lundi 22 décembre 2008

RU comme Diététique !

Je poursuis mon attente pas à pas en observant l’agitation des molécules devant moi. Certaines, face aux assiettes, décident de remonter le flux « Finalement, je vais me contenter d’une entrée ! » D’autres ont développé un truc : elles se frayent un chemin jusqu’aux viandes « Pardon, je ne prends pas d’entrée… Pardon, je ne prends pas de dessert… » Puis, une fois servies, elles font marche arrière « Pardon, je prends juste une entrée… Pardon, je prends juste un dessert… »
Deux choix à la carte : brochette de poisson aux épinards ou pizza patates ! La pomme de terre est la signature de l’établissement. Chaque jour, on est sûr d’en manger à la vapeur, sautées ou en purée ! Les épinards à l’eau me font l’effet d’algues qui marinent dans leur plat inoxydable. Je prends les patates et choisis la caisse la moins encombrée où je me jette sur un pain. La croute craque sans s’effriter entre mes doigts... ce sera un bon repas ! Devant moi, un abruti sort sa carte et un billet. Maudis sois-tu !

Le plateau dans les mains, je cherche une bonne place chaude et salée !
Les fenêtres de la salle sont malheureusement toutes bloquées dans leur position désenfumage. Malgré la présence de radiateurs près des murs, les tablées centrales sont prises d’assaut.
Autant que la chaleur, le sel se fait rare. Utilisé pour rendre comestible les repas étudiants, il traine habituellement en tube sur les tables avec son cousin le poivre. Mais depuis peu, la population blanche diminue ! C’est vrai que les plats ne sont pas succulents, mais de là à vider toutes les salières, c’est inquiétant !

dimanche 21 décembre 2008

Mmh, c'est BON pour le moral !

Que la fête commence ! Les portes de l’entrée passées, je me heurte à une file indienne. La salle propose les ustensiles nécessaires au cérémonial. A droite, trois navarros attendent impatiemment les instructions de la borne automatique pour provisionner leur carte. En sortant des rangs ils font une erreur stratégique : la caisse accepte tous les moyens de paiement. Autant recharger son compte et régler son plateau en une opération sans risquer de perdre sa place ! Ca prend du temps ? Ca embête les suivants ? Et alors ! Ca animera les conversations mornes !
Je participe à la mascarade pour récupérer un plateau… puis une fourchette… hop, un couteau… POUAH c’est dégueulasse, c’est poisseux ! « Mais non, c’est propre. Midi c’est le rush et ils n’ont pas le temps de les essuyer ! »… hop, une cuillère… ah ben elles sont où les cuillères ? « Midi c’est le rush et… » C’est bon, j’ai compris ! J’espère que ce n’est pas de la crème anglaise au dessert !

« Mais tu fais quoi ? » Je détors mon épouvantail… voilà, encore un peu le manche… ahh, regarde un peu l’angle d’attaque, la courbure des dents… Maintenant que j’ai une fourchette, qu’est-ce qu’on mange ?

Le RU réveille les stratèges en chaque étudiant. Certains font des calculs. A la façon d’un restaurant d’entreprise, chaque aliment a son prix. Mais ils existent des formules Midi pour un cout moindre. « Regarde, j’ai une entrée, un plat, un fromage et un dessert pour 3€ ! » Oui, mais carottes et compote tous les jours, je sature ! Moi je préfère un dessert digne de ce nom ! Avec ça et un pain, advienne que pourra du plat principal !

Peu à peu, les étudiants débarquent dans la « salle aux saveurs ». C’est un rond point qui propose entrées, soupes et fruits. Il débouche sur un long couloir où se côtoient desserts, fromages et entrées consistantes. Les plats chauds et quelques friandises en distributeurs se trouvent à l’extrémité, en regard des caisses. Et partout des gens !
Dans cette masse, le chemin le plus court n’est pas forcement le plus rapide. Tel l’air qui accélère sur le plus long profil d’une aile d’avion, je parcoure la totalité du rond-point et arrive devant le sucré en un rien de temps ! Les desserts, c’est le summum du repas. Je les regarde tous, un par un, monopolisant le stand. Je les compare à la vue. Je guette un nouvel arrivage en temporisant la foule qui me presse. Aujourd’hui ce sera la tarte tatin… oh non, elle est maigrichonne, je vais plutôt prendre celle au citron à côté de la mousse au chocolat. Je la pose au centre du plateau délicatement, et, après un dernier coup d’œil fier, je suis prêt à passer au plat !

samedi 20 décembre 2008

On se les gèle !

Il est midi. Je suis en retard, il va y avoir du monde ! Je n’ai pas le choix. Je me suis préparé : manteau boutonné, écharpe nouée, mains empochées. Pourtant la porte s’ouvre et le vent froid du plateau boisé s’engouffre et me glace le corps entier ! Allez, 500 mètres dans cette atmosphère humide et gelée ce n’est pas la mort ! Je le fais tous les jours !
Comme je commence à esquiver les premières marres boueuses, ma tête s’enfonce dans mon col, mes yeux se plissent, mes jouent me brûlent. Devant moi, tels des pingouins qui cherchent la chaleur, les gens se groupent en masse sombre des habits à la mode. Je les vois, de dos, se recroqueviller à mesure qu’ils s’avancent dans les herbes détrempées. Les immenses arbres n’entonnent plus de mélodie printanière. La faune a disparu.
La troupe qui me devance rejoint déjà le sentier bitumineux. Bientôt je dois choisir. La K’fet ponctue la mi-parcours. Les images de sandwichs, de paninis et de pizzas arrosées de Coca et d’Ice-Tea émergent… je m’arrête ? Ma moitié mouton ne m’en laisse pas le temps, l’intersection sort de mon champ de vision.
Contourner le bâtiment aux façades vitrées. A l’intérieur, des tablées d’étudiants qui mangent. Le panneau d’affichage. Bientôt l’entrée, et de nouveau la chaleur.

Rhaaa, c’est pas vrai ! Mais tu vas le raccrocher ton téléphone ! Tu vois pas que tu emmerdes le monde à rester dans l’entrée. On n’est pas venu en procession jusque là pour voir ton dernier ensemble jupe-jean-chaperon ! Allez avance, on a froid ! Tu rentres ? tu sors ?! Bon, moi je passe… « PAR----don ! » Ah zut j’y vois plus rien, saloperie de buée ! Et l’autre qui me disait que ca faisait classe de porter des lunettes !

vendredi 19 décembre 2008

Intermède

« Ce qui est essentiel, c’est qu’un enfant dans une classe, n’importe lequel, se sente aimé et considéré, qu’il sente que le maître ou la maîtresse ne le prend ni pour un numéro ni pour un polichinelle, et que tout ce qu’on lui demande, c’est pour son bien. A partir de là bien des choses peuvent se passer, mais il faut de l’amour pour y parvenir. Sans amour il vaut mieux ne pas enseigner, il vaut mieux faire un autre métier. »

Emilie Carles in Une soupe aux herbes sauvages


A quoi sert de travailler si ce n'est que pour soi-même ?

lundi 11 août 2008

Zhongguo hen da !

Les J.O. 2008 ont débuté !!
Chaque pays a bouclé son pronostic de médailles. Les chinois nous montre leur grande puissance. Et quelques inconditionnels continuent de manifester...

