement, ils obliquent, parfaitement synchrones. Et, aux hasards des tâches de lumière, leurs corps disparaissent.
Je nage. Le froid s'estompe en quelques brassées. Le soleil, pesant, éblouit la surface en dérive. Le paysage se dévoile comme s'approche le coude de la rivière. L'une après l'autre apparaissent patiemment les piles du viaduc. La fraicheur de son ombre accentue sa ligne massive dans le ciel...
Cinq
Il y a 12 ans
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