Gare d'Owendo par Vincent Vaquin (Wikipédia) |
Vingt longues minutes tassés et bousculés par la cohue, je ne fus pas certain de mon tour en présentant mon sac au travers de la nuée de bagages portés par leur propriétaire qui espérait enfin se débarrasser de leurs cartons, leurs sacs de toile, leurs affaires de cuisine... enfin tout ça, dans le wagon-soute. A y regarder, nous étions seuls à voyager sacs de randonneur dans le dos. La réponse de l'employé fut d'ailleurs très clair : "Il ne faut pas les donner", nous les prendrions en cabine avec nous !
Après ce bain de familles gabonaises, nous nous éloignâmes pour petit-déjeuner dans une des boutiques jouxtant les guichets. Le souvenir des sandwichs viande hachée m'était encore pénible. Pas de risque pour notre périple, nous primes des gaufres cuites. Sur la fin de mon café, les haut-parleurs grésillèrent l'annonce d'un retard. Nous découvrîmes notre cabine vers dix heures moins dix. Les sacs reposaient sur les deux sièges inoccupés face à nous. Et roule pour La Lopé...
Le train s'ébranla et nous sentîmes rapidement le souffle glacial de la climatisation. La rame traversa les stations des abords de Libreville, puis les arrêts se firent bien plus rares à mesure que la végétation reprit place sur les constructions précaires.
C'était donc vrai, la première classe de ce pays équatorial est givrante. Une sensation oubliée me gelait les pieds, m'engourdissait les jambes. Rien n'y fit, ni de frotter les mains, ni de battre la mesure. Alors je franchis le couloir pour respirer l'air chaud et humide de la plateforme et observer le teint jaune-ocre des paysages. Adrien décida d'en capturer quelques-uns à soixante kilomètres heure.
Le chemin du retour m'appris que nous étions dans un train Alstom utilisé sur les lignes TER de la SNCF. La carte des chemins de fer français palissait de soleil sur la cloison des toilettes. Clin d’œil des forts liens franco-gabonais.
par Jean-Louis Albert |
Un kilomètre avant La Lopé |
Le long du fleuve Ogooué |
Adrien orienta la conversation dans un but avoué de confondre le personnage : "Mais en fait, c'est quoi votre métier ? Je veux dire, qu'est-ce que vous faites comme travail au quotidien ?" Des piques dangereuses face au paraitre gabonais, mais effroyablement efficaces !
En début d'après-midi, le train quitta un instant les rives du fleuve, traversa la Route Economique, et stoppa en gare de La Lopé.
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