mardi 1 juin 2010

La devise

A l'instant où m'est apparu le slogan du Gabon, "Union, Travail, Justice", j'ai cru en une ambition certes lointaine mais atteignable. Aujourd'hui, j'ai revu les objectifs à la baisse. A entendre les rumeurs des uns et partager les expériences des autres, c'est à peine si ces valeurs pourraient avoir cours le 1er avril !

L'union, mon gardien gabonais m'en sert une tirade tous les deux soirs. Soulignant, à chaque morceau choisi, l'esprit du chacun pour soi qui semble vouloir régner ad vitam eternam parmi la population. En témoigne la très répandue expression "Le Noir n'aime pas voir son frère évoluer !" servie à toutes les sauces dès qu'une entreprise gabonaise coule. La réalité en devient déprimante ; autant en France on espère la croissance d'une start-up, autant au Gabon on est sûr de sa faillite. Il faut donner aux frères ! Tout ce que j'aperçois de mon niveau, c'est que nous ne sommes pas invités à la danse ! Expatriés, nous restons étrangers et indésirés. Nos porte-monnaie ont toutefois leurs entrées dans les cercles très populaires du "Mon Ami, donne l'Argent" !

Le travail... Je veux me persuader qu'il s'agit d'un problème de définition. En France, l'expression "être au travail" se rapproche grandement de "faire un travail". Autrement dit, produire quelque chose dans un temps imparti. Au Gabon, "travailler" c'est passer huit heures quotidiennes dans une entreprise pour toucher un salaire. Plus déroutant : il n'y a pas de notion de "client", que ce soit le particulier ou bien l'employé d'un autre service de l'entreprise. Au final, les tâches sont données pour combler le temps passé sur le lieu de travail. Alors bon, si aucune commande ne peut être rattachée à la facture, et bah tant pis, on enterre la facture dans le premier trou et on passe à une autre occupation ! Et après "M. Le Fournisseur il est méchant. Il ne nous livre plus de stylos !" P'tete juste qu'il en a marre d'attendre le paiement du millénaire précédent !

Quand à la justice, je peux uniquement baver les rumeurs dont les rues de Port-Gentil se sont imprégnées depuis depuis. Succinctement, elles rendent ceci : 1-Le Blanc a tort. 2-Quand le Blanc a raison, se référer à la règle n°1. Certains collègues sont d'ailleurs spécialistes de la chose pour limoger le plaideur lors de sa présentation sur vidéoprojecteur. Bien heureusement, dans l'enceinte de l'entreprise la couleur de peau n'a pas cours, et les nuisibles s'en prennent finalement aux expatriés comme aux locaux...

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