Mais pourquoi on ne leur fiche pas un peu la paix à ces dirigeants asiatiques ! Ils ont bien leur raison de museler la liberté d'expression !
Imaginons que la Chine devienne le nouveau pays des droits de l'Homme... Des contestations tant redoutées par le gouvernement naitraient des inégalités sociales. Et le pouvoir central tomberait... Jusque là c'est pas si mal !
Mais un si grand pays ne manquerait pas de se diviser. D'une part la côte Est riche, de l'autre les terres intérieures beaucoup plus pauvres. Des mouvements d'indépendance surgiraient au sein des régions regroupant différentes ethnies. Bref, le temps de canaliser cette liberté nouvelle, ce serait un chaos d'un milliards de personnes toute option, avec "conflits" et "massacres" de série.
C'est peut-être cette situation que préfèrent éviter les puissants de la Chine en rassemblant le peuple devant la grandeur de ses sportifs !

De plus, ils ont actuellement l'opportunité d'utiliser leurs grandes réserves de matières premières et de concentrer leur économie pour amener leur nation sur la scène internationale. De quoi faire fleurir les capitaux et le tourisme pour développer petit à petit les différentes régions, en commençant par le bord de mer pour remonter le Yang Tsé.

Bon d'accord, ils sont un brin violents pour réprimer les manifestations. Mais quand on a peur, on contrôle moins ses gestes !
Laissons-les tranquilles !

samedi 9 août 2008

L'OPA

"Bonjour Madame, je voudrais remplacer mon carreau cassé.
- Asseyez-vous, quelqu'un va venir vous accueillir dans un moment."

"Bonjour... j'ai entendu, quand vous étiez à l'accueil, que vous vouliez remplacer votre vitre !
- Oui, c'est le copain de mon fils. L'innocent a laissé échapper le ballon de son pied... vous savez ce que c'est quand ils sont jeunes !!
- Oui, heu... Non ! Reviens ici Mélusine ! Non tu ne vas pas là-bas, c'est sale ! Voilà, tu t'assois et tu restes sagement à côté de maman.
- Je vois qu'elle a un bandage. C'est la petite votre coupable ?
- Non heu... ça c'est son père quand il rentre du boulot... Normalement, avec un peu de fond de teint ça ne se voit pas. Mais là, elle est passée par la fenêtre !
- Ah.. heu... vous en avez parlé à quelqu'un ?
- Nan, mais ne vous inquiétez pas. Je suis infirmière et elle cicatrise vite !"

"Monsieur, je crois que c'est à nous ! Passons dans mon bureau. Qu'est-ce qui vous amène ?
- Voilà, je voudrais remplacer mon carreaux de salon... j'ai les dimensions dans la poche.
- Asseyez-vous !
- Oui merci... C'est du 120x60, est-ce que vous avez ça ?
- On ne fait pas ce genre de produit !
- Mais dans votre brochure...
- La brochure date de la semaine dernière. Hier nous venons de nous faire racheter. C'est un tournant à 180°... On ne fait plus de vitre de salon. Vous désirez autre chose ?
- Ma foi, je peux bien prendre un carreaux de cuisine. Moi, je n'y vois pas de différence !
- Monsieur, excusez-moi, je n'ai pas du être très clair. Laissez-moi reformuler : nous ne faisons plus de verre !
- Mais... vous avez bien un stock, il vous reste bien quelque chose ! En une semaine, vous n'avez pas pu tout écouler !!
- Effectivement, il nous en reste tout un entrepôt. Malheureusement, des problèmes techniques nous empêche de vous servir ! Sachez que nous en sommes affreusement désolés.
- Ah bon... je... non, rien d'autre !
- J'espère avoir répondu à toutes vos attentes. Au revoir Monsieur !"

"Alors vous aussi vous vous êtes fait avoir ?
- C'est un comble ça... on rachète une entreprise de verre, et voilà qu'on la reconvertie du tout au tout !
- Qu'est-ce que vous racontez ?
- Et bien oui... je me suis fait avoir ! Il ne fabrique plus de verre !
- Ah ah, ils vous ont joué la version "virage en épingle" ! Vous êtes bien naïf !
- Comment ça ? Et vous êtes qui d'abord habillé comme ça ?
- Je travaille ici Monsieur ! C'est marqué sur ma blouse. En plus d'être niais, vous ne seriez pas un peu bigleux ? Faut consulter hein ! Bon, fin de la pause... au plaisir !"

"On vient de me dire que vous fabriquiez du verre !
- Oui Monsieur, c'est exact ! Voulez-vous vous assoir le temps que quelqu'un vienne vous recevoir ?
- Mais, votre collègue m'a affirmé le contraire !
- Vous voulez adresser une réclamation à notre service commercial ?
- Non je veux juste un carreau !
- Allez vous assoir, on vient vous accueillir."

"Heu... vous pouvez éviter de remuer vos pieds s'il vous plait ? Ca énerve la petite. C'est l'heure de sa sieste et elle devrait être à la maison.
- Vous n'êtes pas encore passée ?
- Non, ils sont très occupés à la gestion du stock dans le fond du bâtiment. Ah... tenez ça doit être votre commande qui arrive sur le charriot !
- Ah non, je n'ai..."

"Monsieur, vous venez changer votre vitre de cuisine ?
- Non... enfin si mais...
- Vous pouvez me suivre jusqu'à la pièce à droite s'il vous plait ?"

"Asseyez-vous, vous désirez une boisson ?
- Non merci. Vous avez du vous tromper de personne, je n'ai signé aucune commande.
- Je suis au courant. Vous savez que nous changeons d'activité suite à notre rachat. Aussi, le service gestion du stock est en grève.
- Ah ce n'est pas un problème technique ?
- Si... ils ont saboté les grues de levage !
- Pour une vitre de 120x60 !!
- Par mesure de sécurité, nous ne sommes pas autorisé à manipuler directement le verre...
- Ah mais moi je peux venir le prendre. Ca arrange tout le monde !
- Vous n'êtes pas autorisé à pénétrer dans le magasin."
"Malgré nos soucis internes, nous souhaitons continuer à satisfaire nos clients.
- Vous n'allez pas en garder beaucoup ! Dans quelle branche vous vous convertissez ?
- Le pétrole, c'est porteur !
- Je me chauffe électrique...
- Bref, sur le charriot ce trouve les plans de l'usine. Vous pourrez ainsi fabriquer votre verre. Le chef de ligne devrait arriver d'une minute à l'autre pour vous expliquer le principe."

"Je suis là. Christian te cherche, tu devrais allez voir ! On peut commencer nous deux ?
- Vous croyez que je vais faire pousser une usine dans mon jardin !! Franchement je préfère les tulipes !
- Je suis là pour vous aider à adapter l'échelle ! Tout d'abord il vous faut un four !
- J'ai une cuisinière.
- Qui vous parle de chauffage d'appoint ! Je vous ai dit un four... 1600°C le bazar !
- Ah oui... je suis pas sûr que les crevettes Picard y résiste !
- Voyons le plan ! Alors là c'est du 50 par 15.
- C'est un peu juste pour ma fenêtre !
- Je parle en unité SI !
- humm ?
- en mètres ! Faites un effort voyons !! Donc, pour vous il faudrait du 3 par 2 facile ! Avec les pompes hydrauliques et la génération électrique sur la droite... Vous avez de l'azote dans le coin ?
- On a plutôt un relent de méthane du côté des toilettes !
- Il faut vous faire tirer une ligne ! Attendez, j'appelle un ami..."

"Allo ?
- Oui c'est moi, Patrick !
- Ah salut ! Alors ces vacances, c'était comment ?
- Je suis avec un client là... il voudrait une arrivée d'azote dans son jardin. Tu peux lui faire ça ?
- Ouai... ça tombe bien, on manque un peu de boulot en ce moment ! Je fais la demande au patron pour la déclaration de travaux officielle, et j'envoie une équipe sur place d'ici demain.
- Comme d'hab' tu mets ça sur le compte de la société, hein !
- Tu rigoles ! Après le contrat de 13 millions, je te dois encore 15 restos !!
- C'est sympa... tu sais, c'est pas facile en ce moment chez nous !
- Ah ça, le pétrole ça salit !
- Bon je te laisse ! Tschuss !"

