mercredi 3 mars 2010

Riding to Ntchengué

J’essuie la tige métallique d’un chiffon blanc et la replonge dans le carter. Je la déloge à nouveau pour lire le niveau d’huile. Ok ! Le liquide de frein oscille lui aussi dans la bonne fourchette. J’ai fait ajuster la pression des pneus à la station service. Alors que l’employé courrait d’une roue à l’autre pour me donner les mesures d’un air interrogatif, je cherchais désespérément les références sur la trappe d’essence, puis dans le manuel :
« Là j’ai 3 bars, Monsieur ! C’est ça qu’il faut ?
- Attendez, faut que je trouve les pressions…
- Et celle-ci j’ai presque 3 bars, Monsieur ! C’est bon ?
- Mais j’en sais rien, laissez-moi deux secondes ! »
Je les ai finalement trouvé dans l’entrebâillement de la porte conducteur. Quant à savoir si les 3 bars de l’appareil valent réellement 3 bars… De plus, l’allure écrasée de l’avant droit continue de m’inquiéter. Je crois bien qu’il fuit !

Bien, tous les contrôles sont au vert ! Je suis paré pour parcourir les onze kilomètres qui me séparent de Ntchengué (prononcer ['Tchéngué]) ! Les dires témoignent d’une route en dur, mais peu praticable en voiture de tourisme. Mais moi pas peur ! Je m’apprête à chevaucher ma 206 galopante noire !
Je m’installe à bord. Dernière check-list avant le départ. Appareil photo, Ok. Pack anti-soleil (casquette, crème, lunettes), Ok. Bouteille d’eau (des fois que la nuit m’attrape sur les longues routes texanes), Ok.


J’ai quand même une bonne excuse pour tant de précautions. La seule indication qui m’a été donnée est : « Avant Ntchengué, tourne à gauche au panneau » ! La veille, j’ai bien pris la peine d’imprimer un plan. Mais que voulez-vous voir sur une parcelle d’herbe traversée par une nationale ? Réponse : une droite jaune de biais sur fond vert ! La version satellite n’a pas donnée de meilleur résultat. Le bougre a oublié de zoomer avant de déclencher le flash !

Contact ! Clim’ ! Radio ! J’aurais au moins le privilège d’avoir les infos au frais pour passer le temps si je me « tank » ! Le GPS de mon mobile pointe le parking de la Concession. En avant !
Sorti de la ville, je passe devant l’hôpital Ntchengué. Il me reste 8 kilomètres et 15 minutes pour être au rendez-vous. A l’aise… Ben v’là que mon GPS fait des siennes ! Evidemment, ce qui n’est pas pratique avec GoogleMaps, c’est qu’à défaut de recevoir les données en temps réel par liaison radiophonique il ne faut surtout pas oublier de télécharger la carte avant le trajet… Bon ben, j’ai plus qu’à sortir mon papier Kandinsky du vide poche !

La route rougit de terre et se ride. Les nids de poule grossissent. Impossible de les éviter à vive allure, je rétrograde et sourit au cliché du vacancier : « ça va me faire baisser ma moyenne » ! A contourner en première les dépressions de gauche à droite de la route, je suis sûr de mon heure de retard. La roue gauche dans un trou remonte, tandis que l’arrière passe l’obstacle à son tour. Oh et puis tiens, on va valider la théorie du TGV !

La théorie du TGV dit qu’un train peut passer à pleine vitesse sur un tronçon auquel il manque deux mètres de rails sans rien ressentir. Seulement pour atteindre 300 km/h avec Titine, va falloir se lever tôt, et dans l’avion !
Résultat de l’expérience : la vitesse limite inférieure est 50 km/h. En classe confort, on monte à 70 km/h. Bon, c’est sûr qu’une grosse crevasse qui se pointe inopinément sous le châssis se ressent violemment. Du genre d’un réveil nocturne brutal : « Oulà qu’est-ce qui m’arrive ? » Le regard béat devant le contenu du vide poche passé entre les pieds, le balayage rapide de l’essuie-glace, sa manette remontée d’un cran sous le choc. Débrayage, frein à main. La radio diffuse le fond sonore d’une nouvelle station. Ouverture de la portière. Je mets la main sur les yeux pour ignorer le vide d’un pare-choc arraché. J’écarte craintivement l’index et le majeur. Ouf, ça va ! Le moteur est toujours sous le capot ! Un petit coup de pied dans le pneu pour m’assurer qu’il est toujours solidaire de l’aventure, et on repart.

Bientôt je remarque qu’à chaque tronçon infranchissable, une voie de sable en bordure de la route a été aménagée par le passage successif des véhicules. Avec ses petites dunes, elle fait penser à Mickey et ses montagnes russes. C’est fou tout ce qu’on peut faire faire à une Peugeot !

Peu après, me voici nez à nez avec la fin du bitume. Devant moi les prémices d’une piste sinueuse ensablée. J’ai dû dépassé mon très désiré carrefour… ou bien ! Sans grande envie d’envoyer Titine s’enliser les quatre fers, je fais demi-tour. Quelques indications de passants et je retrouve finalement mon chemin. J’arrive pile à l’heure pour ma séance d’ULM !

Photos très prochainement !

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