Prendre un taxi au Gabon n’est pas inné. C’est avant tout une question de sélection naturelle. De bons yeux décèleront de loin le capot bleu sur fond blanc s’approchant à vive allure. De jour, c’est enfantin. Mais je vous mets au défi d’en repérer un de nuit, les pleins phares éblouissant vos yeux alcoolisés sur cent mètres !
Maintenant, l’approche : vous êtes un expatrié, le taxi s’arrête à quelques mètres de vous. Pour un local, l’exercice est plus physique, il ne fera que ralentir à sa hauteur ; le taxi contient déjà deux personnes et n’a pas de temps à perdre avec vous. Le chiffre d’affaires dépend du nombre de clients transportés, et donc de la rapidité à les déplacer pour en récupérer de nouveaux.
Vitre passager baissée, c’est le moment de lui annoncer la destination et le prix. Il est de tradition que les courses d’expatriés en centre ville s’élèvent à un minimum de 500 FCFA (0,90 €). Un local parviendra à bon port pour 200 FCFA.
Nous ne sommes pas en Egypte, il n’y a pas de négociation. Le prix ne lui convient pas, le taxi repart ! La destination n’est pas sur sa route, le taxi repart ! Vous tenterez votre chance avec le suivant.
Pas de fine bouche en montant ! Ne faisons attention ni au pare-brise fendu, ni au derrière embouti !
Pourtant ces détails rappellent une réalité. Conduire derrière un taxi n’est pas de tout repos. L’œil braqué sur son unique phare arrière, il faut s’attendre à piler pour laisser un nouveau client disparaître à l’intérieur. La voie de gauche n’est pas non plus une solution long terme ; lancés à vive allure, les taximan prennent toutes occasions pour vérifier constamment le bon fonctionnement des phares et klaxon ! La conduite au centre ville se résume au slalom qui évite les taxis freinant à droite et ceux doublant à sens inverse sur votre gauche.
L’Union, LE journal du Gabon, a plusieurs fois mentionné des accidents de voitures impliquant des expatriés. Plus rarement des taxis. Pourtant…