"C'est réglé ! Bon, et comment on étale le verre maintenant ?
- Hein... quoi "comment on étale de verre" ?
- Bah oui, il est fondu. Il faut l'aplatir ! C'est comme une pâte !
- Ah bah avec des rouleaux à patisserie alors !!
- Exactement !! J'appelle un autre ami...
- Heu non... ça... ça ira !
- Comment ça ?
- Je... heu... vais mettre un bon plexi... Oui... je suis sûr que ça fera l'affaire. Merci pour tout vraiment !!
- Attendez, je ne peux pas vous laissez partir comme ça ! Je dois tout faire pour assurer votre satisfaction !
- Je suis très satisfait ! Et maintenant, je vais me satisfaire chez moi ! Allez au revoir !"

dimanche 3 août 2008

La foule : fluide compressible

Aujourd'hui démontrons que la plèbe est un fluide newtonien compressible.

Imaginez-vous montant dans un RER vers 18h. La rame est bondée. Les dames agrippent leur sac sous leur poitrine, et les écoliers en profitent pour écraser leur cartables contre le bide des touristes hollandais rouges de soleil, surpris de l'agitation.
Toujours à l'arrêt, portes ouvertes, vous êtes surpris qu'un jeune couple atteigne encore la barre où s'entremêlent les bras inconnus. Le dicton doit être vrai "Quand yen a pour un, yen a pour dix !"
La rame démarre. Vous êtes collé, serré ! Votre main est resté en arrière, accroché a une chose molle... peut-être un blouson...
Brusquement, le train freine. Arrêt d'urgence ! Les derniers bras lâchent prise, cédant à la pression humaine ! Par un mouvement d'inertie général, les usagers sont entrainés vers l'avant, emmenant avec eux sacs, blousons, enfants... Vos pieds foulent trois pas ! En sueur vous vous demandez "Mais ils étaient cachés où ces trois pas quand je suis rentré"

La réponse est simple : la foule est compressible. Et même mieux, elle réagit comme un gaz, se répartissant équitablement dans l'espace pour diminuer les pressions locales.
Illustration : vous êtes en banlieue. Vous prenez le RER et ohhhhh... chance, la moitié des places est libre. Ca ne vous a jamais frappé de voir que sièges libres et occupés étaient étonnement équitablement réparti dans toute la voiture ? Pas un seul carré complet... toujours deux personnes se regardant en diagonale... Ne cherchez plus, ce n'est pas que les gens ne s'aiment pas. La réponse est le comportement gazeux de la foule !

Et lorsque vous descendez du RER, vous vous croyez malin d'emprunter les escaliers plutôt que les escalators surchargés ? Que nenni, vous n'êtes qu'une goutte d'eau égarée qui rejoint le flot en surface. Un bras de rivière qui menace de s'assécher. Mais il ne tarira jamais ! Il y aura toujours quelques gouttes d'eau qui prendront les escaliers, par culpabilité massique, ou toute autre raison ! Mais le "j'ai vraiment bien fait d'emprunter les escaliers" voile la véritable cause : l'écoulement newtonien de la foule !
La foule n'aime pas être compressée. Elle n'aime pas non plus attendre au bas de l'escalator, il faut qu'elle avance, qu'elle coule, quitte à emprunter un chemin plus difficile... parce qu'une raison l'attire au sommet : son énergie potentielle (généralement c'est l'appel du travail vers les 8h) !

Prenons un autre exemple pour mieux convaincre. Comme la RATP me donne des boutons, je vais prendre la voiture.
Vous êtes sur l'autoroute, vous roulez tranquillement sur la voie du milieu. La chaussée est peu encombrée. Vous dépassez soudain un "escargot pot de yaourt" sur la voie de droite. Mais c'est normal !! Ce sont les effets de bords, plus vous êtes au bord d'une autoroute plus il y a de "résistance" au roulement. Ne croyez pas qu'un type a inventé la roue en écrivant le code de la route ! Il a transcrit ce qui paraissait le plus naturel... comparable à la circulation d'un gaz parfait ! Les bords d'un tuyau freine le fluide qu'il guide !
Ca ne vous étonne toujours pas de prendre de la distance avec votre prédécesseur au sortir d'un bouchon, comme si la masse des automobiles toute entière avait soudainement décidé de respecter les distances de sécurité. Vous le faites pour ressentir une sécurité en cas de freinage... pour garder une certaine distance avec les autres... Bref comme les molécules d'un gaz qui s'équilibre les unes les autres !

Etonnant non !
Demain je vous raconterai l'histoire du gentil atome qui se fait voler un électron au coin de la rue par un méchant atome !

mercredi 30 juillet 2008

Une ville à vivre !

Je ne vous ai pas encore présenté ma ville ?
N'attendons pas plus longtemps !
Accès en RER B, station LA-PLAINE-STADE-DE-FRANCE. Vous pouvez pas la louper sur les écrans, c'est la seule en majuscule !
Pour les horaires, ne passer pas par la case "ratp.fr". Allez directement sur "transilien.com", le site qui informe des imprévus. S'il n'y a rien, vous êtes chanceux ! Jouez immédiatement au Loto !
Avant d'embarquer sur le space-mountain, attendez-vous à une looonnngue attente. Nous sommes en période estivale, le personnel a adopté le rythme "fac" ! Non seulement les trains se font rares, mais de plus ils ont eu la sublime idée de faire un planning par semaine !!

Salle de réunion - Préparation Planning
"Bon alors qui est là cette semaine ?
1..2...3..4 personnes ! Ok ça nous fait 4 trains entre 18h et 19h.
On passe à la semaine prochaine !
Rhhhoo vous déconnez ! Yavait une promotion Tahiti spéciale semaine 28 ?
Bon ben... 2 trains entre 18h et 19h !
On continue ! Première semaine d'aout ?
8 personnes ?? J'ai loupé un mail ? Pourquoi vous revenez tous !! Le syndicat prévoit une fête début aout ou quoi ?
Alors ça nous fait 8 trains pour 18h.
Comment ? Qui ça qui va rien comprendre ? Les abrutis qui ronchonnent sur les quais !! Pfff ils sont jamais contents !"

Vous descendez maintenant le long des pentes de la station aérienne. Non, ce ne sont pas des escaliers ! Ce sont de longues et larges pentes en bois à structure métallique toutes recouvertes d'un anti-dérapant vert gazon. Ahhh ça a un certain style ! Il faut se rappeler que le Stade pousse à 300 mètres de la station. Alors du vert gazon c'est moche ! Mais que dire du vert gazon recouvert de supporters parisiens en ébullition ?
Vous êtes face au Stade. Grande esplanade dallée, immeubles de bureaux modernes...

On se retourne ! à 200 mètres, vue sur le commissariat...
ils n'ont pas beaucoup à courir en cas de match PSG-OM !

Pour rejoindre l'entreprise, tournez à gauche au commissariat et continuer sur un kilomètre.
Et là... sur ce kilomètre, on change de monde ! Des ruines garées sur les trottoirs, des façades noirs de crasse, des sacs d'ordures un peu par-ci, au coin du tronc par-là... C'est vivant, les tabacs débordent sur les trottoirs, les bus zigzaguent entre les remorques laissées sur la chaussée et les camions de livraison ! Un peu Barbès !

Devant le pont, prenez à droite pour longer le canal. Passez le téléviseur abandonné et arrêtez-vous face à "Saint-Gobain Recherche". Vous êtes arrivé !

