5 janvier. Je patiente à la chaleur d’un café sous l’immense voûte d’un terminal de l’aéroport de Roissy-CDG. 9h affiche 3°C . Les contrôles sont de plus en plus contraignants. Il ne suffit plus de passer le portique chaussures et ceintures à la main. Aujourd’hui, ordinateurs portables doivent être sortis de leur sacoche, anti-moustiques et crèmes solaires sont confinés dans des sacs de congélation, vestes, montres, téléphones, et monnaies sont épiés aux rayons X.
Quelques minutes auparavant, je me trouvais dans la queue tortueuse. Sentant son heure approcher, mon prédécesseur se débarrassa de sa veste et la jeta sur son avant-bras. Il remplit plusieurs bacs laiteux qu’il disposa l’un après l’autre sur le tapis roulant. Ordinateur et sac de cabine furent amenés sous les rayons. Bientôt ce fut mes affaires, mon ordinateur sorti de ma sacoche, sortie de mon sac à dos. Allégé de mes richesses, je m’arrêtai un instant pour observer à travers le portique les gestes de l’agent qui m’autoriseraient le passage. Je le franchis sans biper, déçu ! Tant d’attente pour rien ! Je m’attendais à un débarquement du SWOT ou bien simplement à un « Monsieur, s’il vous plait… ». Mais, l’employé ne m’accorda pas même le privilège de la fouille au corps. A peine un mouvement de la main qui me pria de passer. Pressé de retrouver le confort de mes chaussures, je marchai jusqu’à l’extrémité du tapis. Vide escompté l’anti-moustique qui venait d’être placé à l’écart dans un sac transparent. Dans l’attente des prochains bacs, je jetai un œil vers l’homme à la veste qui finit de reboucler sa ceinture, puis observai distraitement l’écran de contrôle. L’image fixe proposa une représentation disséquée de mon ordinateur portable. Joli fond d’écran en vérité ! Les courbes oranges et vertes rappelèrent imperceptiblement le célèbre cliché d’une collision de particules au sortir de leur accélérateur !
Le tapis était à l’arrêt. Aucun agent ne se trouvait derrière l’écran. Derrière moi, au-delà du tapis roulant, une femme en uniforme se plaignit, la voix portante, à ses collègues. « Cinq minutes ! J’attends cinq minutes ! Et je compte… Pas une de plus ! » L’heure de la relève est sacrée. Assurer le quart d’un retardataire devient insultant. Qui ose la prendre pour un pigeon ? Après une ultime mise en garde, elle s’avança jusqu’à l’écran, s’assit et actionna le tapis.
L’écran affiche de jolies couleurs. Quelle technologie ! Pourquoi n’a-t-on pas les mêmes harmonies sur les radiographies médicales ? Pourquoi n’attirent-elles pas plus l’attention de l’agent tandis que défilent intimement les affaires du touriste et de l’homme d’affaire ? L’attente préalable accroît l’efficacité aux yeux du passager. Comme un film dramatique sait amener le spectateur au dénouement brutal, l’attente préalable du passager accroît l’intensité du contrôle. Puis, libéré, le voilà qu’il attend de nouveau, assis au sein d’une foule, un mot sur un écran.
Tout ça pour s’entendre annoncer un retard au départ. Le vol se décale de demi-heure en demi-heure. Le mouvement de grève se poursuit jusqu’à midi. Dernier clin d’œil français avant l’envol.
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