vendredi 17 septembre 2010

Le grand

L'avion atterrit. Déjà les premiers passagers descendaient l'escalier qui menait au tarmac. La file contourna l'appareil dont les hélices vrombissaient encore. Une centaine de mètres éclairée par les halogènes de l'aéroport Léon Mba nous séparait de la douane, deux policiers devant une porte vitrée du bâtiment à deux étages. Arrivés devant les uniformes, les uns présentèrent leur passeport, les autres leur carte de séjour. La porte ouvrait sur la salle aux bagages. Vingt mètres de tapis dans une salle d'attente de médecin. Pas de grand !
Alors que je scrutais les visages, ceux qui attendaient en avant de la salle retrouvèrent leur ami ou bien leur client pour les mener sereinement à l'hôtel. Bientôt ne restèrent que quelques passagers observant impatients le défilé des valises. Pas de grand !

Je franchis une seconde porte et me retrouva dans le hall. Mon air perdu attira immédiatement les vautours.
"Tu vas sur Paris ? C'est là-bas Paris ! Donne ton sac, Monsieur !" M'éloignant prestement d'eux, je décidai de récupérer Adrien. Les billets viendraient plus tard. Ce fut rapide. Levant la tête vers le Calao, je l’aperçus m'observant depuis la terrasse couverte. J'arrivai à sa hauteur par l'escalier. Il s'était tranquillement installé à une table depuis deux bonnes heures.
Sans qu'il eu tout à fait saisi les méandres de la situation, je l'invitai rapidement à chercher un grand noir parmi la foule amassée devant la porte d'arrivée des vols régionaux.
"Tu as un nom ?
- Nop !
- Il est habillé comment ?
- J'en sais rien ! Avec un tutu ptête, lançai-je à la fois amusé par ces questions du "Qui Est-ce ?" et désespéré de manquer notre homme !"
Après une nouvelle inspection minutieuse de la populace environnante, le constat était cinglant : pas de grand ! Je me blottis dans un coin du hall, à proximité des Arrivées, pour saisir ce que pouvait me raconter mon téléphone. Jean-Luc décrocha. Sa voix calme discordait avec les piaillements ambiants de l'aéroport.
"Vous m'entendez, articulai-je pour me faire comprendre ? Bon, on n'a pas trouvé de grand ! Je répète... on n'a pas trouvé de grand ! Allô ?
- C'est normal ! Il n'a pas pu venir.
- Pardon ?
- C'est une femme qui vous remet les billets. Elle est petite et blanche, me dit-il sur un ton le plus détaché du monde.
- Une femme petite et blanche... répétai-je autant pour confirmer ses paroles que pour annoncer la nouvelle donne à Adrien !"
Déjà je le vis partir parmi les familles pour tenter de repérer sa cible. Pour ma part, j'avais interrompu un instant la conversation, parcourant des yeux les visages les plus proches sans pouvoir me fixer sur une proie.
"Et comment je la reconnais, lançai-je agacé par ce jeu de cache-cache obligatoire ? Elle est habillée comment ? Vous avez son nom ?
- Elle s'appelle Aurélie Mayard.
- Allô... vous avez dit Aurélie ? C'est ça ? Aurélie Mayard ?"
A ce nom, un mètre devant moi, une jeune femme se retourna de surprise. Elle était... petite et blanche.
"Allô ! Je crois qu'on s'est trouvé ! Merci beaucoup M. Jean-Luc !"
Elle tenait à la façon des écriteaux nominatifs une petite enveloppe. En s'approchant, on distinguait le logo de la compagnie ferroviaire au format timbre poste. Elle l'agita en souriant : "Je pensais que ça se verrait !" Moi, trop content de récupérer mes précieux billets, je me contentai de fixer la ridicule enveloppe. Adrien émergea de la foule et s'inséra dans la conversation :
"Je ne l'ai pas trouvée !
- C'est normal, je te présente Aurélie !"
La jeune femme me confia son présent, et s'éclipsa aussitôt vers le parking qui jouxtait de plein pied l'aéroport.

Les sacs à dos ajustés, nous longeâmes le bâtiment de l'aéroport pour nous accaparer le premier taxi disponible sur la voie Dépose Minute. Direction la Montée de Louis. Le chauffeur rejoignit la voie rapide rongée par la nuit. Puis bifurqua à gauche arpenter le quartier de l'hôtel.

1 commentaire:

  1. ^^
    il a deux bras, deux jambes, une tête avec un nez, c'est pourtant pas compliqué !!!

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