Alors quand Grand Chef m'a demandé si je voulais quelques jours de vacances, j'ai illico rétorqué que non, j'avais déjà tout ce qu'il fallait ici ! Une langue locale, de nouvelles coutumes, des transports adaptés, de l'eau avec vue sur le ferrailleur... pourquoi perdre une journée en avion ! Ya même du sable sur la chaussée ! Que demande le peuple !!

jeudi 24 juillet 2008

La Merco

Ces jours-ci, ça négocie ferme avec popa-moman ! Dès octobre, j'intègre un mastère HEC.

J'ai cherché longuement sur GoogleMaps dans quel coin de France j'allais prendre mes nouveaux quartiers... Jouy-en-Josas ! Sur la carte c'est très facile à trouver. Je vise Paris, je fais le tour et je prends le coin le plus vert, là où la DDE a opéré une restriction de budget sur les routes !
J'ai aussi recherché par quel moyen je pourrai m'y rendre. La station RER, là-bas, c'est un leurre ! De toute façon les quais ne comptent que les nouveaux locataires... ceux qui ne savent pas ! Parce que le transport en commun, là-bas, c'est un mythe.
Le trajet pour se rendre à Chatelet :
- prendre le RER direction Versaille,
- changé pour le RER en direction de Choisy-le-Roi,
- compter 12 stations,
- descendre à Saint-Michel,
- revenir en surface et passer la Seine à pieds (après une heure de transport, on va éviter un nouveau métro !)
Je fais l'impasse sur l'idée suicidaire de contourner Paris pour rejoindre ma ville natale en voiture !
Pour résumer, HEC c'est logement sur place ou t'es mort !

Avec toutes ces nouvelles questions, vient celle de moman de "comment tu vas venir nous voir ?" et c'est là que la négociation prend place !
"Tu vas prendre ma voiture !
- Mais c'est un pot de yaourt, rétorqué-je !
- Bah tu t'en fiches, elle roule.
- Ouai, mais elle est Rouge ! Ils ont oublié de livrer le gyrophare à l'achat !
- Tu ne vas pas prendre celle de ton père ? Elle ne marche pas !
- Mais qu'est-ce que tu racontes, lance mon père qui débarque. Elle marche très bien.
- Ouaaaii, on la connait... il faut 20 minutes pour la démarrer le matin !
- Elle toussote un peu. Et alors j'ai tout mon temps ! J'en suis très content"

Bon c'est vrai, elle a raison moman, elle est un peu longue au tour de clé ! J'y pense, yen a qui doivent se rappeler un certain parking de supermarché !
20 ans d'âge, un fil de fer en guise d'antenne, les clignotants qui s'agitent en pleine chaleur, le guidon qui tire à gauche ! Moi elle me plait la Merco blanche ! La classe quand je débarque avec : "Wouaahh t'as réussi à la faire tourner aujourd'hui ?"
Et mon grand plaisir ce sont les carrefours. Je peux y aller comme un sourd, yen a pas un pour broncher du klaxon ! Et tout ça en pleine sécurité... je présente d'abord mes 3 mètres de capot. Et le temps de voir si quelqu'un arrive par la droite, la voiture a déjà deux roues sur la place ! Tout le monde obligé de s'arrêter, il ne me reste plus qu'à avancer ! Essaie de faire ça avec une Smart !
Une fois en vitesse, c'est un vrai tank ! Ca à l'allure d'une péniche : une borne pour s'arrêter... Ah oui, on a aussi retiré l'ABS qui commençait à lâcher prise ! D'ailleurs elle survire dans les virages serrés avec ma mère en fureur accrochée à la poignée ! "...Bah non, j'ai pas dépassé le 50 !"
Et puis elle est toute option ! Ya une radio... du même style que le moteur : "Allo Paris, ici Londres..." Des sièges façon canapés mous. Assis, on a les fesses sur la chaussée et le volant entre le menton et les genoux. Ya la technique de "j'écarte les jambes", ça permet de rehausser le siège (avec un coussin) et de décoller le menton du volant, améliorant au passage la visibilité sur le sigle Merco dressé sur le capot !

De toute manière, on n'arrive pas à la vendre...

mercredi 23 juillet 2008

Réunion (mode d'emploi)

Grand chef c'est mon maitre de stage... C'est pas parce que c'est le grand chef... c'est juste que c'est mon chef à moi !

Bureau 114

le 13 avril
"Bonjour. Grand Chef pense que le thème de mon stage peut vous intéresser. J'aimerais en discuter avec vous pour partager des informations. Vous avez plus d'expérience que moi dans le domaine, vous m'apporterez certainement des pistes.
- Vous êtes stagiaire ?
- Oui, effectivement !
- Qui c'est votre maitre de stage ?
- Grand Chef.
- Mhh ! Et votre sujet ?
- J'utilise des réseaux de neurones pour...
- Ah oui les hypercubes !
- Euh, peut-être... mais plus les réseaux de neurones pour...
- Non mais faut arrêter avec tout ça ! J'ai vu venir trois fois des consultants pour résoudre le problème. Mais ils n'ont rien résolu. La méthode ne marche pas. Le process évolue continuellement et l'outil n'est pas adapté pour analyser la marche de production.
- Oui mais justement mon prédécesseur, que vous avez certainement connu, a obtenu de bons ré...
- Et maintenant ils prennent des stagiaires pour résoudre les problèmes des consultants.
- Oui effectivement, je suis stagiaire... je peux vous détailler le sujet. Ca nous permettra de préparer une réunion...
- Maintenant ?
- Oui, on en a pour un quart d'heure au maximum.
- Non mais là je n'ai pas le temps.
- Peut-être plus tard ? On l'intègre à la réunion.
- Oui c'est mieux.
- Bien. Et quelles sont vos disponibilités ?
- Attendez... ça va être difficile de trouver un créneau. Combien de temps ça durera ?
- Euh... environ une grosse demi-heure, trois quart d'heure !
- Vous pouvez le 16 mai à 11 heures ?
- Je ne sais pas... mais c'est dans un mois !
- Vous m'enverrez votre réponse par mail.
- Oui mais moi je suis stagiaire, et je n'ai que 6 mois. Et là je dois attendre un mois avant d'avoir des pistes pour entamer le sujet...
- Ecoutez, les deux semaines prochaines je suis pris avec les audits d'usines, puis ensuite j'ai les réunions internationales. Non, je n'ai vraiment pas de créneaux avant le 16 mai.
- Mais je ne peux pas attendre un mois ! Le rapport va me prendre deux mois. Je dois démarrer au plus tôt pour...
- Je comprends, mais je ne suis pas disponible. Regardez ! (il tourne l'écran vers moi). Là, cette semaine je suis occupé avec l'audit en Pologne. Et puis ils démarrent la ligne... non, fin de semaine ce n'est pas possible. La semaine suivante, je continue avec l'Italie et l'Allemagne.
- (un trou béant en début de troisième semaine) Et peut-être ici...
- Là c'est un jour de congé. Non je ne peux vraiment pas. Et là c'est la réunion sur la réduction énergétique. Vraiment je n'ai pas de créneau !
- Euh oui, je vous crois ! Mais vous avez peut-être déjà des idées quand à mon sujet pour que je démarre rapidement pour...
- Non là je ne vois pas.
- C'est-à-dire... qu'est-ce que je peux faire durant ce mois ?
- Vous venez d'arriver, vous ne connaissez pas la technique. Lisez des documents, apprenez le process...
- Oui, enfin moi je ne suis pas là pour devenir ingénieur process.
- Mais comment voulez-vous travailler si vous ne connaissez pas le process !
- Je pensais m'occuper des réseaux de neurones et vous pourriez me donner des infor...
- Mais non, on ne peut pas travailler sans connaitre le process. Voilà, pendant un mois vous allez voir mes collègues, ils vont tout vous expliquer sur le process !
- Euh oui, vous avez raison, d'accord ! Bien, au revoir..."

J-3 avant la réunion
le 13 mai
"je suis indisponible cette fin de semaine, les réunions sont annulées, cordialement"
(Oh bah pas cool ! Un mois que j'attends, et ce mail qui arrive comme une fleur...)

Grand Chef
le 20 mai
"Ce serait quand même bien que tu le rencontres pour lui expliquer ce que tu fais !"

La contre-attaque
le 21 mai
Titre : Réunion Réseaux de neurones
"Bonjour, pour rattraper la réunion, quelles sont vos disponibilités dans les prochains jours ? Cordialement
- le 6 juin de 8h à 9h, cordialement
- Je suis indisponible le 6 juin de 8h à 9h. Cordialement
(attends Coco ! à 5€/h je ne vais pas me faire Paris by Night !)"

Grand Chef
le 28 mai
"Ca en est où pour la réunion ?
- Oh bah, point mort !
- Bon je lui envoie un mail."

... et le retour de flamme !
le 1er juin
"comme vous pourrez le constater en copie, il semble que votre stagiaire soit aussi occupé que moi, ce qui ne facilite pas les prises de rendez-vous, cordialement
(Maintenant tu tends la joue et tu attends Grand Chef... ça va piquer !)"

Grand Chef
le 2 juin
"T'exagères ! Pourquoi tu n'y es pas allé ?
- Je préférais ne pas me lever à 5h pour prendre les transports à 6 et arriver pour 8 !
- Bon... On va quand même se la faire cette réunion! Mais là il est faché !"

Finalement...
le 3 juin
Titre : Réunion NAGY
"Bonjour, pourriez-vous me communiquer plusieurs créneaux surs dans les jours qui suivent pour planifier la réunion. Cordialement
- le 11 juin à 9h, le 11 juin à 11h ou le 15 juin à 11h, cordialement
(Et si le 11 était le seul jour du mois où j'ai une obligation... ce serait malin hein ! Bah c'est le cas !!)
- La réunion est fixée au 15 juin à 11h. Cordialement"

...et l'inévitable arrive
le 11 juin
"je suis indisponible le 15 juin, je propose de repousser la réunion au lendemain même heure, cordialement
(Hé... on va jouer longtemps comme ça ! Moi aussi je peux être indisponible à tout va !)
- Je ne suis pas disponible le 16 juin. Cordialement
(Na !)"

Grand Chef
le 12 juin
"Bon, là tu l'as vraiment fâché !"

A suivre certainement...

L'indicateur "toilettes"

Quelle surprise en allant au petit coin aujourd'hui !


Et oui ! Je suis comme ça !
Partout où je passe, je ne fais jamais les choses à moitié !!

lundi 21 juillet 2008

Un service pas comme les autres

Je vous raconte quoi ce soir ? Un peu de communication intra-entreprise ? Ou alors la fameuse pyramide du pouvoir...
Tiens, plutôt celle-là... elle me tient à coeur et elle est courte; je suis déjà en retard sur mon sommeil !

Tout d'abord, l'introduction du contexte. Imaginez-vous parachuter un beau jour dans un bureau de 6 personnes. Gens de tout âge... ça prévoit d'être grandiose ! Les débats enflammés, les pauses rallongées, les prises d'assaut du self,... et peut-être même les soirées intra-service ! Wouah !
Ah oui... mais c'était sans compter la volonté des cinq d'écouter les mouches s'étonner du chaud-froid de la clim' lorsque le volet redescend glacer les nuques ! Pour se faire une rapide idée de l'ambiance de folie, je paraphrase un collègue logé à trois bureaux de là qui, une fois, est venu se perdre dans notre service. Il ouvre la porte. "Hé ben, c'est d'un calme ! Vous êtes six dans un bureau et c'est moi qu'on continue à engueuler pour le bruit !" Ce qu'il ne savait pas, ce jour-là le niveau sonore du bureau atteignit son maximum : il faisait chaud, on a poussé la clim' !
Ah ça, faut pas être cardiaque ! Il suffit que Roger t'appelle sur le fixe et le spectacle de six chevelures effectuant un saut de 3 mètres synchronisé est saisissant ! Tous les coureurs ont franchi la bosse en même temps ! Les pneumatiques ont encaissé la descente !!

Bien installé, j'ai commencé à étaler les inutiles fournitures de bureau un peu partout pour marquer mon territoire. Sur la table tout d'abord, puis les tiroirs et le sol. Même l'armoire commune a reçu une trace de mon passage. Mais c'est con une armoire... j'ai tenté, ça parle pas ! N'empêche... pas moins que mes gaillards en tout cas !
Par hasard j'ai découvert un indicateur efficace... aussi sûr que la qualité des toilettes d'un établissement renseigne directement sur son organisation interne ! J'y pense, nos toilettes sont bouchées depuis une semaine. Imaginez le cirque que ça doit être à l'administration ! La salariée débordée, la prestataire qui se fiche de tout et tant mieux pour ta gueule si tes dossiers ont disparu, "d'ailleurs tu sais où tu peux te les mettre tes pochettes cartonnées ?", la chef de service qui verrouille toutes les affaires, un œil soupçonneux au-dessus de l'écran posté vers la cloison vitrée, si bien qu'elle absente rien ne va plus ! L'odeur du sang hante déjà ce couloir !

Je reviens à mon indicateur. C'est le nombre de fournitures en tout genre dans un bureau. Plus il est élevé, plus les ordinateurs de l'entreprise sont performant. Explication : de plus en plus de documents sont informatisés. Les stylos davantage inutiles ne constituent plus la denrée rare au moment fatidique de remplir un formulaire que présente l'assistante sous pression. Plutôt que de constituer un "actif circulant" d'un bureau à l'autre, ils s'entassent désormais là où leur forme contribue à la décoration du mobilier. Une gomme neuve pour rehausser le clavier. Un stylo plume fièrement dressé devant la photo de famille. Dans tous les tiroirs, entre les dossiers M et N on trouve des stocks de trombones, de punaises, d'agrafes. Mais plus personne n'a l'idée d'agrafer ses frais kilométriques à son écran avant d'imprimer sa note de frais !

Donc... je suis installé à mon aise depuis 3 mois quand un collègue se tourne vers moi gêné. En aparté, il me demande combien je gagne en tant que prestataire ! Si ça ne te dérange pas bien sûr !
Oulà... Attends mon garçon ! On va ressayer, d'accord ? Alors non je ne suis pas sous-traitant, et oui je fais parti de la société. Et oui, même si tu en doutes chaque matin en me voyant arriver les yeux mi-clos de sommeil, je suis ton égal dans la grande échelle sociale de l'Entreprise.
Le garçon tente alors de se rattraper à grand coup de "aaaaahhhh BON ??" Il amorce une ultime pirouette "Mais alors un CDD ça gagne bien ? Si ça ne te fais rien de répondre hein ! Parce que parfois c'est gênant"
Interloqué par la réponse d'une part, d'entendre si longtemps sa voix d'autre part, je surprends ma main à serrer très fort la souris ! Allez, respire... il ne se fiche pas de toi ! Je vois que tu as loupé un épisode Coco ! On va se les repasser cal-me-ment... En trois mois, pas un seul, PAS UN SEUL, n'a été foutu de me demander comment j'allais ! Alors transposé aux questions du deuxième ordre du genre "tu viens d'où ? tu veux faire quoi plus tard ?" je ne sais même pas s'ils savent que la forme syntaxique existe ! Après tout, c'est ptête pas poli de discuter, on sait jamais... Ptête qu'il comprend pas tout c'qu'on dit... Ou alors c'est "je m'en fous de toi et laisse-moi tranquille où je mords !?" Je préfère pas... Je stocke pas mal de fouillis dans le tiroir, mais ils n'ont pas voulu me donner de muselière aux fournitures ! "Ah bah non, je n'ai pas ça ! Tu veux que j'en commande ?"

Bon c'est la première fois qu'il prend l'initiative de la conversation. Je fais un effort pour prendre sur moi. "Je suis stagiaire (banane). On me paie au lance-pierre. Et tous les jours, dès le levé, je sais qu'après trois correspondances de space-mountain, il me reste 8 heures de philosophie sur la vie passionante des diptera !! Voilà, tu sais tout !"

Oùla... un café viiite !

dimanche 20 juillet 2008

Le sujet de stage

Ce soir je me transforme en Maitre de Stage !
J'ai une position confortable dans l'Entreprise. Ma fonction m'accorde une vision sur plusieurs projets, et d'ailleurs mes paroles ont un poids important sur les décisions prises. La vie va bon train et l'Entreprise accroit ses constructions de part le monde pour faire le plein annuel de nouveaux clients.

Je ressens comme un manque... certaines filiales vont bientôt perdre de forts potentiels qui s'approchent à grands pas d'une retraite bien méritée. Il nous faut du sang neuf.
Ma grande expérience m'a peu à peu éloigné de la naïveté. Je dois m'occuper de mes propres recrues. Pas question de laisser les Ressources Humaines gérer MES ressources humaines. La fois dernière était une catastrophe. ça... il n'était pas payé bien cher. Mais enfin, il avait compris depuis bien des années que le travail était proportionnel au salaire ! Nous n'avions guère le temps de parler, il arrivait quand je partais en réunion, il partait quand je revenais de réunion !

Cette fois-ci je préfère assurer moi-même le renfort de mes troupes. Projetons un rapide profil; il me faut quelqu'un sur qui pouvoir m'appuyer quand le fruit sera mûr et la connaissance ingurgitée. Quelqu'un de débrouillard; un peu de technique, un peu de comptabilité... de toute façon il apprendra tout sur place ! Je lui demande juste de venir la bouche ouverte et le ventre creux. Pas besoin d'un féru d'équations comme mon collègue. Je vois bien que ça ne le mène nul part ! On vit dans un monde bien réel où l'imprévu est à chaque coin de porte ! Bon alors... quelqu'un capable d'apprendre et surtout qui veut apprendre ! Docile... pas besoin d'aller réveiller les syndicats ! Social, même pour dire bonjour au crouton du 215.

Mon collègue de l'ingénierie m'a compté l'histoire de son stagiaire... Un échec au final ! D'abord un stage bien réussi, des résultats à la clé... pour pas cher ! Et puis une embauche... le parcours sans faute... pour lui et pour nous. Et puis il a posé sa démission six mois plus tard ! Quel idée de prendre un stagiaire ! Ils ne sont obligés de rien, responsables de rien et surtout cancres au possible !

A la réflexion, l'idée n'est pas si bête; s'il ne convient pas, je ne donne pas suite. Ca fait une période d'essai, et beaucoup plus facile de s'en débarrasser ! Il suffirait que je le briffe correctement pour le cadrer dans l'esprit de l'entreprise.

C'est pratique le statut de stagiaire... pas d'imprévu, ils n'ont pas de congés... pas de dépassement de dead-line, ils doivent rendre leur rapport dans les temps... Ah oui, le rapport de stage... Je dois lui trouver un sujet, une ligne directrice du temps qu'il va passer ici ! J'ai bien quelques idées mais le comité de direction ne les approuve pas. Quel est le sujet d'actualité de l'Entreprise ? Le thème qui revient tout le temps ? Le machin qui énervait le gars en blouse blanche au self avant-hier ! Ah oui, voilà... je vais lui donner le grand sujet actuel de recherche de l'Entreprise. Ca me parait une bonne idée pour le tester. S'il se montre intéressé, je l'appuie auprès des Ressources Humaines. Autant dire que je lui ouvre la porte !

Mais ce n'est pas un thésard non plus ! J'ai peur qu'il me regarde avec deux yeux ronds à la lecture du sujet ! Noyons le poisson en le combinant autour d'un travail plus bas de gamme.

Dans quelques semaines je serais fixé sur sa motivation !

Et maintenant je reprends mon rôle de stagiaire !
Mais pourquoi est-ce LUI qui me confie un sujet pareil ? Et pourquoi MOI !! Tout ce que je déterre me renvoie au centre de recherche de l'Entreprise ! Pourquoi est-ce qu'on a besoin de traiter ça dans le département production alors que rien n'est encore sorti de la bouche des chercheurs ? Et je l'entends encore me dire "ce serait bien de prouver que ça fonctionne" ! De toute façon CA NE MARCHE PAS, pas de cette façon... pas par cette approche... et surtout pas dans ce bureau !! Même les blouses blanches le disent : "C'est comme si tu mesurais un cheveux avec une banane". Et moi de demander le rapport entre le cheveux et la banane !! "Ca n'a rien à faire ensemble !"

Et il insiste l'animal. "Si tu réussis, on gagne de l'argent. Si on gagne de l'argent, je t'embauche !" A l'entendre avec son air enthousiaste j'avais même ma photo dans Science&Vie ! Il travaille peut-être pour ça le chercheur... une photo, une gloire éphémère... Mais LUI, il veut prouver aux têtes grises qu'il est plus malin qu'eux ? Ca lui apporterait quoi ? De l'avancement, un meilleur poste, un plus gros salaire ? Et à moi ? De toute manière, j'ai déjà mes projets, tout est planifié. Le stage, le rapport, la soutenance et ensuite au revoir Entreprise !

"Par contre, si tu ne trouves rien, l'embauche ne sera pas automatique." J'ai l'impression d'être un âne derrière la carotte. Sauf que l'âne il préfère l'herbe bien verte en ce moment ! La carotte ça lui laisse un arrière goût ! A retourner les compte rendus dans les quatre sens, il se demande s'il va pas finir boulanger en rase campagne l'âne ! Ah ça, il va être peinard sans se préoccuper du décryptage des hiéroglyphes analgésiques des masturbés du cerveaux ! Juste à penser à la cuisson du pain...

Le sujet est déjà passé entre deux mains. Il me l'a avoué, mais je ne suis pas dupe. Moi je penche plutôt pour six ou huit. Mon stage sent le vieux sujet sorti du tiroir gauche. Et qu'est-ce que je vais apporter de plus moi ? Je vais trouver de l'or ? Surtout quand je l'entends m'encourager à m'inspirer très profondément de certains passages des rapports précédents "sans grande importance pour la qualité de ma prestation". Je n'ai plus qu'à mettre mon nom ! Ou mieux : je vais imprimer une thèse et je vais mettre "Pareil que lui" en page de couverture !

Ce qui m'intéresserait, c'est de pouvoir parler à mon prédécesseur. Savoir ce qu'il en a pensé, comment évoluer... Bref des choses utiles. Mais le déserteur a quitté son rang pour rejoindre l'ennemi ! Et on ne communique pas avec l'ennemi ! Tu parles d'un ennemi : si je fabriquais des voitures, il serait vendeur chez Cacharel ! Mais on ne sait jamais... il pourrait utiliser des extraits de pneus pour signer ses contrats !

samedi 19 juillet 2008

L'open-space

- Oulà, j'ai loupé quelque chose pendant mon absence ? C'est quoi ce bordel dans le couloir ?
- Ils ont vidé les archives pour faire de la place.

- Très pratique... maintenant 'faut slalomer entre les armoires pour accéder à la machine à café ! C'est encore bien pensé ça !
- On appelle ça le Management du Personnel.
- On n'arrive plus à se croiser ! Quelqu'un devrait ramener un panneau "Ralentissez, chaussée étroite" !
- En parlant de chaussée, yavait un monde fou ce matin sur le périph'.
- Normal, les transports annonçaient la grève à la télé. Les gens ont pris leur "précaution motorisée".
- En attendant yen a encore deux qui ont failli s'tuer... Ah, tu les repères vite ceux qu'ont pas l'habitude de sortir la bécane ! Sans combi', roulent comme des dingues... et au premier virage tu les retrouves à lécher le bitume.
- Faut les comprendre aussi à la RATP. Ils sont sous-payés, pas considérés, et l'Etat veut leur sucrer leurs primes.
- Non attends, t'as pas compris. L'Etat essaie d'améliorer le service... tu sais, les retards quotidiens, les trains supprimés...
- Ya eu une interview l'autre jour à la télé. Ils disent que ce n'est pas de leur faute, la plupart des incidents ce sont véritablement des pannes techniques.
- Ah tiens c'est vrai, un pote m'a avoué que tout leur matos est obsolète.
- D'ailleurs ce matin, ils se sont tous dévoués à la réparation... à domicile.

- Oh lo lo, mais c'est quoi ce boucan ? Ils y vont à la perceuse pour monter les nouveaux bureaux ?

- Non, t'y es pas... ils montent pas ! Ils démontent... la cloison.
- Mais ce matin tout était fini, nickel. Il ne restait plus que les prises à installer !
- Ah bah oui. Mais yen a un là haut qui s'est réveillé et qui s'est dit "finalement la cloison, elle est pas bien là où elle est !"
- C'est malin, ils vont démonter ce qu'ils viennent de faire ! Enfin c'est qu'un mur.
- ... et un sol ! Le lino tout moche détourait la cloison. Plus de cloison, plus de sol ! Faut tout refaire !
- Pfff, encore une semaine de bruit ! Tu vois, t'aurais dû partir deux semaines !
- C'est pas pour le fric que ça coute, mais ça doit quand même les miner un brin les ouvriers de défaire leur boulot.
- Avec la cloison s'était déjà un open-space !
- ...là ils attendent les boussoles pour éviter de perdre quelqu'un !

- Ca y est ils remettent ça... bon bah Pause les gars !
- Ouaip ! N'empêche, ya des responsables, il faudrait les redescendre sur Terre des fois.
- La blague c'est que le type qui a crié Eureka, c'est pas lui l'ordonnateur des travaux. Mais comme l'autre est en arrêt maladie, il a cru mieux faire ! On appelle ça le Management de Projet...

- Tiens tu te plaisais plus à Bora-Bora ! Dis donc, je reviens de la machine à café... vous savez ce qu'ils ont fait des archives !

- Merci, ça fait une semaine qu'elles prennent l'air.
- Ya de l'évolution... vous regarderez à droite sur le parcours du combattant.
- Qu'est-qu'il y a à droite déjà ? C'est pas le local ménage ?
- Ils n'ont pas pu rentrer toutes les armoires là-dedans !
- Ah non non... pas les armoires !
- Oh la la, ça va être pratique pour retrouver quelque chose ! Ils ont fait ça proprement au moins ?
- Comment te dire... tu vois Gaston... la torche-frontale... pareil !
- On appelle ça du Knowledge Management.
- Arrête avec tes termes à la con. Ca s'appelle une connerie, com' d'hab' ! Et ils vont y mettre quoi dans cette nouvelle salle d'abord ?
- Bah... toi ! C'est comme ça. Quand on bosse pas, on est puni !
- Ah non, j'veux pas y aller moi ! T'imagines que je me retrouve avec le type d'en face.
- Celui qui a un portable greffé à l'oreille ? Là-haut ils cherchent encore comment faire des économies. Facile, faut le dépucer !!
- Ne soit pas vulgaire ! En plus il est chef de projet, c'est normal de passer des coups de fils à l'étranger.
- Ah bon, c'est pour son travail ? Parce que tu comprends le polonais toi !
- Moi ce que j'en dis, faudrait mettre tous les responsables dans cette salle.
- Tu sais bien qu'ils s'entendent pas... c'est pour ça qu'ils ont chacun leur bureau.
- Ca n'excuse pas la taille !
- On les met tous dedans et on ferme la cocotte. On attend 20 minutes le temps de trouver du pop-corn et après... place à la scène du crime !
- C'est pas bête ton idée !
- C'est pas l'heure de la bouffe ?
- Ah si regarde, ya Roger qui se pointe ! Un goinfre celui-là !
- Bon alors, on mange ?

vendredi 18 juillet 2008

Bienvenue dans l'Entreprise

"Bonjour. Monsieur Bobino n'est pas là. Il m'a laissé un message comme quoi il faut que je vous accueille. Alors voilà, je vais vous montrer votre bureau. Il faut que vous alliez voir le responsable informatique pour un portable. Il est au fond à gauche. Vous pouvez pas le loupper, il est en face de la machine à café. Et puis aussi il faut que vous passiez à l'administration pour les papiers. Je vous ferais faire un tour du bâtiment."

"Salut, t'es nouveau ? Ah là là, des nouveaux on en a 10 par mois en ce moment... que dis-je... 100 ! C'est simple, j'ai pas le temps de rien faire maintenant comme en ce moment ! Alors tu vas avoir le portable de ton prédécesseur comme le souhaite Monsieur Bobino. Je l'ai vérifié, ya juste deux trois trucs qui ne marchent pas. C'est qu'c'était un casse-cou ton ancien ! Y f'sait des bidouilles un peu partout... Ah non, j'ai rien installer, Monsieur Bobino voulait que tu le reprennes tel qu'il était. Enfin si t'as un soucis ch'ui là. D'ailleurs c'est pour ca que ch'ui là... parce que si ya pas de problèmes j'vois pas ce que je f'rait ! Alors tu signes là pour le matériel. Ah mais d'abord faut monter à l'administration parce qu'ils sont un poil pointilleux, comme je dirais, sur le protocole et normalement je n'ai pas le droit de te donner le portable avant que tu passes par eux ! A toute berzingue !"

"Bonjour ! Tu viens d'arriver ? Ah oui, te voilà. Faut dire que les dossiers, yen a partout ! Alors il te faut une carte d'accès. Je vais t'accompagner pour la photo. Tu vas avoir une visite médicale. Je vais te prendre rendez-vous. Tu as une assurance ? Et puis tu vas me remplir une fiche de renseignements. Tu as déjà vu Madame Virce, la responsable ? Ah... il faut que tu passes la voir avant tout ! On remplira ça après. C'est à côté."

"Une minute... voilà, Bonjour ! Installez-vous. Vous venez d'arrivez ? Je vais vous expliquer le protocole d'accueil. Vous avez vu Madame Egeux ? Mhhff, il faut respecter le protocole ! Alors vous devez voir tous ces points dans le mois suivant votre installation ici. Vous voyez, cette colonne est à remplir quand vous arrivez. Celle-ci quand vous partez. Cette section regroupe tous les points administratifs. Puis voilà les cases de chaque service. Vous dépendez de quel service ? Qui est votre responsable ? Bon vous n'avez pas besoin de vérifier ces lignes. Vous êtes stagiaire c'est ça ? Alors vous n'avez pas le droit à l'intéressement. On raye aussi le CE. Vous avez une assurance ? Vous verrez ça avec ma collègue d'à côté. Vous passerez aussi au service communication, c'est important... tenez le voilà sur le formulaire. Pour travailler, on met à disposition un portable. Vous passerez signer la charte informatique auprès du responsable informatique. Je ne vous laisse pas de téléphone portable. Vous verrez les démarches en cas de déplacement. N'oubliez pas, pas plus de 300 km par jour en voiture, c'est la règle. Bonne installation"

"Ah te revoilà ! Concernant les voyages, si tu dois en faire, tu rempliras cette feuille. Ca nous permettra d'avoir ton profil voyageur. Sinon on court après les numéros de passport... Non non, pas besoin d'indiquer la carte bleue, oublie la rubrique ! Dis-moi Eric... pour les stagiaires, ils ont une pochette d'accueil spécial non ? Bah tu sais... ils n'ont pas le droit à tout ! Bon Eric va te préparer la pochette ! Viens on va faire ta carte magnétique !
En passant je te fais la visite. Ici c'est le service administration. On descend... tu as vu le responsable informatique ? Et Madame Egeux ? Oh t'inquiète pas va... les noms, le premier jour, on les oublie tous ! Tu vas voir, dans ton service c'est une équipe très dynamique !
Alors là ya pas grand monde aujourd'hui, ils sont tous en déplacement ! Ils ont de la chance ! Voilà les bureaux du service projet. En face c'est le service Ingenierie. Là au-dessus c'est le Bureau d'Etude.
Suis-moi, on va passer devant la cantine... pfff oui, le self si tu préfères !
Voilà c'est ici. Je t'attends !"

"Tenez-vous droit ! Regardez un peu plus à droite... On va en refaire une ! Avec le numérique c'est pas cher ! Et voilà ! Au suivant"

"Aller, maintenant on revient ! Yavait du monde, je sais pas si tu auras ta carte pour manger ce midi...
Je te laisse là, tu vois par où revenir ? Il faut que j'aille à droite ! Dès que j'ai ta carte je te la dépose sur ton bureau !"

"Ca y est, tu as été voir Madame Virce ? Haha, le formulaire de protocole... je vais te dire, ça sert à rien, personne les respecte ! Je te fais visiter les locaux... Tu connais le responsable informatique ? Aahh bah si tu le dis pas... Alors on va te trouver un bureau. Là c'est l'informatique industrielle. Voilà c'est ce bureau là. Celui qui est assis là n'est pas là jusqu'en septembre. On verra à ce moment où on te mettra !... Ah bah estime-toi heureux. Parce qu'en ce moment ya plus de place. On remplit les salles, on entasse les gens. Je te jure... c'est pas des conditions. Allez j'y retourne, tu pourras demander à tes collègues en cas de besoin..."

"Ah je t'ai mis ta carte sur ton bureau. Il faut que tu la charges avant de pouvoir manger."

"Aahhh Madame Virce... ouai elle est un peu... Yen a un qui arrive demain, j'étais même pas prévenu. Alors les procédures !! Bon alors voilà la machine. Je te donne le câble d'alimentation, t'as même une souris avec ! Et un câble sécurité. Surtout tu attaches ton portable. Enfin c'est pas pour moi... je m'en fiche ! Mais si tu n'as plus ton portable demain c'est toi le responsable... voilà voilà ! Et évite de l'attacher à un pied de chaise comme certains ! Tu vas voir on s'amuse bien ici... et puis moi je pars dans un mois !"

jeudi 17 juillet 2008

Pas content !

Le quai est bondé. La pression de la foule s'accroit dans mon dos alors que le RER se rapproche. Le train freine encore quand j'appuie pour ouvrir la porte coulissante. Aucune réaction ! Elle ne doit pas être encore déverrouillée. Les voitures enfin arrêtées, j'essaie à nouveau. Plus énergique, plus de volonté, mais toujours pas d'ouverture. Je lève la tête, et là surprise, un bandeau rouge scotché sur le métal annonce "Attention : voiture condamnée". Que faire ? Du monde partout ! Vite il faut découvrir une brèche, un passage inespéré tantôt vers l'avant du train, ou bien dans l'autre sens ! La plebe se retrouve soudainement devant un match de Roland Garros. On balaie du regard les possibilités offertes : la fuite vers l'escalator... pas question, à gauche trois abrutis qui n'ont pas encore conscience du drame. Devant, une bonne femme qui insiste sur le bouton dans le désespoir. Héé, arrêtez de pousser à droite, les trois couillons sont pas encore au courant !!...

L'image d'une salle de surveillance vidéo me traverse l'esprit. Face aux écrans de contrôle un trio d'employés hilare se passionne à trouver le meilleur angle pour observer le cirque ! Heureusement que le cheminot les a prévenu à l'avance du dysfonctionnement. Sans quoi ils auraient loupé la scène des yeux ronds où l'animal est démuni devant l'obstacle.

Evidemment, je ne suis pas dupe : ça m'est arrivé, ça m'arrivera ! Mais accumulé avec les escalators à l'arrêt, les écrans d'information "momentanément indisponible", les retards "nous nous excusons pour la gêne occasionnée"... le début de journée est souvent dur à digérer. A cela, même un café assaisoné d'un long tour des bureaux ne suffisent plus à redonner l'envie matinale de s'enfermer face au PC, un coude sur la table, un doigt sur le clic !

Qu'est-ce qui pourrait bien passé mes nerfs ? Un gentil agent de la SNCF sur les quais pour lui balancer l'écran LCD inactif "la SNCF investit pour votre confort !" à travers la gueule, ou bien essayer d'enclencher l'escalator à la main... avec SA main, en poussant marche par marche ! Rien n'est plus frustrant pour un client que de ne pas pouvoir exprimer à un responsable son opinion sur son service ! Surtout à penser au prix du transport en commun !!

Dans un esprit d’ « amélioration continue », les idées du consommateur sont primordiales. Alors comment les porter au grand jour ! Il faut passer par un moyen instantané, sinon l'idée est faussée : à y repenser le lendemain, les évènements de la veille sont toujours anecdotiques !

J'imagine... quel apaisement de pointer du doigt tous les machins qui m’emmerdent au quotidien à l'employé lambda pour l'entendre dire "Je suis d'accord, c'est emmerdant pour vous, clients !"

J'imagine... Un tourniquet en sortie de gare me montre du doigt avec sa lumière rouge "Tu ne passes pas !!" Mais je l'ai payé le ticket, avec les zones... départ, arrivée, tout est bon ! Salaud !! Pas de panique, je prends mon agent RATP préféré qui me suit partout. Je lui exprime mes sentiments avec force et conviction : « Pfff ! Là, ça, j’aime pas !! » Continuant paisiblement mon chemin en quête d'un nouveau titre de transport, je me dirige vers les bornes automatiques. Trois bornes installées, deux en marche dégradée. On attend le diagnostique du spécialiste avant de se prononcer sur la dernière ! « Rhhahaaa, là j’aime pas du tout du tout » Et mon agent "Je suis d'accord, le parc machines est mal entretenu !"

J'imagine... Un beau matin d'été vient l'heure d'emprunter l'escalator pour se rendre devant son wagon préféré, celui qui s'ouvre directement en face de la sortie à quelques stations de là. Un bourdonnement issu du haut-parleur régurgite une nouvelle fois les propos pré-enregistrés "attention à ne pas te casser la gueule sur les voies imbécile !" Merci... je pensais justement déambuler les yeux fermés sur le bord du quai !! Sauf que ce message est suivi d'un autre : "En raison d'une grève..." « Argggghhh PUTAIN DE GREVE DE MERDE !! » Il est où mon agent RATP que je lui fasse bouffer ses rails !!

Alors l'idée c'est un autocollant à déposer "là où ça va pas" ! Dès qu'un truc énerve, on le colle illico pour attirer l'attention !

Evidemment on en prend tout un stock sur soi pour prévenir les journées difficiles.

Et PAF ! Sur la porte du RER qui marche pas ! En plus elle s'est arrêtée devant moi ! Et PAF PAF PAF ! Je t’en colle 3 tant qu’à faire !! Ahhhh ça fait du bien !

Et re-voilà l’escalator ! 3 semaines qu’il ne marche pas ! Et TIENS !!!!

A qui le tour ? Toi la poussette M'énerve pas ! J'ai la détente facile !!